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Oui je vous vois venir, c’est bon. Non, Hartzine ne fait pas dans les relents nostalgiques des 90’s et figurez-vous que Massive Attack non plus, enfin tout se discute bien sûr.
Vingt ans bientôt que le duo extensible Å“uvre à nous obscurcir l’esprit avec ses ambiances cotonneuses et mélancoliques. Il y a 20 ans c’était les 90’s, et avec Blue Lines, Massive Attack et ses compagnons d’armes Adrian Thaws alias Tricky, la voix chevrotante d’Horace Candy et celles des superbes Shara Nelson ou Nicolette, façonnent ce qui sera LE son des 90’s. Décennie sans but ni espoir, la bande originale version trip hop lui colle particulièrement bien aux basques. Suivent Protection en 94 et Mezzanine quatre ans plus tard, qui installent définitivement Massive Attack au sommet du trip hop mainstream à l’opposé de Tricky qui cherchera toujours sa voix (et il la cherche toujours selon nos sources).
Les années 2000 laisseront le duo 3D et Daddy G s’écharper gaiement pour produire The 100th Window, puis histoire de se réconcilier sous le signe du dollar, un best of Collected en 2006. En clair, pronostiquer un nouvel album était osé. Et pronostiquer qu’il soit bon, là on vous prenait carrément pour une gaga. Une gaga des 90’s qui plus est.
Alors, au risque de vous mettre par terre, Heligoland se révèle être un beau morceau de viande. Certes, il nous fait faire un petit retour en arrière. Il serait vain de croire qu’un groupe aussi puissamment ancré dans une époque, puisse d’un claquement de doigt, même dix ans plus tard, faire se dissiper le brouillard de Bristol. Oui c’est cotonneux, oui c’est mélancolique, et c’est encore plus que ça.
Dès Pray For Rain, les boucles de pianos déglingués nous font ralentir le rythme cardiaque, avec la voix légèrement éraillée de Tunde Adebimpe, on s’installe tranquillement dans une petite déprime hivernale qui finit par un rayon de soleil. Suit le TPN, soit le Tube Pour Nova (pas de quoi, non franchement) Splitting The Atom, qui est juste parfait dans le genre dark soul, mais qui provoquera nombre d’overdoses dans les bureaux de créa, branchés sur Nova justement. On replonge dans le ruisseau ouaté avec Horace Andy et Girl I love You. Mouais, c’est sur ces morceaux en forme de noeuds coulants que le groupe se mange, si vous voulez mon avis. Alors, est-ce que j’ai le droit de le dire? Ben oui, c’est TROP 90’S quoi.
Heureusement arrive la gracieuse et gracile Martina Topley-Bird, égérie couronnée s’il en est une, apposant son sceau royal sur Psyche, ballade à la mélopée engourdie, fantastiquement triste. Martina reste de par son histoire (découverte à 16 ans par Tricky, elle porte avec lui la responsabilité du chef d’Å“uvre majeur qu’est Maxinquaye) et sa carrière solo pas moins talentueuse (deux albums très réussis Quixotics et surtout The Blue God) une belle valeur ajoutée au nouvel album des Bristolliens.
Flat of the Blade plombe. Enfin, Paradise Circus arrive à point nommé pour nous élever très haut dans les airs. C’est ce véritable bijou, porté par la superbe Hope Sandovalnd, chanteuse de Mazzy Star, mais dont la voix est plus connue pour ses nombreuses collaborations avec les Chemical Brothers, Death in Vegas ou Air, qui porte tout l’album. Tellement addictif qu’on écoute les autres morceaux pour souffler un peu devant ce trop plein de beauté.
Saturday Come Slow nous rappelle que Damon Albarn possède une voix fabuleuse, en dehors de tous ses multiples talents, et qu’il devrait s’en servir plus souvent. Pour le coup, c’est aussi ça le talent de Massive Attack : sublimer des compositions et des orchestrations avec des cordes vocales connues et moins connues, qui ajoutent toujours une émotion différente de leur but premier. T’es triste? Oui moi aussi, mais pas de la même manière, notre double tristesse est plus belle et plus riche. Complexe aussi.
L’album se clôt sur Babel, tour érigée sur les décombres des 90’s et des années 00, qui voient revenir un groupe mythique mais pas miteux, avec une capacité intacte à surprendre et toucher. Heligoland recèle quelque chose du recueil de nouvelles Moi tout craché de Jay Mc Inerney, un recueil réussi d’émotions contrastées à différentes époques, collectives et personnelles. Massive Attack tout craché.
Virginie Polanski.
Massive Attack – Saturday Comes Slow (feat.Damon Albarn)
Massive Attack – Heligoland (EMI, 2010)
1. Pray For Rain (featuring Tunde Adebimpe)
2. Babel (featuring Martina Topley-Bird)
3. Splitting The Atom (featuring Robert del Naja/Grant Marshall/Horace Andy)
4. Girl I Love You (featuring Horace Andy)
5. Psyche (featuring Martina Topley-Bird)
6. Flat Of The Blade (featuring Guy Garvey)
7. Paradise Circus (featuring Hope Sandoval)
8. Rush Minute (featuring Robert del Naja)
9. Saturday Come Slow (featuring Damon Albarn)
10. Atlas Air (featuring Robert del Naja)
Écrit par: Virginie Polanski
2010 ELECTRO EMI Heligoland Massive Attack UK
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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Tom sur 13/02/2010
Pauvre Horace, lui sait bien que MA c’est pas le pays de Candy ;-)
Tom sur 15/02/2010
Pauvre Horace, lui sait bien que MA c’est pas le pays de Candy ;)
2ben sur 15/02/2010
Ouais, c’est un album qui leur ressemble vraiment.
Franchement, j’ai adoré ce grand retour. Et les brumes cotonneuses me rappellent aussi mon adolescence. Ouais, je ne crois pas qu’il quittera mon Itunes avant un long moment…
admin sur 16/02/2010
erreur de frappe corrigée.