HZ RADIO hz radio
Hartzine vous propose de revenir sur une année de musique à travers les bilans subjectifs de ses rédacteurs et leurs tops.
Dans le monde merveilleux du vin, il existe parait-il des années miracles qui se répéteraient toutes les fins de décennie et il semblerait que cet axiome se vérifie également dans l’univers de la musique. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder de plus près les bilans de fin d’année proposés ici et là pour s’apercevoir que l’année 2009 n’a pas enfanté de palmarès consensuels, preuve d’une année discographique « grand cru » avec ce qu’il faut de sourires et de larmes pour créer l’équilibre parfait. 2009, année bilan d’une décennie dont il nous faudra encore dix ans pour en interroger le sens, achève les premiers temps d’un nouveau millénaire musical en trompe l’Å“il, « noughties » à la fois hantées par la crise du disque et, sur ses ruines, illuminée par l’émergence fulgurante d’une nouvelle scène indépendante protéiforme, mondialisée et insolemment inclassable.
Animal Collective et The XX, chacun à leur manière, incarnent cette nouvelle épopée musicale qui, libérée du joug du conformisme mainstream et des potentats qui le régissent, fait éclater en morceaux l’identité « musico-normée » de la pop. Aussi une lecture plus symbolique de l’histoire nous aurait ainsi prouvé que ce n’est pas Conrad Murray et sa trousse à pharmacie qui priva Bambi de son ultime tentative de rédemption mais bien Merriweather Post Pavillon et son élégiaque complexité, véritable antidote à la médiocrité ambiante. Dans cette entreprise d’édification d’un nouvel ordre musical , Les bambins étonnamment matures de The XX ne sont pas en reste. En un unique album construit dans la froideur d’un garage anglais, à l’aube d’une nouvelle décennie et sur les cendres encore chaudes de l’économie phonographique, leurs chansons décomplexées marquent un coût d’arrêt brutal dans le continuum historique de la musique et font sortir de sa torpeur toute une génération abîmée par le croissant déficit de la Pensée. Par sa lecture à rebrousse-poil de la musique de papa et sa faculté à mixer cette exégèse avec ce qui lui est en apparence le plus opposé, The XX permet, le temps de 45 petites minutes, de recouvrer ce qui avait disparu et était condamné à l’oubli : le goût salvateur de l’étonnement.
Mais ce ne sont pas forcément ces deux noms que vous retrouverez classés ci-dessous. Car on peut aussi y préférer ce que l’on veut, c’est aussi ça la magie de 2009.
Mes trois Albums de l’année :
Frà nçois And The Atlas Mountains
Plaine inondable
14/09/2009
(Talitres)
Slow Dance
23/03/2009
(K Records)
Summertime
12/10/2009
(Moshi Moshi)
Mes trois chansons de l’année :
extrait de Album
28/09/2009
(True Panther/Turnstile/PIAS)
extrait de Goodbye
16/11/2009
(Pan European Recording)
Arnaud Fleurent-Didier – France Culture
extrait de La reproduction
04/10/2010
(Columbia)
Mes espoirs 2010 :
écouter U don’t Like Rock’n’roll
un album prévu pour 2010
album à venir en mars 2010
Through The Window
On a beau dire que l’industrie du disque est en crise, la création musicale, elle, est loin d’être en panne. Un constat historique milite d’ailleurs en sa faveur : quand la situation économique se délite, le peuple, s’il réclame du pain, s’en remet aux jeux pour oublier. Les salles de concert sont pleines, certains groupes passent de l’ombre à la lumière en une poignée de seconde (Girls, The xx) quand d’autres se reforment avec appétence (Pavement, the Pixies, Chokebore). Contrastant avec une certaine atonie fin de siècle consacrant l’ère du dj roi, une émulation sans pareille s’empare de formes musicales qui se recyclent, se mélangent et se renouvellent. Phénomène récurent dans l’univers de la création mais qui se double d’un second plus nouveau : l’instantanéité. On aime, on aime pas, le choix est immédiat. Et comme dans tout déluge, difficile de voir pointer l’horizon. La profusion de groupes, de sonorités nouvelles et de relectures itératives de genres dépoussiérés obstruent déjà un discernement susceptible d’accoucher d’un véritable bilan de fin d’année. Avec la dose d’amnésie qu’inocule quotidiennement l’actualité musicale en continue, dont le symbole tient en un mot – Pitchfork – cela devient d’autant plus dur que les repères temporels sont brouillés. Janvier dernier parait si loin, et pourtant c’est à peine hier. Mais à vrai dire, pourquoi s’en plaindre ? Les classements sont-ils véritablement utiles ? Réponse de normand : oui et non. S’il est toujours profitable de jeter un coup d’Å“il furtif dans le rétro-viseur quand on trace son chemin, le temps long, lui, est un puissant révélateur. Celui de la beauté et de la justesse immuable. Les authentiques classements ne se font donc que quelques années, voir quelques décennies plus tard. Dès à présent, qui peut différencier ce qui sera conservé précieusement de ce qui sera oublié d’un revers de veste ? Pas grand monde. A défaut d’être présomptueux, il n’y a pas de prophète en la matière. Un jeu peut cependant consister à prendre de la hauteur pour imaginer ce que l’on continuera à écouter une ou deux décades plus tard. Inutile de dire que l’exercice est périlleux. Inutile de dire que c’est un peu vain. Mais qu’au moins, ça a le mérite d’être sincère, bien loin de l’agitation et d’une période de solde déjà entamée. Car les classements ça sert aussi à écouler les stocks.
Mes trois Albums de l’année :
Logos
20/10/2009
(4AD)
B
28/10/2009
(Record Makers)
Album
28/09/2009
(True Panther/Turnstile/PIAS)
Mes trois chansons de l’année :
extrait de II
21/07/2009
(Italians Do It Better)
extrait de Beak
17/11/2009
(Ipecac)
extrait de Slow Dance
23/03/2009
(K Records)
écouter Breaking The Ice
Mes espoirs 2010 :
Album à venir début 2010
Dry Marks of Memory
(PIAS)
écouter Death Race (discodeine remix)
Album à venir en 2010
(Italians Do It Better)
écouter One Night At The Raw Deal
Mon meilleur concert :
Skeleton$ (Midi festival, 26 juillet 2009, Villa Noailles de Hyères)
Bbbbrrr l’hiver est arrivé, je frissonne, voilà l’année 2009 qui se termine déjà ! À l’heure du bilan, je dois tout avouer, oui c’est vrai : j’ai des tendances mono-maniaques. Je peux écouter un album, voir un titre jusqu’à la lie, jusqu’à (presque) m’en dégoûter…Ce qui a pour conséquence néfaste, j’en ai bien peur, un manque de disponibilité assez dramatique dans mes écouteurs, pour peu que j’écoute une quantité non-négligeable de vieilleries toutes plus respectables les unes que les autres, cela va sans dire, mmm et bien voilà , je n’ai pas écouté tout ce qu’il y avait à écouter! Que la foudre s’abatte sur moi! Oh Dieu de la critique musicale, pardonne-moi! Oui, je réciterai mon je vous salut rock n’roll trente deux fois avant de me coucher, c’est promis.
Mes trois albums de l’année :
Fever Ray
29/03/2009
(Mute)
Fever Ray, bande originale hallucinée d’un conte fantastique, l’ex-Knife Karin Dreijer Andersson nous plonge dans une transe lynchienne qui donne la chair de poule.
No Head
23/02/2009
(Kill The DJ)
Remarquable énergie brute d’un bout à l’autre, on les attends au tournant.
Black List
25/05/2009
(Because)
Bonheur adolescent et jubilatoire, à mille lieues de toute la production musicale de cette année. Le groupe électro le plus Punk du monde.
Mes trois chansons de l’année :
Extrait de XX
15/09/2009
XL Recordings
Idéale ballade post-pubère et planante pour un film plein d’ados taciturnes de Greg Araki, je ne peux qu’adhérer!
extrait de See Mystery Lights
28/07/2009
(DFA)
Le titre sur lequel j’ai fait le plus de playback dans les transports publics, et j’assume.
extrait de Bruises
11/09/2009
(Columbia)
Parce que je suis une midinette c’est évident. Et encore, j’avoue le plus avouable.
Ma découverte de l’année :
Heavy Ghost
10/03/2009
(Asthmatic Kitty)
L’univers de ce parfait inconnu est d’une beauté et d’une poésie à faire pleurer. Inclassable, à écouter tout seul dans le noir.
Mon espoir 2010 :
Album à venir début 2010
Weathervanes
(frenchkiss)
écouter Ghosting
Un énorme potentiel pour devenir ma nouvelle mono-obsession musicale. Des ricains du Queens, le nouveau Brooklyn qu’on se le dise, mais ils auraient tout aussi bien pu venir de Montréal, si vous voyez ce que je veux dire.
Mon meilleur concert de l’année :
KAP BAMBINO KAP BAMBINO et KAP BAMBINO.
En musique comme en économie, les bulles se sont dégonflées les unes après les autres (electro fluo, baby rock…); laissant la place à d’autres solutions moussantes (pop lo-fi, revival shoegaze…). Les salles de concert n’ont jamais autant rempli leur rôle de sanctuaire… Paradoxalement je me suis plutôt retrouvé dans des sons du passé qu’on qualifiera parfois de cheap mais qui transpire l’authenticité. De la vague froide flexipop à ma découverte du krautrock déviant des 70’s, autant de références qui permettent d’apprécier à leur juste (faible) valeur la majeur partie des sorties de l’année 2009.
Mes 3 albums de l’année :
Aluk Todolo
Finsternis
05/06/2009
(Utech Records)
No Surrender
21/05/2009
(GSR)
A Pox On The Pioneers
28/09/2009
(Rotters Golf Club)
écouter All The Little Things
Mes 3 chansons de l’année :
It’s A Fine Line – Never Go With a Hippie to a second Location (allez allez remix)
écouter Never Go With a Hippie to a second Location (allez allez remix)
Gesaffelstein – Midnight Anxiety
Circle of Ouroborus
Island
16/03/2009
(Infinite Wisdom)
Je ne vais pas vous mentir : en 2009, je n’ai pas écouté beaucoup d’albums sortis en 2009. J’aime les vieux groupes, ou les groupes nouveaux qui sonnent comme des vieux. Peut-être que c’est un peu facile de se complaire dans les valeurs sûres, mais je ne me sens pas très à l’aise avec le fait d’écouter les cinquante derniers albums hype qui sortent chaque semaine. J’ai besoin de prendre mon temps, d’écouter en boucle pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pour apprécier vraiment. D’aller voir les groupes en concert. Mais, en 2009, quand on est fan des Doors ou de John Lee Hooker, ce n’est pas évident.Et pourtant, grâce à Hartzine, je me suis dit qu’il était temps, et je me suis un peu forcée. J’ai même écouté des albums qui n’étaient pas encore sortis. Et j’ai découvert qu’en 2009, on pouvait sonner comme il y a quarante ans. Ou pas du tout. Mais je ne me suis pas sentie aussi perdue que ce que je prévoyais. Quoiqu’il en soit, mon bilan 2009 sera probablement beaucoup moins pointu que ce que vous auriez pu espérer, et vous n’y découvrirez peut-être pas grand chose. Mais j’y parle de groupes qui me tiennent vraiment à coeur. Rendez-vous en 2010 ?
Mes trois albums de l’année :
Music For A While
23/06/2009
(EMI)
Ca faisait déjà quelques années que j’avais entendu parler de ce groupe, depuis une démo atterrie au hasard dans mon salon en 2007. Deux ans après, je suis satisfaite de voir leur travail et leur talent récompensés.
Heart On
28/10/2009
(Cooperative Music)
Le groupe de Jesse Hughes et Josh Homme livre un troisième opus qui sent, comme les deux premiers, le sexe, la sueur et le blues. Un remède efficace contre les néo-nunuches à la voix faussement innocente qu’on nous sort tous les trois mois.
Horehound
13/07/2009
(Sony)
écouté Treat Me Like Your Mother
Le dernier groupe de Jack White offre un premier album lourd et poussiéreux, dans lequel Alison Mosshart trouve un adversaire à sa mesure.
Mes trois chansons de l’année :
The Dead Weather – Treat Me Like YourMother
extrait de Horehound
13/07/2009
(Sony)
écouté Treat Me Like Your Mother
La scène de ménage la plus classe de l’histoire du rock.
Marc Ribot’s Ceramic Dog – Break On Through
extrait de Party Intellectual
24/06/2008
(Pi Recordings)
Reprendre un titre des Doors était un pari osé ; le nouveau groupe de Marc Ribot s’en tire à merveille.
Tu Seras Terriblement Gentille – Lester Bangs
extrait de Tu Seras Terriblement Gentille
30/06/2009
Born Bad Records
Trois filles énervées rendent hommage au rock critic sans prendre de gants. Il aurait apprécié.
Ma découverte de l’année :
The Dead Weather
Je ne voudrais pas avoir l’air de sortir le même groupe à toutes les sauces, mais quoi de plus excitant que de découvrir que le génie de Détroit et la tigresse des Kills ont formé un groupe ensemble ?
Mon espoir 2010Â :
Je n’ai qu’un seul espoir : que les White Stripes sortent enfin leur nouvel album et repartent en tournée.
Mon concert de l’année :
The Dead Weather, Wiltern Theater, Los Angeles, 28 août 2009
Après le concert parisien un peu court précédant la sortie de leur album, les Dead Weather allongent leur show et se déchaînent encore plus. Alison, plus habitée que jamais, reste l’artiste la plus envoûtante que j’aie jamais vue sur scène.
Pour une fois, quantité aura rimé avec qualité, et de ce marasme symphonique qu’aura été 2009 l’indépendance aura primé sur le reste. Que les jeunes artistes se rassurent c’est par eux que passera le flambeau.
Mes trois albums de l’année :
Fever Ray
29/03/2009
(Mute)
écouter When I Grow Up
Plus de 10 mois coincé dans mon Ipod, et je l’écoute toujours, un exploit!
Bitte Orca
9/06/2009
(Domino)
écouter Stillness Is The Move
Dave Longstreth est à la fois Jésus et Syd Barrett, un Ovni!
Merriweather Post Pavillon
06/01/2009
(Domino)
Animal dans mon top 3, facile? Bah non, longtemps hésité avec Atlas Sound et Bibio!
Mes 3 chansons de l’année:
extrait de Add This Son
26/06/2009
(Kompakt)
Merriweather Post Pavillon
06/01/2009
(Domino)
écouter Bleeding
Leur morceau le plus étrange et cotonneux depuis des lustres…
extrait de Logos
20/10/2009
(4AD)
écouter Kid Klimax
Magique, tragique, douloureux, organique… l’âme même de Bradford Cox!
Ma découverte de l’année :
Destination Tokyo
20/06/2009
(Smalltown Supersound)
3 japonaises au look de lolitas qui renvoient tous nos papis du noise à l’âge de pierre… Une méga claque!
Mon Espoir 2010:
Pour le come-back je mise gros sur le retour de Massive Attack. Pas une déception en presque 20 ans d’activité, y a pas de raison que ça change non d’une pipe.
Et également la consécration du label parisien Pan European qui après Turzi, Koudlam, Kill for total peace a su réveiller nos esgourdes…
Meilleur concert de l’année :
Dirty Projectors, La Maroquinerie
Le jour où je suis tombé amoureux de Angel Deradoorian et que je me suis pris en pleine face une démonstration brute d’orchestration de folie maitrisée.
Écrit par: hartzine
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
Hartzine the indie music webzine since 2007
Commentaires d’articles (0)