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Mushy l’interview

today06/07/2011 114 1

Arrière-plan
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Mushy, c’est Valentina, artiste pluridisciplinaire signée sur Mannequin Records, pour qui elle a travaillé en tant que designer avant de consacrer le plus clair de son temps à la musique. Souvent comparée à Zola Jesus, cette jeune Italienne passionnée, entre autres, de sons industriels, Å“uvre davantage sur le tableau des atmosphères dark wave plus abstraites et subtiles. Son album Faded Heart, est une pièce mature à exploiter sans retenue tant il est une source d’émotions intarissable. Graphiste et future architecte, Valentina accorde une importance capitale à l’image. Les diverses séquences que vous trouverez en bas de l’article transposent à merveille les ambiances sonores morbides qui hantent nos rêves et fantasmes les plus délicieusement malsains.

Qui es-tu Valentina ?

Je m’appelle Valentina, j’ai 26 ans et je vis à Rome. Je termine mes études universitaires d’architecte et j’ai commencé mon projet musical en 2003. Je suis plutôt active dans le domaine artistique. Tout art ou toute créativité me passionne et j’ai toujours tenté de m’exprimer par l’art de différentes manières, même si je n’ai pas de connaissances théoriques ou techniques à cet égard. Ce qui m’importe le plus, c’est de pouvoir m’exprimer par des moyens qui sont à ma disposition sans m’imposer de limites, en pensant uniquement à ma satisfaction personnelle et pas au succès.

Comment définirais-tu ton projet Mushy ?

J’ai essayé de définir le rôle de Mushy dans ma vie privée ou personnelle. Ce n’est pas mon alter ego mais c’est l’expression, sans masque, de mon être profond et j’arrive heureusement de cette manière à le vivre de manière positive.

Tu te sens plus musicienne, architecte ou designer ?

Je me sens davantage comme une artiste car il regroupe les trois sans les mettre en compétition. Je n’ai grandi sous aucun de ces profils mais je me les suis appropriés tour à tour quand j’en ai eu l’occasion et l’inspiration. Je dis ça juste pour que l’on comprenne que j’essaie d’avoir toujours un rapport très simple avec les choses, en essayant de ne jamais rien étaler.

Envisages-tu la musique comme une architecte sonore ?

Quand je compose, je ne suis aucun schéma précis. Je pars d’une idée ou d’une mélodie que j’essaie de développer. Je commence à jouer du synthé ou de la guitare et quand j’ai une idée qui me ressemble, je commence à l’enregistrer. Premièrement, je commence à chercher une partie rythmique qui épouse la mélodie, je l’enregistre puis je continue avec la basse, la base harmonique puis la voix. Quand tout commence à prendre forme, arrivée à ce stade, j’essaie de redonner une structure au morceau et on peut dire qu’à ce moment l’architecte commence à projeter…

Comment la musique est-elle entrée dans ta vie ?

J’ai commencé en 2003. À ce moment, j’écoutais beaucoup de musique industrielle et expérimentale en plus de la new wave. J’ai commencé comme un jeu. Un été, alors que j’étais en train d’étudier, un fil de cuivre a capté toute mon attention. Je me rappelle l’avoir fait vibrer comme s’il s’agissait d’une corde de guitare ou de basse, et le son ainsi produit était tout simplement parfait. J’ai pris une caméra numérique et j’ai enregistré une vidéo, juste pour le son. J’ai essayé de composer une mélodie et d’extraire de cet objet quelque chose d’autre que sa fonction habituelle. C’est ainsi qu’est né mon premier morceau et mon désir de recherche, d’expérience, de répéter et de jouer. J’ai uploadé quelques morceaux sur un programme de partage de fichiers et après quelques mois, le label indépendant industriel italien Cold Current m’a contactée et m’a proposé de presser mes morceaux en quelques exemplaires. De là tout a démarré.

D’où vient le titre de ton album, Faded Heart ?

Faded Heart est tiré du morceau éponyme de l’album. Le texte évoque un amour profond, qui est en train de s’évanouir. Je l’ai pris comme nom d’album parce que ce sentiment a été celui qui régnait à la conclusion de l’album. C’est l’instant qui arrive et qui s’évanouit.

Que penses-tu du fait d’être musicienne en Italie de nos jours? Est-ce un endroit valable pour y développer son art ?

Cela pourrait l’être mais malheureusement, ce n’est pas le cas… J’ai reçu plus d’intérêt du reste de l’Europe et des États-Unis que de l’Italie. Mais je ne me plains pas parce que les marques positives que j’ai reçues dans mon pays ont été importantes pour le genre musical underground dans lequel j’évolue par rapport à plein d’artistes italiens. J’aimerais de manière générale davantage de solidarité et de considération pour les artistes qui font de la musique valable dans tous les domaines.

Aimes-tu la scène ?

Je suis souffrance et libération à la fois. J’ai des sentiments très contrastés. Avant chaque live, je ressens une forte pression que je libère quand je commence à chanter, et là commence le processus de rédemption… Je vis le live comme une expérience cathartique. J’essaie toujours de créer une atmosphère et une ambiance autour de moi. C’est comme un transfert psychanalytique musical de moi vers le public, amplifié par une projection d’images suggestives. J’ai décidé, jusqu’à ce que j’en aie la possibilité, de jouer en concert seule sans l’aide de personne. Je me rends compte que musicalement, je ne peux offrir la même qualité sonore qu’un groupe pourrait le faire, mais c’est sans importance.

Tu te sens proche d’un artiste en particulier ?

Oh, oui ! J’admire plusieurs artistes dont j’apprécie l’expression corporelle ainsi que des chanteurs comme Nico, Nina Simone, Michael Gira, Diamanda Galas ou Hope Sandoval. Musicalement, j’aime vraiment les sons sombres, mélancoliques, hypnotiques et psychédéliques et c’est ce que j’ai tenté d’exprimer musicalement dans mes morceaux. Mon parcours musical est un mélange de kraut, dark wave, post-rock et shoegaze.

La comparaison avec Zola Jesus te flatte ou t’ennuie ?

La comparaison ou le rapprochement avec Zola Jesus ne m’ennuie absolument pas, nous sommes toutes les deux artistes solo et le rapport expressif et intime que nous entretenons avec la musique est notre point commun. Je ne connais pas en détail son travail musical et je ne pense pas qu’elle connaît le mien, mais notre point commun est l’expression émotionnelle. Les commentaires que j’ai reçus pour mon album Faded Heart me définissent souvent comme une version italienne de son travail mais la comparaison, ensuite, s’est peut-être un peu éloignée de la raison initiale.

De quoi parle ta chanson Losing Days ?

Losing Days a été l’un des derniers textes que j’ai écrits pour l’album. Je parle de ceux tourmentés par leur douleur intérieure, vécue comme une condamnation à mort et, ce faisant, qui ne font rien d’autre excepté détruire leur propre vie. Je transfère la même condition à ma propre personne et je prends conscience que de tels sentiments sont négatifs et j’ai l’impression d’avoir perdu mes jours. C’est aussi sur la difficulté d’être conscient…

As-tu des projets parallèles ?

Depuis environ un an, en plus de Mushy, je joue dans un groupe new wave post-punk, Winter Severity Index. C’est ma première expérience dans un groupe et ça m’excite à la fois musicalement et intellectuellement. Nous sommes un quatuor de filles, nous avons déjà enregistré une démo de 5 chansons et nous avons l’intention de produire un album complet. Pour l’instant, nous essayons de nous faire connaître à travers des concerts tant en Italie qu’à l’étranger, nous avons reçu beaucoup de feedback positif, en particulier venant de la France, de l’Espagne, de l’Allemagne et du Portugal.

Comment vois-tu ton futur ?

Dans l’avenir, j’espère m’impliquer avec le même état d’esprit et la même passion musicalement et artistiquement. Je considère que c’est ma voie et ma source vitale.

Vidéos

Écrit par: Calogero

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Commentaires d’articles (1)

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  1. Nicolas Dupont sur 07/07/2011

    Les tourments intérieurs, le temps perdu, la condition recluse et ses spasmes émotionnels – au-delà du constat troublant qu’il n’y a rien de plus communément partagé que l’inanité et la faillite des sentiments, voire leur absence totale, des expressions profondes et sincères comme celles de Mushy sont hélas choses rares de nos jours, où une certaine sensibilité a été tronquée au bénéfice de l’apparat. Ici, la beauté s’explore dans la cautérisation de la douleur, sans préavis d’abandon ni précaution confortable. Et pourtant ces dimensions froides portent aussi en elles de la chaleur, celle de la maitrise de souvenirs immanents. Merci pour cette interview, invitation à en découvrir plus – que je relaye.

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