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Si le citoyen lambda pleure la perte du triple A, plus par bêtise que réelle insatisfaction, une grosse moyenne n’étant pas capable d’en quantifier la mesure économiquement parlant, ni d’en définir tout simplement le terme, l’internaute, lui, voit ses libertés se brider une fois de plus avec l’imposition des textes de loi SOPA et PIPA. Ces lois, adoptées quelques mois plus tôt, ne nous auraient pas permis de découvrir le talentueux Schoolboy Q, dont le premier album, Setback, distribué gratuitement et intégralement par son label Top Dawg Entertainment, lui a permis de se classer rapidement 100ème au Billboard US. Ce membre éminent du collectif Black Hippys’unifiant autour des rappeurs Jay Rock, Ab-Soul et Kendrick Lamar, s’apprête à balancer un pavé digital unifiant hip-hop gangsta et génération swag.
Si on s’enorgueillit d’un véritable raz-de-marée numérique rongeant de l’intérieur l’industrie du hip-hop depuis les premières mixtapes du gang Odd Future ou encore du New-Yorkais A$AP Rocky, des artistes comme The Alchemist, Lil’ Wayne, Madlib, Oh No ou encore Curren$y auront contribué depuis belle lurette à donner un nouveau visage à l’un des genres les plus populaires de la musique black. Impossible d’ailleurs de ne pas évoquer ce dernier quand on pense à Quincy M. Hanley, ex-footballer de haut niveau, dont le flow éraillé et nonchalant pèse lourd sur la production de ce Habits & Contradictions. Un album portant parfaitement son nom, son auteur jouant tour à tour les gangsta rappeurs (question de street credibility)  avant d’y exposer ses vices, ses blessures et ses addictions (la pute c’est moi ?). Schoolboy Q impose des textes d’un minimalisme flagrant, dont la répétition modale s’enfonce comme un clou à travers le crâne : « Meanwhile my nigga drunk as fuck / A nigga fucked up, we all fucked up / You done fucked up, I brought more blunts / Smoke back to up, you niggas know what’s up ». Schoolboy Q frappe un coup sec avec des tracks comme There He Go, ego trip survolté, ou le très hardcore Raymond 1969. Il retrouve également A$AP Rocky sur le virulent  Hands On The Wheel, morceau percutant et narcotique sur lequel les deux MC ébranlent une certaine facette de dur à cuire du hip-hop ricain en exposant sans tabou leur mode de vie dissolue : « Weed and brews, weed and brews / Life for me is just weed and brews », « With a little bit of crack, little bit of dope, little bit of smoke, little coke, little weed, when they on them pills / Little bit of E, little bit of shrooms, little bit of doobs, when they do Hand On The Wheels / And I keep the illest, trillest b!tches while I’m swaggin’ it / Crush it bit, little bit, it’s my pursuit of happiness ».
Habitudes et contradictions ? Le fond, comme sur Druggy Wit Hoes Again, mais aussi la forme. Issu des quartiers paumés de Los Angeles (son leitmotiv : « I’m not from Crompton! »), avec comme modèle le South Central Cartel, ce jeune rappeur de 25 piges à peine chronique la rue à la manière d’un badass comme le firent ses aînés, sans oublier d’y injecter pour autant une bonne dose de sophistication arty qui fera grincer des dents les puristes. Loin des beats aseptisés, les instrus de Habits & Contradictions rapprochent les provocations hybrides d’un  ou d’un Squadda B, donnant une dimension parfois grimey à cet opus pourtant authentique et ghetto. L’illustration parfaite et immersive du quotidien sordide d’un bad boy en quête de rédemption dont la vision semble brouillée par l’abus de substances illicites.
Même si nous ne sommes qu’en janvier, nous tenons déjà là l’un des albums les plus prometteurs de l’année à venir. Et pour ceux qui auraient fait la sourde oreille ces deux dernières années, Habits & Contradictions ne fait que confirmer que la révolution de la musique indie passera par le hip-hop où ne passera pas. Après tout, malgré son jeune age, le rap est la seule musique ayant su se renouveler constamment depuis sa création afin de nous surprendre un peu plus chaque année. Alors reprenez votre triple A, bafouez la liberté des internautes… Moi, tant que des mercenaires de l’industrie du disque comme Schoolboy Q continueront d’alimenter mon iPod, le reste me paraîtra bien superficiel.
Schoolboy Q – Habits & Contradictions (Top Dawg Entertainment, 2012)
01. Sacrilgeious (Prod. Tabu)
02. There He Go (Prod. Sounwave)
03. Hands On The Wheel feat. ASAP Rock (Prod. Best Kept Secret)
04. secks Drive feat. Jhene Aiko (Prod. THC)
05. Oxy Music (Prod. THC)
06. My Hatin’ Joint (Prod. Mike Will Made It)
07. Tookie Knows (Prod. Dave Free & Tae Beast)
08. Raymond 1969 (Prod. Sounwave & Dave Free)
09. secksting (Prod. DJ Dahi)
10. Grooveline, Pt 1. feat. Dom Kennedy and Curren$y (Prod. Lex Luger)
11. Gangsta In Designer (No Concept) (Prod. Willie B)
12. How We Feeling (Prod. Dave Free)
13. Druggs With Hoes Again feat. Ab-Soul (Prod. Nez & Rio)
14. Nightmare On Fig St. (Prod. A$AP Ty)
15. My Homie (Prod. Alchemist)
16. Blessed feat. Kendrick Lamar (Prod. Dave Free)
17. NiggaHs.already.know.davers.flow (Prod Nez & Rio)
Bonus: 2 Raw featuring Jay Rock (Prod. Tae Beast)
Écrit par: Akitrash
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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