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Quand je pense à Leila, il me vient tout de suite sa petite dégaine de rien du tout sur la mob’ qu’elle chevauche en couv’ de son premier album, Merry Weather, que j’ai dû écouter à peu près 16 000 fois à l’époque de sa sortie en 98. On était en plein trip-hop, la dépression venait du nord et Leila ajoutait une touche un peu acide, plombant ses basses avec la voix envoûtante de Luca Santucci. Ses mélodies dissonantes et empreintes d’étrangeté restent définitivement gravées dans l’ADN de la musique indé de la fin du 20ème siècle. L’Iranienne d’Islande continuera tranquillement à distiller ses humeurs changeantes sur Courtesy of Choice en 2000, puis après quelques années de collaboration diverses (notamment avec sa mentorette Björk), elle revient en 2008 avec Blood, Looms and Blooms.
Leila a, depuis une quinzaine d’années, peaufiné un son bien à elle, difficile à étiqueter, hors norme s’il en est. Les machines en constituent l’essentiel, programmant boucles alambiquées et rythme alternant entre le très lent et l’ultra speed, limite dubstep. Le single Disapointed Cloud, Anyway sorti en décembre, ne déroge pas aux lois de l’attraction érigées par Leila. Vient s’ajouter une nouvelle voix, celle de Mount Sims, assez proche de Luca Santucci et de Terry Hall (ils chevrotent tous les trois à leur manière), qui donne cette tonalité si particulière, cette ambiance sombre et tordue. Autant dire que j’étais impatience, excitation et tout sourire pour découvrir ce nouvel album… Et bam. Sur treize titres que compte U&I, ce qui est vraiment écoutable (presque au sens physique du terme, sans se sentir agressé par le son) se compte sur les doigts d’une main. Leila expérimente depuis ses débuts, les sons sont trafiqués, elles tape sur des objets non identifiés mais jusqu’à présent les dissonances restaient harmonieuses. Elle peut même s’enorgueillir de donner dans un son black, presque soul, sur certains titres de ses précédents albums. Or sur cet opus, on sent que la maturité la pousse à assumer des envies plus radicales, jusqu’au-boutistes. Jusqu’à rendre une partie de son travail inaccessible pour cause de migraine inévitable. Après, peut-être que ces titres (Interlace, Colony Collapse Disorder, Activate I) parleront à des fanas de hardcore, mais je pense sans trop prendre de risque qu’une grande partie de ses fans de longue date, dont je fais partie, se détourneront de ce disque où peu d’espoir se profile (la crise ?). Heureusement Boudica, U&I et Anyway nous sortent du marasme de cette free-party ratée ou l’acidité des sons donnerait des acouphènes aux oreilles les plus saines. Dommage.
Leila – (Disappointed Cloud) Anyway (Featuring Mt. Sims)
Leila – U&I (Warp , 2012)
1. Of One
2. Activate I
3. All Of This (Featuring Mt. Sims)
4. Welcome To Your Life (Featuring Mt. Sims)
5. In Consideration (Featuring Mt. Sims)
6. Eight
7. (Disappointed Cloud) Anyway (Featuring Mt. Sims)
8. Interlace
9. Colony Collapse Disorder (Featuring Mt. Sims)
10. Boudica
11. In Motion Slow
12. U&I (Featuring Mt. Sims)
13. Forasmuch
Écrit par: hartzine
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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