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Après la sortie de l’enchanteur Night Falls Over Kortedala, il nous avait tout de même fallu attendre quatre longues années avant d’avoir des nouvelles discographiques de Jens Lekman : le Suédois avait disparu des radars, revenant aux affaires seulement l’année dernière avec un nouvel EP sous le bras, An Argument With Myself, qui à défaut d’être aussi satisfaisant qu’un album, nous avait débarrassés pour un temps des symptômes de manque (lire la chronique ici). Écriture toujours aussi limpide, refrains accrocheurs, instrumentations luxuriantes et ambiance tropicale, toutes les conditions étaient réunies pour que les retrouvailles soient chaleureuses. Mais une question demeurait tout de même : pourquoi donc Lekman avait-il décidé d’écarter des chansons de cette trempe d’un nouvel album à venir ? S’orientait-on vers un LP minimaliste et mélancolique, excluant les extravagances habituelles du bonhomme ?
À l’écoute d’I Know What Love Isn’t, on est assez vite rassuré quant à nos interrogations : le Suédois est toujours fidèle à lui-même, nous embarquant avec une facilité déconcertante dans sa poésie du quotidien, à haute teneur autobiographique. Encore une fois, Lekman n’a pas son pareil pour nous raconter, avec moult détails et un humour cinglant, les rocambolesques aventures d’un incurable romantique lâché dans un monde sans doute un peu trop absurde pour lui, mais sur lequel il pose toujours un regard acéré. Au niveau des instrumentations, les choses changent, ou du moins, évoluent : la retenue est de mise, le Suédois se détournant d’une certaine abondance pour donner de l’air et de l’espace à ses nouveaux titres, substantiellement épurés, mais pas nus pour autant : les cordes, trompettes et autres cÅ“urs familiers sont bien là , mais se font plus discrets, plus subtils. Assez en tous les cas pour mettre encore plus en relief les aspérités de ces chansons tantôt fragiles, tantôt frondeuses, constamment magnifiées par le chant unique de notre crooner du grand nord. De la Chris Reanienne Erika America aux espiègles tintinnabulements d’I Know What Love Isn’t, en passant par la jolie ballade I Want A Pair Of Cowboy Boots, tout respire ici la maîtrise et le talent. Somme toute une nouvelle pierre impeccablement polie ajoutée à l’édifice discographique sans faille d’un Jens Lekman toujours au sommet de son art… et de sa forme, comme on aura pu le constater lors de son concert à la Gaîté Lyrique le 23 septembre dernier.
Ce soir-là en effet, c’est un Lekman rayonnant et disert que nous auront retrouvé sur scène, visiblement ravi de partager ses nouveaux titres avec l’assistance. Un concert « chouette », dans le sens le plus noble du terme : le genre de soirée qui vous colle un sourire inamovible sur le visage, le genre de soirée qui vous sauve un dimanche. Alternant ses nouveaux titres avec ceux du précédent EP, tout en saupoudrant le tout, pour notre plus grand bonheur, de quelques perles plus anciennes, le Suédois nous aura concocté une setlist irréprochable. Prenant le soin d’introduire en mots chacune de ses chansons, tantôt tendre, tantôt survolté, l’ami Jens nous aura trimballés là où il voulait, d’une plage des tropiques à un feu de cheminée d’un salon nordique, sans qu’on ne ressente une seule seconde le poids des kilomètres parcourus. Tant sur scène qu’en studio, Jens Lekman épate, émeut, amuse, en toute décontraction, et reste définitivement quelques coudées au dessus de la concurrence, presque malgré lui.
Jens Lekman – I Know What Love Isn’t (Secretly Canadian/Differ-Ant, 2012)
1. Every Little Hair Knows Your Name
2. Erika America
3. Become Someone Else’s
4. Some Dandruff On Your Shoulder
5. She Just Don’t Want To Be With You Anymore
6. I Want A Pair Of Cowboy Boots
7. The World Moves On
8. The End Of The World Is Bigger Than Love
9. I Know What Love Isn’t
10. Every Little Hair Knows Your Name
Écrit par: S.L.H.
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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