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Si Aaron Coyes et Indra Dunis de Peaking Lights doivent beaucoup à leur ami Shawn Reed et son label Night People – celui-ci ayant sorti en 2008 l’un de leurs premiers CD-R, Clearvoiant, en plus du LP Imaginary Falcons (2009) et de l’EP Space Primitive (2010) – c’est pourtant sur Not Not Fun, avec ledit 936, que le couple signe son coup de maître en forme de décalcomanie auditive d’une Californie auparavant désertée. Réfugié depuis quatre ans dans le Wisconsin et coupant court à leurs projets respectifs – Numbers pour elle et Rah Dunes pour lui – c’est à l’épreuve d’hivers rigoureux et de moyens faits de bric et de broc que le duo accouche des premières et lumineuses esquisses de 936, où l’on perçoit déjà cette volonté de concilier bruits blancs et rythmiques cotonneuses, pour aboutir enfin à cette ode adressée à leurs terres natales baignée de soleil. Aucun disque ne suggère avec autant de candeur et de détachement les formes ondoyantes, nées de cette altération visuelle provoquée par la chaleur, se complaisant ici dans une distorsion sensuelle entre instrumentation psyché et rythmiques dub. L’une invitant au voyage, l’autre arrimant au sol. Une fois dissipées les volutes sonores de l’introductif Synthy, All The Sun That Shines pose la géométrie fluctuante de cette escapade onirique, entre voix célestes et basses ensorcelantes, que la trilogie Amazing And Wonderful, Birds Of Paradise Dub Version et Key Sparrow n’a de cesse de décliner jusqu’au sommet Tiger Eyes (Laid Back), puissante pharmacopée aussi mélodique qu’addictive. Et si chaque drogue dispense ses fastes au prix d’une inévitable redescente aux relents nauséeux, Marshmellow Yellow et Summertime évitent l’écueil, distillant d’introspectives balades où le chant d’Indra joue au chat et à la souris avec un clavier en apesanteur. Le duo a depuis sorti l’excellent Lucifer (lire) via Weird World, filiale de Domino.
It’s You – premier LP du trio australien Holy Balm – est disponible depuis le 3 août dernier via Not Not Fun et RIP Society. Holy Balm se révèle être un puissant addictif gorgé d’essences estivales – boîtes à rythmes érodées, boucles hypnotiques et synthétiseurs cramés – mais régurgitant celles-ci sous le soleil noir d’une dark-wave transcendée de beats disco. À la fois proche – tout en étant plus incisive – de Tropic Of Cancer, Maria Minerva ou encore Peaking Lights, la formation composée d’Emma Ram, Jonathan Hochman et Anna John s’avère experte dans l’art d’insuffler un groove obscur, dans lequel se lovent d’élégiaques voix féminines, triturées à dessein.
Umberto – Prophecy Of The Black Windowsorti
La vague italo-spaghetti revient régulièrement sur le devant de la scène. Sous des oripeaux de plus ou moins bon goût, ils sont nombreux à dévouer leurs créations modernes synthétiques aux références 70′s/80′s du cinéma d’horreur. L’artiste américain Matt Hill, membre du collectif drone Expo 70 et empruntant son patronyme Umberto au maître du bis italien Umberto Lenzi, s’est largement détaché du lot avec son LP Prophecy Of The Black Windowsorti sur Not Not Fun convoquant les spectres de Goblin, Carpenter et autres Soft Machine autour d’une darkwave, moite et inquiétante, illustrant des visions fantasmagoriques d’apocalypse latente. L’homme a depuis sorti Night Has A Thousand Screams via Rock Action, le label de Mogwai, et s’apprête à sortir le 5 février prochain Confrontations sur Not Not Fun.
Dylan Ettinger – Lifetime Of Romance
Il y a plus de deux ans, Dylan Ettinger sortait via Not Not Fun l’hypnotique New Age Outlaws, par l’entremise duquel étaient exposées les influences cosmico-kosmische du jeune homme. Et si le propos se concentre une nouvelle fois sur des déflagrations d’origine synthétique, Lifetime Of Romance, sorti le 20 mars dernier toujours sur NNF, fait montre d’une inclinaison sans limite pour la décennie suivante, celle d’une synth-pop froide et transgressive. En témoigne l’inquiétante vidéo réalisée par Melissa Cha de Wintermute, morceau inaugural du LP, à découvrir ci-après.
Les San Franciscains Daniel Martin-McCormick (Ital) et Damon Palermo (Magic Touch) forment désormais Mi Ami, ex-trio rock devenu duo électronique, auteur en mai dernier de Decades paru sur la division club de Not Not Fun, 100% Silk. Si l’esthétique délurée et les vocalises éparses de Daniel font le lien entre les premières productions du groupe – toutes (res)sorties via Thrill Jockey – et celles disco/house entamées par l’EP Dolphins, Mi Ami franchit avec Decades un pas supplémentaire dans sa mue électro-dance, conservant de sa radicalité punk un inénarrable penchant pour l’imagerie outrancière piochant abondamment dans le folklore coloré des années quatre-vingt-dix. Formé en 2006 par le susnommé Daniel – alors chanteur et guitariste du groupe – et Jacob Long à la basse, et ce sur les braises encore fumantes du quintette post-punk Black Eyes, Mi Ami s’enjoint dès l’année suivante les services de Damon à la batterie. La sainte trinité ainsi composée, celle-ci se met en branle et dilapide dès 2008 deux maxis, Ark Of The Covenant et African Rhythms, très vite suivis de deux longs formats, Watersports (2009) et Still Your Face (2010). Son brinquebalant et production ultra lo-fi, Mi Ami, en trois ans d’existence, n’a jamais vraiment été catalogué tel un vrai groupe, sinon au rayon side-project plus ou moins récréatif. Depuis Dolphins et le départ de Jacob la donne change, Decades ne faisant qu’enfoncer le clou. S’inspirant de leurs ébats solitaires respectifs avec Ital (Havre Minds, 2012) et Magic Touch (I Can Feel The Heat, 2011), et s’évertuant sur le même label que ces derniers (100% Silk), la formation s’arroge une place toute particulière au sein de la scène actuelle, dressant un pont lysergique entre émanation rock et transpiration dancefloor.
Stacey Wilson vient d’Adelaide – en Australie – et confirme, s’il le fallait, la vitalité de la créativité musicale locale. D’un label confectionné de ses dix doigts – Faux Friends, aujourd’hui en sommeil – à plusieurs projets musicaux emmenés seule – Rites Wild, Regional Curse & Confort Zone – ou accompagnée – Terrible Truths (Mexican Summer) – celle qui eut la malchance de voir son tout premier show à Los Angeles annulé par une intervention policière musclée, n’a de cesse d’enquiller concerts et sessions d’enregistrement au point que ce fabuleux album qu’est Ways Of Being, paru en octobre dernier, ne constitue que l’esquisse de son entreprise Rites Wild : d’abord parce qu’il s’agit d’une collection de morceaux déjà parus sur des tirages ultra-limités via Faux Friends, ensuite parce qu’elle a déjà deux autres albums enregistrés sous ce patronyme dans l’escarcelle. À mi-chemin entre Tropic Of Cancer – pour la voix langoureuse et monotone – et Peaking Lights – pour les multiples bidouillages – on ne saurait gré NNF que de suivre son rythme à marche forcée, coûte que coûte.
L.A. Vampires with Maria Minerva – The Integration
Si le LP Integration est avant tout une collaboration entre L.A. Vampires, patronyme d’Amanda Brown – moitié de NNF et instigatrice de 100% Silk – et Maria Minerva – nouvelle égérie du label et frisson dance lo-fi venu de l’Est (à tort ou à raison) -, soit deux femmes aux idées lointaines et au caractère bien trempé, l’album porte à merveille son nom, tel le stigmate évident de sa conception, puisque ce sont sur des gimmicks house échantillonnées par Amanda à Los Angeles que Maria a posé sa voix dans un studio de Londres, avant que l’ensemble ne soit complété par les claviers et les rythmiques de Nick Crozier-Malkin. Comme si il leur avait été sommé de régurgiter la chanson pop idéale en brouillons discoïdes, les sisters-with-voices confectionnent par là même la bande-son idéale pour petits matins berlinois au sortir de nuits échevelées de clubbing – où les réverbs de synthés se télescopent à des mélodies pop concassées d’échos.
Golden Donna est le projet psy-trance de Joel Shanahan, guitariste de Julian Lynch et récent auteur des cassettes All Alone et Pour Resnais sur Signal Dreams – son propre label – et de l’EP Gloaming Thirst sur All Hell. Originaire de Madison dans le Wisconsin, l’homme à l’imposante corpulence s’essaye avec brio aux divagations muettes et symphonies synthétiques, dilatant l’espace temps sur l’autel d’odes schultziennes carénées d’éparses soubassements rythmiques R&B envoyant CVLTS sur un improbable dancefloor halluciné. L’album éponyme paru en octobre 2012 sur NNF résulte d’un coup de cÅ“ur immédiat d’Amanda lors de la réception d’une de ses cassettes démos. Si l’on taira ce qu’elle avait ingéré ce jour-là , on comprend aisément l’enthousiasme ce celle-ci à l’écoute de l’aphrodisiaque Shifter.
Si le projet Profilgate – paru via NNF en novembre 2012 et bénéficiant d’une mise en image avec Videotape par Robert Beatty, plus connu pour ses pochettes dHieroglyphic Being et de Peaking Lights – semble tomber du ciel, son auteur – Noah Anthony – beaucoup moins puisqu’il officie déjà en solitaire sous le nom d’emprunt de Night Burger et en duo sous celui de Social Junk. Soit deux entités à la discographie longue comme le bras, loin d’être méconnues de structure comme NNF, Night People ou Digitalis. Par le biais de Profilgate, le résident de Philie n’y va pas par quatre chemins pour jeter les bases d’une negative dance music, aussi lo-fi que transgressive, conviant Vatican Shadow à se pacser avec les doux rêveurs de la côte ouest, Ital en tête. Videotape, 12″ réunissant quatre morceaux dont une version live du précité single, est assurément l’un des disques les plus entêtant que NNF ait sortie en 2012.
Samantha Glass – Mysteries From The Palomino Skyliner
Sous une patronymie à connotation plus que féminine, Samantha Glass – évoquant un croisement devant l’éternel de Samantha Fox et Phillp Glass – le ténébreux Beau Devereaux a sorti son premier LP, Mysteries From The Palomino Skyliner via NNF. Une invitation au voyage, entre gravitation et introspection, qu’il serait malencontreux de ne pas accepter tant les volutes synthétiques du grand escogriffe s’avèrent convaincantes. Introduisant la trilogie Return To The Sky (Pt. 2 & Pt. 3), la déjà parue (Celestial Night Skyse – NNF, 2011) et retravaillée Seasonal Seduction, laisse choir toute notion de temporalité, à mi-chemin entre odyssée schultzienne et l’Urban Gothic d’un Xander Harris voisin de label.
Écrit par: Thibault
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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