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Si le coup d’envoi du festival Villette Sonique – présentée sommairement par ici - a eu lieu hier soir avec Nils Frahm et Chassol à la Cité de la Musique, et que ce soir les choses se passent à l’Espace B avec la curieuse et inédite collaboration entre Sun Araw et Laraaji, demain, mercredi 4 juin, l’une des soirées les plus excitantes de la semaine se tiendra au Trabendo avec au programme, et ce dès 19h30, Low Jack en live, Sister Iodine, Dominick Fernow aka Prurient et Oscar Powell, instigateur du label londonien Diagonal Records (Event FB). Si ce dernier remplace au pied levé Margaret Chardiet, en galère de passeport à l’heure de faire voyager en Europe son exquis projet  et son album Abandon paru l’année passée sur Sacred Bones, il n’en reste pas moins un invité de choix, depuis longtemps dans le viseur d’Etienne Blanchot, programmateur du festival parisien, qui, pour la première fois s’associe avec un label, en l’occurrence In Paradisum de Guillaume Heuguet et Paul Régimbeau, pour accoucher d’une affiche en format concert – « radicale et sexy »Â – qui fait sens. Entre fracas noise et bourdonnements ambiant, échanges entre musiciens d’horizons divers et mélange des publics, pour Etienne Blanchot et Guillaume Heuguet, rencontrés fin avril dans un bar près de Belleville, l’idée est avant tout de faire jouer des groupes physiques, des performers jusqu’au-boutistes s’accommodant des larsens comme des tonalités qui durent. Etienne, le regard amusé et la parole volubile, prévient « Je ne dis pas qu’on va faire complet, mais on a choisit le Trabendo plutôt que le Wip pour la puissance du son ». Guillaume, le coupe « Il y’a de la sueur et des malaises vagaux ». De quoi faire saliver. Évoquant chacune des entités par le prisme de cette soirée, on a passé en revue ensemble les artistes alignés sans se départir des « points de convergence sous-jacents » chers à mes deux interlocuteurs ayant conduit à la formation d’un tel plateau. En prime, une mixtape réalisée à quatre mains annonçant on ne peut mieux la couleur et un concours en fin d’article afin de glaner quelques places.
Un festival hors-cadre, un label plein champ
« Au début de Villette Sonique, la volonté c’était de sortir de l’actualité tout azimut et de se situer plutôt dans la filiation, dans le patrimoine. Sortir du groupe de saison jetable, de cette obsession de la nouveauté, en se positionnant sur des musiciens plutôt hors timing, ce qui donne lieu parfois à des reformations. Le rock vieilli, c’est logique que les groupes reviennent. Ça se passait dans le jazz avant. » Le sourire en coin qui barre le visage d’Etienne insinue tout à la fois la fierté respectable du travail accompli des années durant, et l’excitation saine et non dissimulée d’une nouvelle édition, toujours différente de la précédente, dont le jalon le plus expérimental prendra forme mercredi soir au Trabendo. « Le festival est réputé pour cette dimension hétérogène, avec ses affiches flamboyantes »Â centrées sur « des figures cultes » tel Dominick Fernow, mais aussi et surtout pour sa dimension aventureuse malgré un principe de réalité omniscient : « Faire des clubs, c’est une question d’envie. J’écoutais quasiment pas de musiques électroniques il y a neuf ans, on en écoutait, mais ce n’était pas la priorité. Là c’est évident, même si c’est aussi une question de circonstances. Ce sont les hasards des constructions de plateaux, qui font qu’il y en a plus ou moins : tu te bagarres pour avoir des têtes d’affiches, c’est quand même ça la réalité. » Et faire un club expérimental avec un timing de concert ? « L’idée, pour quelqu’un de ma génération, c’est de désenclaver les publics, entre club et concert, avec un public pluriel. Quand tu vois le public de Fernow et Vatican Shadow – le projet techno de celui-ci – , y’a, en plus de tous ces jeunes, tout ce public noise qui a plus entre trente-cinq et quarante-cinq ans que vingt-cinq. C’est cette dynamique la qui compte, le mélange des publics est une chose assez rare pour être appréciable. » Pour Guillaume, le son de cloche résonne différemment, mais la volonté est taillée dans la même excitation quant à l’improbabilité du résultat : « Quand je monte une soirée, je ne fais pas de sociologie de public, je ne me dis pas si là  ça va pas marcher ou pas et avec qui ». Il poursuit, « de notre côté, on est assez frustré par notre réseau club. Ce qu’on écoute avec Paul (Mondkopf) chez nous c’est les Swans, des groupes qui ont toujours été dans l’optique de la Villette Sonique. Du coup, on hésite pas dès qu’on peut faire des soirées avec des gens d’un spectre un peu plus large, que ce soit au Garage Mu, ou avec la Villette Sonique, montrant qu’il n’y a pas de frein et que tout peut communiquer. Je me sens plus à l’aise avec ces-derniers, qu’avec un responsable d’un club à qui je dois expliquer que ça va faire du bruit mais que ça va aller. Et puis, ce plateau là , on peut le faire parce qu’on le fait ensemble.«
Celui qui est également l’un des deux rédacteurs en chef de la revue Audimat, enfonce le clou, histoire de mettre en relief la nouvelle direction empruntée par le label : « In Paradisum a clairement calmé l’aspect club. J’étais tellement content de la date au Garage Mu avec Container que depuis on a arrêté de faire des clubs, mis à part la release party pour l’album de Mondkopf, Hadès. Mais ce n’est pas ce qu’on veut, on est très sollicité mais cela ne nous intéresse pas, on essaie pas de développer une activité de prescripteur. Sinon, tu deviens producteur. Je préfère me focaliser sur le label. » Une structure (lire) qui poursuit son bonhomme de chemin dans le mélange des genres, à la croisée des chemins entre techno, ambient, noise et indus, avec dans le rétro les sorties quasi-concomitantes en début d’année du Ep Jura de Qoso et du LP précité de Mondkopf, et avec dans le viseur, la parution toute récente de l’album Above Us du duo Lyonnais Insiden, en plus de ceux, prévus respectivement pour juin et septembre, de Somaticae et Extreme Precautions. Le concert de Somaticae à la Villette Sonique en 2013 justement, constitue le moment clé de la rencontre entre In Paradisum et l’équipe de la Villette Sonique : « Amédée jouait en première partie de Vatican Shadow et ça correspondait avec la sortie de son disque, Catharsis (lire). On s’est un peu approprié la soirée, histoire de fêter la sortie de celui-ci. C’était hyper bien car on y a vu un public club pour qui c’était un truc spécial d’aller voir un concert dans le cadre de Villette Sonique. Même si c’est expérimental, c’est un live club quand même, avec une énergie techno. » La date du 4 creuse donc dans un même sillon. Etienne précise : « la convergence s’est faite sur des artistes qu’on voulait faire jouer chacun depuis longtemps, notamment les américains. Et avec le nouveau live de Low Jack et l’engouement qu’a celui-ci pour Sister Iodine, on a pas hésité à tous les réunir. L‘important c’est de se dire que, maintenant que le plateau a prit forme, c’est toujours aussi excitant car ce n’est pas du cent pour cent acheté sur catalogue : tu sais qu’il va se passer quelque chose d’étonnant. »Â La cohérence du plateau ? « C‘est une soirée de performeur, c’est ça le lien. Ce qui est marrant sur cette soirée, et même si la volonté est de donner une place respectable à Prurient au sein du line-up, c’est qu’on se sert des américains comme faire valoir des français. Pour une fois, cela inverse la donne.«  Guillaume synthétise : « Pharmakon et Prurient c’est un même univers noise, c’est proche. Et Low Jack écoute Sister Iodine«
Low Jack, Sister Iodine & Prurient
Etienne allume la mèche, s’adressant à Guillaume : « je suis fan de Low Jack (lire), alors quand Guillaume m’a vendu le nouveau nouveau live de Low Jack, j’étais forcément partant ». L’intéressé précise : « disons que c’est pas la première fois que Phil annonce un nouveau live. Il déteste faire ça en fait, alors il en fait toutes les semaines. Après avoir jouer live à Rennes et Paris dernièrement, il n’était pas content : il sait où il veut aller, et là ce n’était pas encore ça. Alors je lui ai dit, ok, tu prends quatre mois et tu fais ton live. Il a tout mis à plat, partant sur une ambiance techno Chicago très dure, avec des nappes noise. C’est un live club très minimaliste, avec des sons qui attaquent très fort, violemment. C’est excitant car c’est assez nouveau dans le genre. Cela fait penser aux premiers morceaux de Green Velvet enregistrés live et où ça grince de partout, t’entends même le compresseur dans l’enregistrement. Au debut, Phil voulait faire un larsen d’introduction qui durait trois minutes, à la Sister Iodine. On lui a dit de laisser Sister Iodine faire ces larsens et lui de continuer a faire ce qu’il fait. En ce moment, il écoute beaucoup d’indus et de noise, mais il faut qu’il garde son kick, sinon ce n’est pas marrant. Sur son live, il y a un morceau qu’on sortira sans doute après, où l’idée est vraiment de te faire passer un boeing sur la gueule. » Au jeu des sept familles, la carte Low Jack peut se rapprocher sans ciller de celle Sister Iodine ? « Oui, pour Etienne, Sister, c’est un groupe a guitare mais qui produit une masse sonore. »Â Pour Guillaume, y’a « cet espèce de funk froid, cet aspect tribal qui est partagé, tout comme ce rapport à la voix vu plus comme un instrument. »Â Si la perméabilité des univers est avérée dans un sens, Low Jack s’éprenant donc de Sister Iodine, l’inverse est-elle vrai ? Pas de doute pour Etienne : « Ils ont écouté beaucoup de techno. Ils ont eu des side-project d’harsh noise. Pendant leur break qui a duré cinq ou six ans, ils avaient même un projet électronique, Discom, avec lequel ils allaient jouer au Japon avec. L’électronique fait clairement parti de leur territoire, y’a une vrai convergence dans l’esprit. D’ailleurs, dans le rock, à l’heure actuelle, des groupes qui font avancer les choses, qui repoussent les limites, y’en a plus beaucoup. Sister Iodine en fait partie, au niveau des textures, il y a quelque chose de très intéressant. » « On s’est retrouvé à un concert de Sister avec Guillaume, et là on a vu d’emblée l’adéquation. Les mecs de Sister Iodine auraient pas eu forcément l’idée de participer à une telle soirée, donc c’est bien que ce soit In Paradisum qui leur ait proposé : cela manifeste une porosité de ces milieux, et rien que ça, c’est nouveau pour moi.«
Prurient, c’est une autre histoire. Etienne raconte, « c’est un concours de circonstances en fait. J‘ai couru quand même dernière lui pendant des années, depuis que le festival existe même. Et l’année dernière, la date de Vatican Shadow s’est faite assez simplement. Il a été archi-content du concert, du coup je me suis dit, allez, enchaînons. Et puis, au sein du festival, on revendique ce type de personnage et de caractère : il permet de défendre quelque chose de plus global, en frappant fort. » Seule ombre au tableau donc, l’annulation de la tournée de Pharmakon, d’autant que c’est la deuxième fois que Margaret Chardiet ajourne une date parisienne avec In Paradisum. « Elle devait faire une date isolée, en première partie de Mondkopf. Mais on était super à la bourre dans la préparation d’Hadès – au départ, on ne devait pas le sortir nous – du coup, on a du annuler. »Â Un trou plus que comblé par l’ajout de Powell au line up qui, à défaut de chambouler une time table originelle – dénotant un indicible projet des deux promoteurs – , aura l’occasion de faire résonner son ultime et excellent EP, Club Music.
On vous fait gagner deux fois deux places. Pour tenter le coup, rien de plus simple : envoyez vos nom et prénom à l’adresse hartzine.concours@gmail.com ou remplissez le formulaire ci-dessous. Les gagnants seront tirés au sort demain à midi.
Écrit par: Thibault
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Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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