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C’est avec une impatience non dissimulée que j’ai essayé depuis le 5 octobre 2009, date de la sortie du maxi Death Race de Villeneuve, de percer un secret d’alcôve foutrement bien protégé. Littéralement émerveillé par cette embarquée virevoltante au long court, dont le clip, un montage d’images du film THX 1138 (1971) de Georges Lucas, fait passer son homonyme québécois pour un coureur de bacs à sable, j’ai tenté par tous les moyens d’en savoir plus sur Dry Marks of Memory, album à paraître le 22 février, dont Death Race est extrait. En vain. Et c’est au moment où je m’y attendais le moins qu’un Loup savamment aiguillonné me le glisse entre les mains. Rongeant mon frein, je m’étais documenté sur le passé d’un jeune homme à la discographie aussi ténue que son curriculum vitae n’est fourni. Un Ep, Graceland, sorti en 2004 précède un album paru l’année suivante, First Date, où Villeneuve, épaulé tout au long du disque par Mélanie Pain (Nouvelle Vague), égraine un savoir faire électro-pop indéniable (Mercury, Oh No), parfois suranné (The Falling, Men Like You) mais jamais ennuyeux (Words are Meaningless). C’est entre ces quatre années, séparant ce premier rendez-vous à la sortie de Dry Marks of Memory, que se déploie le parcours d’un Villeneuve producteur exigeant et touche à tout, oscillant entre circuit indé et réseau mainstream. Il travaille aussi bien avec M83 et Agoria, que Christophe Willem, Stéphane Eicher ou Anaïs. De quoi forger son oreille et sa volonté à l’enclume du succès. Ainsi Dry Marks of Memory porte son titre à merveille. Ce qui frappe à la première écoute tarabuste toujours à la vingtième : loin de l’unicité à laquelle on peut s’attendre, Villeneuve s’offre une large introspection caressant de son inspiration érudite un large pan de la musique contemporaine, sautant, de plages en plages, du coq à l’âne. Cet hétéroclisme avoué et cette science du clin d’Å“il, tout en subtilité, font de ce disque une ode au septième art tant son esthétique raffinée dépeint un kaléidoscope de paysages intérieurs plus visuels que sonores. Comme sur son précédent disque, Villeneuve imprègne ses compositions de la chaleur de voix féminines en invitant Liz Green, que l’on a découverte lors du récent festival MO’FO’, qui enlumine de son timbre de velours l’électrique Words of Yesterday et l’acoustique Second Start, et Nili, de Lilly Wood and The Pricks, lors d’une confondante balade folk douce amère. Le chanteur belge Ozark Henry participe lui à l’un des sommets de l’album sur le morceau Yours and Yours d’un classicisme pop indémodable. Tant par ses rêveries éveillées (Dry Marks of Memory, Victoria Falls) que par ses angoisses éthérées (Patterns, Day One), Villeneuve semble s’appliquer à marcher non loin des pas d’un Sébastien Schuller ayant intégré, dans sa fabrique d’onirisme pop, la puissance des guitares et la magnificence de leur saturation.
Le mystère une fois élucidé ne perd pas de son éclat. Au contraire, celui-ci se révèle au centuple.
Villeneuve – Yours and Yours (avec Ozark Henry)
Villeneuve – Dry Marks of Memory (PIAS, 2010)
1. Set the Level
2. Dry Marks of Memory
3. Patterns
4. Words of Yesterday (avec Liz Green)
5. Victoria Falls
6. The Sun (avec Lili)
7. Yours and Yours (avec Ozark Henry)
8. Day One
9. Second Start (avec Liz Green)
10. Death Race
Écrit par: Thibault
2010 ELECTRO FR Pias Villeneuve
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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