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Quand on pense « noise US », le premier groupe qui vient normalement à l’esprit, c’est Wolf Eyes. Et pour cause : cette formation au line-up mouvant a les épaules et la carrière pour incarner toute une culture à elle seule. Avec un catalogue de 500 références tous projets confondus selon certains fans, c’est une institution qui englobe tout une attitude et une manière de faire : celle de l’expérimentation à outrance, du hors-limite, mais aussi celle du mélange à d’autres styles, et surtout celle qui ne se contente pas d’utiliser le bruit comme une simple arme sonore.
Wolf Eyes c’est aussi un phénomène cataclysmique sur scène, flirtant presque avec la performance selon les soirs, et un rythme de tournée qui s’élevait à 300 shows par an au pic de leur forme.
Mais avec l’âge le groupe s’est trouvé de nouvelles envies. Aaron Dilloway n’est plus de la partie depuis longtemps, un guitariste aux racines blues l’a remplacé, et John Olson, moitié avec Nate Young du noyau restant d’origine, a clairement établi qu’ils n’étaient plus là pour tâtonner. Il en résulte I’m A Problem: Mind In Pieces, disque fort, presque mystique, qui touche de loin le format chanson et aborde des thématiques plus claires. Wolf Eyes le défendra sur scène le 28 avril lors d’une belle soirée aux Instants Chavirés (event FB), qui réunira aussi Andy Bolus et un nouveau projet de Low Jack. Puisqu’une si belle affiche, ça se mérite, on met en jeu trois places à gagner en remplissant le formulaire en fin d’interview ou en envoyant vos nom et prénom à l’adresse hartzine.concours@gmail.com.
En attendant, Nate Young a répondu à une poignée de questions à l’occasion, et ne lui dites pas que leur dernier album marque un tournant dans leur carrière !
Ce terme de « trip metal » que vous avez inventé, c’est une blague, un vrai concept, ou les deux ?
How much of a joke and a statement is the label « trip metal »?
Le Trip Metal entend établir des connexions en semant la confusion, plutôt que broder autour de cette menace imminente « d’authenticité ». Cette menace constante que quelqu’un soit en train de blaguer ou que la blague ne soit pas authentique est ce qui détruit la créativité en musique, en comédie, en théâtre, dans la vie, dans l’amour, l’art ou la guerre. Il faut plutôt se demander quand les gens s’arrêteront d’expérimenter, d’émettre des hypothèses et de foutre le bordel, ou juste de faire de la musique et une bonne blague.
Trip Metal aims to establish connection based on confusion rather than the typical bonding over the looming threat of being authentic.. The constant threat that someone is joking or that the joke is not authentic is what has destroyed creativity in music, comedy, drama, life, love, art and war. You should be asking yourself when will people stop experimenting, hypothesizing and fucking around and just make music or tell a good joke?
Suite au petit scandale que vous aviez généré en disant que la noise était morte en interview, vous avez déclaré que « les règles et la fraternité ont rendu le noise rance ». Quelles expériences vous ont mené à penser ça ?
After the « noise is dead » uproar, you also declared that « rules and fraternity made noise stale » at some point. What experiences made you feel this way?
Je pense que le noise était un excellent refuge pour les marginaux, les sans-talents, les inadaptés, etc. Mais ensuite des gens ont créé cette étiquette du « faux noise », qui a disséminé la scène en plusieurs circuits fermés. Je comprends que les gens aient des préférences de goût, et qu’il soit plaisant de critiquer et de classifier des disques, mais ça peut déclencher des guerres civiles. Ce n’est pas moi qui ai dit « noise is dead », c’est John Olson, dans un mauvais jour. Ce n’était pas une déclaration, juste une observation de passage comme « il fait froid dehors ». Il faut que les gens se détendent. La même chose pourrait arriver si « le Trip Metal est mort à 110% » était sélectionné comme titre pour cet article par exemple.
I believe that noise was a great umbrella for all outcast, talent-less, misfits to stand under. Eventually people started the « False Noise » labeling, causing noise to splinter off into closed systems. I understand that people have taste preferences and it can be fulfilling to critique and classify your records, but this can start civil wars. I never said noise is dead, John Olson did while he was having a bad day. It was not a declaration, just a passing observation similar to « its cold out ». People need to lighten up. The same thing could happen if you print this as the pop-out quote/headline = Trip Metal is dead, it is over 110% dead.
Sortir un album sur le label de Jack White, ça change quelque chose ?
Has releasing this last album on Jack White’s label made any change to you? Have you been exposed to a different, wider audience so far? Do you expect to?
I’m A Problem portait sur des problèmes du vrai monde comme la santé mentale, la mort, les troubles comportementaux, les droits civils et l’immigration. Nous avions joué et conçu la bande-son du plus grand rassemblement satanique de l’histoire, et un mois après on a joué à Jérusalem, à un demi-mile de la dernière demeure de Jésus. Ce type de juxtaposition délirante est difficile à véhiculer dans un album de 40 minutes, mais on l’a fait et on l’a vendu à Jack. Je ne pense pas que cela nous ramène de nouveaux fans parce que c’est un disque très personnel, peut-être trop pour le fan moyen de noise, et peut-être trop « noise » pour l’amateur moyen de « musique ».
I’m A Problem dealt with real world problems like mental heath, death, behavioral issues, civil rights and immigration. We performed and supplied the soundtrack for largest Satanic gathering in history and about a month prior we played in Jerusalem, 1/2 mile away from Jesus’s last resting place. That sort of fucked up juxtaposition is nearly impossible to convey in a 40 min recording, but we did just that and sold it to Jack. I do not think we are gaining any new fans with this record as it is very personal. Maybe too personal for the average « noise » fan to enjoy, and too noisy for an average « music » fan.Â
Ce dernier disque marque un tournant vers un matériau plus composé et une atmosphère moins tendue. Est-ce le ton que Wolf Eyes adoptera à partir de maintenant ?
Your last album marks a shift towards more composed material, and a somewhat less tensed mood. Is it what Wolf Eyes tend to be about from now on?
On a près de 200 sorties, peut-on vraiment dire que ce disque marque un tournant ? Ou alors en se basant sur les 30 premiers trouvés sur Discogs ? Il faut se plonger davantage dans notre catalogue. On a toujours bifurqué à chaque disque entre noise, jazz, metal, même blues.
We have put out over 200 releases, can you honestly say this record makes a shift? Or are you just listening to the first 30 releases in our discog? Maybe dig deeper into our catalog…We have always made shifts with every release, from noise, jazz, metal, even blues.
Est-ce le type de son auquel on doit s’attendre sur scène ?
Is it also the kind of mood to be expected on stage?
Les attentes mènent toujours à l’opposé de l’intention de base. Les gens doivent nous faire confiance et croire que ce que nous faisons est un bon concert. Ceci étant dit, les gens ne s’attendent pas à ce qu’on débarque en skate, qu’on chie dans nos frocs, ou qu’on se bastonne avec des armes médiévales. Si c’est ce à quoi ils s’attendent, il n’y aura ni surprise, ni épiphanie. Ayez foi en le Trip Metal, et ne cherchez pas à le forcer.
Expectations usually result in the opposite of what is intended. People need to trust that WE are doing what is necessary for a great show. That said, please do not show up thinking we are going to skateboard on stage, shit our pants, or bludgeon ourselves with medieval weapons. If you expect it there will be no surprise or inspired moments. Trust in the trip mental and do not try and force it.
Après 20 ans en tant que Wolf Eyes, la culture du Midwest est-elle toujours aussi constitutive de l’identité du groupe ?
After 20 years as a band, is Midwestern culture still an important part of Wolf Eyes’ identity and sound?
Nous concentrer sur le vernaculaire ne perdra jamais de son importance. Si ça arrive, alors j’irai voir ailleurs.
Focusing on the vernacular will never stop being important. If it does stop being important I am moving.
Écrit par: Thomas Corlin
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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