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L’art de la chronique s’accorde souvent d’un sens de la formule aiguisé. Pour ne pas avoir à faire amende honorable de ma lourdeur au bout de ces quelques lignes, je pose un engagement, celui de ne pas jouer sur les mots. Avec Rien, l’affaire n’est pas mince. En clair, je ne me fous pas de votre gueule. Météorite ayant récemment pénétré mon espace musical, constellation du cygne pour d’autres, le mystérieux quatuor grenoblois, composé d’Aka (rien à voir avec notre Aki à nous), Dos.3, Dj Goulag et Yugo Solo (mention spéciale à Dj Goulag), revient après deux albums, Requiem pour des Baroqueux (2003) et Il ne peut y avoir de Prédiction sans Avenir (2007), ayant sérieusement mis en branle ce que le commun des scribouillards nomme post-rock. Ayant dit par ici ce que je pense de cette étiquette aussi féconde qu’une baudruche percée, je m’attaque sans plus de préliminaires à 3, mirifique EP instrumental, que Rien vient de sortir le 10 avril dernier sur leur label de toujours, L’Amicale Underground. Cet EP annonce le début d’une trilogie dégressive, 1 devant sortir en 2014, date à laquelle le groupe fera scission. On est prévenu et c’est tant mieux : les plaisirs de la vie ne se goûtent qu’à l’aune de leur finitude. Cet adage que ma grand-mère n’eut de cesse de rabâcher à qui voulait bien l’écouter, s’applique ici religieusement : délaissant les rives définitivement mortelles qui les avaient consacrés proches cousins de God Speed You! Black Emperor (qui vient d’ailleurs d’annoncer sa réactivation), Aka & consort embarquent tout leur petit monde dans un voyage hors du commun et hors du temps, réhabilitant une certaine idée du psychédélisme et du prog-rock, tout en se préservant des affres de la surcharge pompière que cela implique. L’introduction A Jerk in Da Hell sonne comme l’ouverture d’un concert des Pink Floyd à l’époque de The Dark Side of the Moon, des nappes de claviers progressives se fondant à une guitare bidouillée pour ouvrir la voie avec grandiloquence à la mini trilogie The Sun is Always Right. Entamée sur un beat remémorant l’excellence des australiens de Pivot, le morceau est artificiellement décomposé en trois parties distinctes (De la contenance nom de Dieu, De l’art d’attaquer par le flan, Deux minutes de soleil en trop), cisaillées d’une guitare gravitant entre le cristallin des aigus et le métal des distorsions. Mâtinant d’une fantaisie psyché la rigueur de la science du bruit chère à Mogwai, 3 prend toute sa consistante avec l’intense et martelé Masterkraft. Susceptibles de tutoyer les sommets entrevus sur le Come On Die Young (1999) des Écossais, par la puissance de guitares solidement carénées d’une rythmique basse / batterie implacable, Rien démultiplie littéralement la notion de musique émotionnelle. Exposant un versant plus expérimental, mais tout autant mélodique, de leur orfèvrerie lunaire, V conclut un EP dont on ne pourra regretter que la trop courte durée. 2, 1, le compte à rebours est lancé.
Rien – 3 ( L’Amicale Underground, 2010)
01. A Jerk in Da Hell
02. The Sun is Always Right
03. Masterkraft
04. V
Écrit par: Thibault
2010 3 FR L'amicale Underground Rien
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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