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Au départ, on n’aurait pas vraiment misé un kopeck sur Concrete Desert tant l’aventure nous paraissait casse-gueule. D’un côté The Bug, figure de proue du renouveau dubstep UK et, de l’autre, les Américains de Earth, légendes du drone doom. Sur le papier, la rencontre des genres orchestrée par Ninja Tune sentait l’écorchage d’oreilles à plein nez, pourtant le pari est réussi et le projet fait l’unanimité. Il faut dire que si le label londonien a longtemps été l’étiquette de jazz sous acide, de hip-hop ambient ou de breakbeat vaporeux, la maison de disque piloté par Matt Black et Jonathan More s’attache depuis trois quatre ans à renouveler son catalogue en s’ouvrant à des registres plus osés. Et, qu’on le veuille ou non, Concrete Desert offre un curieux contraste alchimique entre les univers de Kevin Martin et le groupe de Dylan Carlson, et fonctionne de façon détonante. Augmentée de deux tracks où le toujours vénéneux JK Flesh vient pousser quelques vocalises bien gutturales, cette nouvelle version se révèle être un must-have d’expé comme on n’en avait plus entendu depuis longtemps.
Dès l’ouverture, on se retrouve happé dans cet univers somptueusement nébuleux qui nous emporte très loin. City Of Fallen Angels se pose ici en introduction parfaite, une entrée en matière à la fois lyrique et inquiétante au fur et à mesure que le titre prend de la hauteur. On sort des sentiers battus pour se retrouver pris au piège d’un tunnel, nous plongeant dans un incroyable morceau de sludge seulement rompu par un Gasoline où les beats et les fractales synthétiques viennent reprendre leurs droits. Agoraphobia emprisonne l’air de son aura suffocante et met le feu à l’oxygène, nous préparant à la déflagration Snake Vs Rats, gros morceau de l’album. Symbiose de drone maladif et de 2-step industriel, le track pioche autant dans les itérations bruitistes d’un J.G. Thirlwell que dans une approche minimaliste d’un merzbow sous valium. Justin Broadrick, invité à remanier deux titres, touchera à peine au track tant celui-ci frôle la perfection, y apposant uniquement sa voix caverneuse et en ajoutant une bonne dose de noirceur à ce Snake Vs Rats, renommé Dog pour l’occasion. Pray, quant à lui, est une véritable ode à la noirceur où les instincts primitifs semblent prendre le dessus. Alors certes, après tant de majesté et d’ingéniosité, le reste pourrait sembler anecdotique, pourtant, que ce soit sur Don’t Walk These Streets, petit bijou dubstep ténébreux et visqueux, Hell A, tourbillon de bass saturé, véritable hymne à la noirceur ou encore Concrete Desert, morceau épopée aussi flamboyant que funeste, The Bug et Earth continuent de se montrer à la hauteur de leurs ambitions.
On ne va pas se mentir, si des exercices comme celui-ci sont aujourd’hui légion, peu restent gravés dans nos mémoires et à jamais dans le vinyle. Mais Concrete Desert a cet avantage d’être accessible sans forcement plaire au tout venant, l’album est assez bien foutu pour séduire à la fois les fans de dubstep, de métal, d’expé ou d’ambient. Une bien belle œuvre qui devrait s’offrir de belles années avant d’être surpassée.
The Bug Vs Earth – Concrete Desert (Ninja Tune, 24 mars 2017)
01. City Of Fallen Angels
02. Gasoline
03. Agoraphobia
04. Snakes Vs Rats
05. Broke
06. American Dream
07. Don’t Walk These Streets
08. Other Side Of The World
09. Hell A
10. Concrete Desert
11. Dog feat. JK Flesh
12. Pray feat. JK Flesh
13. Another Planet
Écrit par: Akitrash
Concrete Desert Earth Ninja Tune The Bug
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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