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TG Gondard l’interview

today21/02/2018 763

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Après l’éclairage qu’a suscité son projet Colombey et son duo avec Pizza Noise Mafia, TG Gondard, n’en a pas pour autant oublié son alias initial en sortant coup sur coup deux albums l’année dernière. Avec son R n’ Brie (ça ne s’invente pas) mélancolique teinté de bass music, TG sublime l’ennui, les histoires d’amour impossible, et les bleds paumés. On a vouloir savoir ce qu’il se cachait derrière toute cette grisaille.

Tu as sorti deux albums l’année dernière, Le Château et Avontuur II qui sont très différents. Comment les décrirais-tu ?

Le Château est constitué de nouveaux morceaux, qui sont en partie dans la lignée de l’album précédent Mon Albertine. C’est un album assez pop, avec beaucoup de chansons, mais aussi des morceaux instrumentaux assez élaborés, avec quelques invités de prestige tels que Èlg, Inès (aka Keiki) ou Jon Collin. Avontuur II est un album plus sombre que j’ai enregistré il y a plusieurs années et qui devait sortir sur un label belge à l’époque, mais le projet est tombé à l’eau. Je l’ai réécouté il y a peu et je me suis dit que c’était dommage que ce disque plutôt plaisant reste au placard, alors j’ai décidé de le sortir moi-même.

Quelles ont été les principales influences pour ces deux albums ?

D’une manière générale, les musiques qui m’influencent le plus sont d’une part la bass music actuelle et tous ses succédanés, chantés ou non; d’autre part la musique lo-fi et toute son histoire, des années 80/90 à aujourd’hui (moults comptes sur Soundcloud pourraient être cités en exemple). A ça on peut ajouter la musique des années 60, le R’n’B originel et la musique jamaïcaine, toutes ces chansons d’amour un peu naïves.

Qu’est ce que tu écoutais plus jeune ?

J’ai commencé par écouter de l’Electronic Body Music, le premier concert que j’ai vu c’était Nitzer Ebb. C’était totalement ringard à l’époque et aucun de mes potes n’écoutait ça; alors par la suite je me suis mis à écouter Pavement, Sonic Youth, ce qui était beaucoup plus respecté, puis des trucs plus obscurs comme la scène space-rock britannique et notamment les groupes de Bristol affiliés à Planet Records. Puis la techno, des trucs très durs, les free party, tout ça.

Il y a eu un gros éclairage sur Colombey. Ça te donne envie de te consacrer plus à ce projet ?

J’ai abondamment tourné avec Colombey, et j’ai sorti deux albums et deux singles en très peu de temps, du coup là je fais une petite pause et y consacre actuellement moins de temps. Mais j’y reviendrai plus tard, peut-être sous une autre forme.

Tu peux nous parler de tes autres projets ?

Je fais toujours parti de Pizza Noise Mafia, c’est un duo de musique électronique dansante clairement influencé par l’EBM, l’italo, l’electro, la noise; on tourne toujours régulièrement et on va essayer d’enregistrer un second disque. Mon autre projet en cours s’appelle Mon Alberteen, c’est un solo de techno assez classique pour faire danser les gens, je tourne dans toute la France en mars/avril avec Accou et Avventur.

Les paroles dans le Le Château sont assez mélancolique. C’est du second degré pour toi ? Est ce ton influence pour les chansons romantiques des années 60 ?

Il y a sur ce disque plusieurs chansons qui ne sont pas mélancoliques, mais la teneur générale est sentimentale. Ces chansons des années 60 sont une énorme influence, elles ont quelque chose de délicieusement désuet et poignant.
Mais je ne me contente pas toujours de reproduire bêtement leur schéma, et mes chansons ont souvent plusieurs niveaux de lecture. J’espère néanmoins éviter à tout prix le « second degré » et la moquerie, qui sont des choses qui ne m’intéressent pas du tout.

Ça parle également pas mal d’amour déchu.

J »ai toujours préféré les slows, les morceaux larmoyants et lyriques. D’une manière générale, mes chansons sont souvent fictionnelles. Je me sens plus proche d’un romancier que de quelqu’un qui tient un journal intime, et j’explore forcément souvent les mêmes thèmes, ceux qui m’inspirent le plus.

Tu es très prolifique. Que fais-tu quand tu ne fais pas de musique ?

La musique est ma seule activité, donc je ne me sens pas particulièrement prolifique, je me considère plutôt comme une grosse feignasse au quotidien. Mes autres grandes passions sont l’amour et le cinéma français.

D’où te vient cette fascination pour les villes victimes de l’exode rural ?

Quand j’ai commencé le projet Colombey je voulais parler des sentiments qu’on peut ressentir quand on grandit dans un coin paumé, il me semblait que c’était vraiment un thème qui n’avait été que très peu abordé dans la chanson et que ça manquait dans le paysage musical. D’ailleurs mon influence principale pour ce projet c’est plutôt un film, The Last Picture Show, de Peter Bogdnanovich.

Tu peux nous décrire le matériel sur lequel tu composes et enregistres ?

J’enregistre désormais tout sur ordinateur en multi-pistes. Mes sources sonores sont des synthétiseurs et des boîtes à rythmes, je n’arrive pas à travailler avec les logiciels comme Ableton ou les VST.

Tes concerts sont à la limite de la performance. Tu le vois un peu comme ça ? C’est un exercice douloureux pour toi ? Un exutoire ?

C’est sans doute une remarque valable pour les concerts sous le nom Colombey, mais sous le nom TG Gondard il m’arrive souvent de jouer assis. Tout cela dépend surtout de l’énergie des morceaux et de l’énergie du moment, j’ai jamais trop réfléchi à la mise en scène ou à la chorégraphie.

C’est important pour toi d’être seul sur scène pour tes concerts ?

C’est un non-choix, je fais de la musique tout seul donc je la représente seul sur scène. J’ai jamais eu assez confiance en moi pour pouvoir jouer avec d’autres musiciens, à de très rares exceptions près. J’ai toujours l’impression de faire des trucs nuls quand je joue avec quelqu’un d’autre, de pas être à la hauteur.

Tu aurais des anecdotes de concert ?

Je te disais plus haut que plus jeune j’étais fan de la scène de Bristol : Flying Saucer Attack, Light, Crescent, tout ça.. Je rêvais un peu d’y aller à l’époque pour voir tout ces trucs en concerts et aussi la ville. Et là j’y suis allé et j’y ai joué pour la première fois il y a quelques semaines. Il y a pas eu plus d’une dizaine de personnes qui sont venues, et personne n’est resté pour mon concert. L’entrée était prix libre et on s’est partagé 90 pence avec le groupe Le Renard, c’était notre seul salaire. Et une Grolsch chacun.

Tu arrives à vivre de ta musique maintenant ?

Je vais voir mon nouveau conseiller RSA dans 30 minutes, olé !

Quels sont tes futurs projets pour 2018 ?

Je voudrais réaliser un beau et long film, un film en costumes si possible.

Audio

Mixtape

Tracklist

Lisa Lotion – Bbbmh
Inès & Regis Turner – Soledad
Christophe Clébard – Les enfants
Anne Laplantine – À main
Bitsu – Halla
Céline et Jean-Francois – ÃŽle s’éloigne de plage
Èlg – Triste zoo
Sara Fuego – Una ultima lagrima
« Blue » Gene Tyranny – Leading a double life
Ce Soir – Il neige à la chaux-de-fonds

Écrit par: Guillaume Cohonner

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