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Il a toujours été question d’expérimentation chez Helena Hauff (lire). La boucle techno jusqu’à l’infini, le mantra infaillible de la musicienne allemande. Depuis 2013 et la sortie de ses premiers travaux chez Ninja Tune et Werkdiscs, on ne retient plus que son regard dur et noir qu’on sait précéder la traque de la transe infinie, celle qui te fait oublier l’espace-temps qui te situe. La plus belle des insomnies.
La boucle techno donc, mais toujours un peu poncée, élimée. Le son de Qualm est solide, les kicks visent juste et charpentent les tracks à grandes enjambées, toisant les gazouillis électroniques du fond plus que les disciplinant. Parce que c’est là que nos oreilles attentives y trouvent à danser, les enregistrements d’Helena Hauff sont, sans avoir l’air d’y toucher, truffés de bruits parasites (Primordial Sludge), rongés d’effets en sourdine. Bref, des sonorités qui sont là pour rappeler que c’est justement derrière cette pollution de façade qu’il faut gratter pour y dénicher plus belle densité. Voire beauté inédite.
C’est la force de frappe impressionnante de miss Hauff qui joue à faire grincer ses bandes sonores avec sérieux, claquer les dents de son public avec mystère. Sombre toujours, la composition navigue entre la techno brute allemande, la synth-pop un peu chagrine des années 1980, l’acid et l’EBM : les lignes bousculent les corps, snares au carré, les traces restent et donnent de la consistance à l’ensemble. Comme sur It Was All Fields Around Here When I Was A Kid. L’effet de réverbération infuse cette chaleur indispensable, la saveur de la perche, trop souvent oubliée des clubs mis au régime binaire. Comme sur Fag Butts In The Fire Bucket.
Qualm déboule après cinq ans de boulot, devant et derrière les platines, et assène un gros coup de pelleteuse sur la tronche avec ce vibrant nouvel album. Non contente d’avoir été résidente au club hambourgeois Golden Pudel, Helena Hauff tient les manettes de son propre label depuis 2015, Return To Disorder, tiré du blase de l’un de ses premiers (et très bons) EPs et qui compte des pointures aussi diverses que le duo anglais psych/drone Children Of Leir, le DJ français Umwelt ou encore Morah. Souvent techno mais pas seulement, la poisse et l’industriel (The Smell Of Suds And Steel), la boucle, usée jusqu’à l’infini. Helena a tout compris.
Helena Hauff – Qualm (Ninja Tune, 24 août 2018)
01. Barrow Boot Boys
02. Lifestyle Guru
03. btdr-revisited
04. Entropy Created You And Me
05. Fag Butts In The Fire Bucket
06. Hyper-Intelligent Genetically Enriched Cyborg
07. The Smell Of Suds And Steel
08. Primordial Sludge
09. Qualm
10. No Qualms
11. Panegyric
12. It Was All Fields Around Here When I Was A Kid
Écrit par: Louise Bonnard
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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