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Saroos – See Me Not

today13/11/2010 92 1

Arrière-plan
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Anticon et Alien Transistor, deux labels que tout semble séparer, opposer. Deux mondes à l’étanchéité de surface, à la voilure économique incomparable, ne gravitant ni sur le même centre (le hip hop pour l’un, l’électronica pour l’autre), ni sur la même sphère géographique (les Etats-Unis, l’Allemagne). Un océan d’altérité sur une planète aux distances de plus en plus réduites. Les autoroutes de l’information dit-on, le creuset de connexions souterraines surtout. Et 13 & God, sa pure expression. Collaboration formée autour de Themselves et de The Notwist, le no-hip hop des Californiens s’entiche à merveille de l’indietronica des Bavarois et pose dès 2005 les premiers jalons d’une alliance des antipodes : sorti conjointement sur Anticon et Alien Transistor – le label des frères Acher de The Notwist – l’album éponyme de 13 & God trouve un auditoire médusé tant par le charme d’une mélancolie désenchantée et scandée – avec l’immixtion du chant de Markus Acher au phrasé de Doseone – que par l’altruisme de complicités de clans, puisque Yoni Wolf de Why ?, signé chez Anticon, Valerie Trebeljahr de Lali Puna, l’autre groupe de Markus Acher, et Stephanie Böhm de Ms. John Soda, le side-project de Michael Acher, prêtent leur voix à un disque en appelant récemment un autre, annoncé pour le début de l’année 2011. Et tandis que l’impatience fait tâche d’huile, Saroos ajoute sa pierre à l’édifice à l’union de bon goût entre Anticon et Alien Transistor.

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Responsable en 2006 d’un premier essai, lui aussi éponyme, paru sur la structure des frères Archer et conjuguant le post-rock fondamental de Tortoise aux ambiances éthérées des Ecossais de Board of Canada, magnifié d’une fructueuse collaboration avec Alias d’Anticon sur le morceau During This Course, les Allemands de Saroos empruntent les mêmes chemins de traverse que leurs brillants compatriotes, éditant See Me Not, leur second effort, via les deux labels précités. Le trio, composé d’activistes forcenés de Morr Music – la maison mère de The Notwist – avec Christoph Brandner (Console, Lali Puna), Florian Zimmer (Jersey, Iso68) et Max Punktezahl à la batterie (Jersey, Contriva), ne s’est d’ailleurs pas arrêté en si bonne route, traversant derechef l’Atlantique histoire d’enregistrer en Californie les huit morceaux composant l’instrumental See Me Not, et ce, sous la houlette avisée d’Odd Nosdam, l’un des producteurs attitrés d’Anticon et ancien cerveau des déstabilisants cLOUDDEAD. En somme, un tel monde de références et de consanguinité ne pouvait accoucher d’une souris. D’entrée, l’abrasif Lobster Claw allume la mèche d’un post-rock transcendé de sa fatuité et inocule un groove incendiaire dans ses interstices les plus arides, culminant notamment sur l’essentiel Fog People. Le feu une fois éteint, l’album semble basculer vers des territoires moins escarpés avec See Me Not, le morceau-titre, où la contemplation hallucinée prend le pas sur la mise en danger. Exit donc les similitudes que l’on aurait pu déceler dans cet art partagé avec les Canadiens d’Holy Fuck. Ainsi, les beats de Scott et de Yukoma osent de pénétrantes polyrythmies balayées de samples à la cosmicité irréfreinable quand le disque s’achève sur Outrigger et son clavier crépusculaire. Une baisse d’intensité en rien synonyme d’incomplétude tant l’attention se trouve embobinée dans les méandres d’une imagination confondante. Une expérience bientôt à vivre en concert lors d’une date unique en France, le 8 décembre prochain au Little Bastard (11e) en première partie d’Odd Nosdam. Les élèves n’ont pas encore surpassé le maître. Pour le moment.

Audio

Saroos – Lobster Claw

Vidéo

Kill Your Pop – Saroos (Live) from La Blogotheque on Vimeo.

Tracklist

Saroos – See Me Not ( Alien Transistor / Anticon, 2010)

01. Lobster Claw
02. Daylight Chant
03. Fog People
04. See Me Not
05. Scott
06. Yukoma
07. Týden Divu
08. Outrigger

Écrit par: Thibault

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Commentaires d’articles (1)

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  1. Boisseau sur 30/11/2010

    Ce n’est pas au Little Bastard mais au Blow Up. Même adresse mais nouveau lieu.
    Merci

HZ since 2007

Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous  explorions  sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !

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