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The Pains Of Being Pure At Heart l’interview

today20/11/2010 38 1

Arrière-plan
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Révélé presque inespèrement à la faveur d’un premier album éponyme, paru l’année passée, via les labels de choix Slumberland et Fortuna Pop, les New-Yorkais de The Pains Of Being Pure At Heart s’apprêtent à franchir ostensiblement le pas du second effort, si redouté et redoutable pour tout groupe envisageant sa musique sur la durée. Émanant de l’incommensurable vivier brooklynois, la gageure est de taille mais loin d’être insurmontable pour ces jeunes gens d’à peine vingt ans. Ayant aimanté par leur noise-pop, à la fois tendre et téméraire, douce et éraillée, l’attention d’un public composite, immédiatement conquis par leur romantisme saturé et leur attitude sage et réfléchie, les Pains Of Being Pure At Heart s’inscrivent en droite lignée de leurs aïeux britanniques du mitan des années quatre-vingt. Enregistré l’été dernier entre Londres et New-York et précédé d’un single récemment dévoilé, Heart In Your Heartbreak, en écoute ci-dessous, la sortie de Belong en mars prochain s’annonce d’ores et déjà tel un puissant révélateur de renommée pour le quatuor ayant décidé de s’entourer à cette occasion des pontes Mark Ellis – alias Flood – à la production (Nine Inch Nails, PJ Harvey, Depeche Mode) et Alan Moulder (The Jesus and Mary Chain, Ride, My Bloody Valentine) au mixage. Rien de moins. Mais rien d’étonnant pour un groupe affichant, sans esbroufe ni vanité, tant sa filiation historique indiepop que son appartenance indéfectible au présent. Avec eux, et ce en dépit d’une science de la généalogie indie, point de vaines resucées passéistes. Et si certains morceaux d’alors sonnaient tels des lettres d’allégeance destinées à une montagne de références – This Love Is Fucking Right ! faisant par exemple écho à la chanson This Love Is Not Wrong de The Field Mice – ceux de Belong, malgré un enregistrement plus nuancé et débarrassé d’une bonne dose de réverb’, s’écartent peu de cette réactualisation, désormais perpétuelle à l’heure d’internet, des idéaux indiepop – à savoir indépendance, spontanéité, refus mercantile et reversement des valeurs machistes. Un peu à la manière de Wild Nothing (lire), leur son mais aussi leur appartenance à des labels sachant préserver leur indépendance par le biais d’internet et d’une exigence sans faille, Slumberland et Captured Tracks pour les derniers cités, posent avec une acuité une question dont on ne pourra supposer la réponse qu’armé de « si » en cascade. En effet, quel aurait été le devenir de labels tels Sarah Records, Postcard ou Subway s’ils avaient chacun mis en branle, du temps de leur existence, les potentialités de diffusion et d’influence que suppose internet ? Les fondateurs de Sarah Records, Matt Haynes et Clare Wadd, auraient-ils décidé de stopper net, dès 1995 et la centième sortie, après huit ans d’activisme au service de la cause indie, leur abondant et riche catalogue essentiellement constitué de 45 tours de The Field Mice, The Orchids, The Wake ou The Sea Urchins ? Le label météore écossais Postcard Records – seulement deux ans d’existence pour onze sorties parmi lesquelles Orange Juice, le groupe soul-punk d’Edwin Collins, Jospeh K et The Go-Betweens – aurait-il été destiné à une trajectoire si fugace ? Évidement, la même interrogation vaut pour Subway, prédécesseur de Sarah à Bristol, mais peut aussi valoir pour toutes ces expériences humaines et musicales n’ayant su apprivoiser l’industrie du disque sur son propre terrain. On pense à la disparition de Factory et de Zoo Records, fondé par Bill Drummond, aux malencontreux fricotages de Mute, 4AD et Creation avec les majors du disque et à la brutale dénaturation de Rough Trade, vidée de ses principes de base collectivistes. C’est donc tout un pan de la culture musicale de ces dernières décennies qui se retrouve habilement mis en exergue dans l’imaginaire indie actuel. Il n’y a donc qu’à fermer les yeux et se dire que malgré les années rien ne s’est étiolé : l’indépendance peut encore s’avérer volubile et légère telle une pop-song délicatement distordue. Sans attendre son incarnation sur microsillon avec Belong, The Pains Of Being Pure At Heart sera en concert le 22 novembre prochain à Glazart (concours), en compagnie des Français d’Eyes Behind ouvrant une soirée organisé par Summery Agency. D’ici là, entretien avec Kip Berman, leader aussi bavard qu’étonnamment érudit.

Entretien avec Kip Berman

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Votre premier album a rencontré un accueil plus que favorable par la critique et le public. S’il y a le goût de la nouveauté pour les plus jeunes, n’es-tu pas fatigué d’entendre à tout bout de champ, de la part des plus vieux, une montagne de références – telles Sarah Records et la génération C86 – souvent réductrices ?
Critics and the public gave a very warm welcome to your first album. Ain’t you tired though, of listening to the same old references like Sarah Records and the C86 generation, often from the older ones? Isn’t it too simplistic?

Nous sommes en fait très reconnaissants d’être rattachés à une tradition musicale si riche, éthiquement et esthétiquement vitale et réalisée avec passion comme l’indiepop produite par des labels tels que Sarah Records, Postcard Records, Creation, K Records, Subway et bien d’autres encore… Bien que les comparaisons aient parfois tendance à ne pas prendre en compte la diversité de nos goûts musicaux, c’est très flatteur d’avoir ces gens qui nous voient nous construire sur cette musique remarquable qu’est celle de ces groupes et de ces labels précurseurs.

We’re actually very grateful to be linked to a music tradition as rich, ethically and aesthetically vital and passionately executed as indiepop music from labels such as Sarah, Postcard, Creation, K, Subway, and so many more. Even if the comparisons sometimes don’t entirely seem to take into account the diversity of our musical tastes, it’s super flattering that people see us as building on the remarkable music of those pioneering bands and labels.

Donc si je te dis qu’invariablement – en vous écoutant – j’ai l’impression de distinguer aussi bien la préciosité de The Field Mice que le tranchant d’un Sonic Youth pop… tu ne vas pas dédaigner cette interview par lassitude ?
So if I tell you, that when I listen to your music, I have the feeling to hear The Field Mice’s preciousness, as well as the pop Sonic Youth’s sharpness, won’t you give up the interview by weariness?

Oh non, c’est génial ! Merci ! C’est excitant de savoir que certaines personnes peuvent voir en nous les qualités de deux groupes apparemment différents et que l’on aime beaucoup. On adore Sonic Youth et très peu de gens ne nous ont jusqu’à maintenant comparés à eux, donc c’est plutôt cool que tu distingues ça dans ce qu’on fait. Peggy était dans un fan club de Sonic Youth étant jeune et elle échangeait des mixtapes avec les autres gamins du club.

Hell no, that’s awesome! Thank you! We’re excited that people can see in us qualities of two seemingly distinct bands that we love very much. Plus, we love Sonic Youth a lot and not very many people ever compare us to them, so it’s cool that you hear that in what we do. Peggy was in a Sonic Youth fan club growing up and exchanged mix tapes with other kids in the fan club.

Parle-moi de votre musique, de votre album et de vos quelques singles / maxis, au travers de quelques disques absolument fondamentaux à tes yeux…
Can you tell us about your music, your record and your few singles and maxis, through the most essentiel records to you?

Je dirais que notre premier EP éponyme – que nous avons nous-mêmes sorti en 2007 – était presque une lettre d’amour à certains des groupes qui nous ont donné l’inspiration pour nous lancer. Rocketship, The Field Mice, My Bloody Valentine (l’ère SunnySundae Smile), Black Tambourine, The Vaselines et The Ramones. On avait sorti un maxi trois titres – dont Orchad of my Eyes sur CloudBerry Records avant l’EP, et c’est vraiment cool d’avoir fait partie de cette série sachant c’est l’un des labels indiepop les plus intéressants du moment. On a fait un split 7 » sur Atomic Beat avec la chanson Kurt Cobain’s Cardigan, avant d’en faire un autre sur Slumberland avec une première version de Come Saturday.
Avec le temps notre son a plus ou moins commencé à nous ressembler, mais je ne nierai jamais l’influence de certains de nos groupes favoris, en particulier sur nos tout premiers enregistrements. J’imagine que les gens avaient raison de critiquer nos trop nombreuses références, mais pour moi il est naturel pour un groupe débutant de tenter de ressembler à ceux qu’ils aiment, et c’est ensuite par l’inexactitude de l’imitation que la créativité émerge et que ces groupes deviennent ce qu’ils sont. C’est un cycle qui ne cessera d’exister. On espère même qu’un jour, un nouveau groupe prendra modèle sur nous à ces débuts, se plantera et deviendra encore meilleur.

I would say our first self-titled EP that we self released in 2007 was almost a love letter to some of the bands that inspired us to start playing. Rocketship, The Field Mice, My Bloody Valentine (Sunny Sundae Smile – era), Black Tambourine, The Vaselines and The Ramones. We actually put out a 3 song CD-R on Cloudberry Records prior to the EP, and it was really cool to be a part of that series, as Cloudberry is one of the coolest new indiepop labels operating today. We did a split 7″ on Atomic Beat for the song Kurt Cobain’s Cardigan before doing a split 7″ on Slumberland for an early version of Come Saturday.
Over time we sort of started to sound like us, but I’ll never deny the influence of some of our favorite bands, especially on our very earliest recordings. I guess people were right to criticize us a bit for being a bit too reverential, but to me it’s very natural that when any band starts they attempt to be like the thing they love, and then through the inaccuracy of imitation, true creativity begins to emerge and they become who they are. I’m pretty sure every band wanted to be like their favorite bands when they started – it’s a cycle that will continue on forever. Hopefully someday a new band will start that tries to be like us, gets it wrong, and becomes even better.

Cela fait quoi d’être remixé par les mythiques Saint Etienne ? Comment la chanson Higher Than the Stars s’est-elle retrouvée entre leurs mains ?
How does it feel to have one of your song remixed by the mythical Saint Etienne? How did the song Higher than The Stars end up in their hands?

C’était incroyable ! Lorsque l’on a reçu le remix, on était au Canada. Après l’avoir écouté dans le van, on était complètement stupéfaits par la beauté de ce qu’ils avaient fait de notre morceau. C’était carrément dingue d’avoir notre musique retouchée par Saint Etienne, un groupe que l’on adorait dans notre jeunesse. Ils représentaient cette parfaite rencontre de l’indiepop et de la dance music. Pour remixer notre musique, ils semblaient être le choix le plus parfait et le plus évident. On leur est toujours aussi reconnaissants d’avoir accepté de le faire. C’est, sans hésitation, l’un des trucs les plus cools qui nous soit arrivé.

It was incredible. I remember when we got the remix back, we were in Canada and listened to it in the van and were absolutely astounded by how beautiful they made it. It felt so crazy that our music was being touched by Saint Etienne, a band we really loved so much growing up. Plus, they represented that perfect intersection of the indiepop world and the dance world, so for a remix of our music, they seemed the most obvious and perfect choice. We’re still very grateful they agreed to do it. It was totally one of the coolest things that has happened to us.

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D’où vient cette innocence empreignant chacun de vos morceaux ? D’une volonté musicale ou de la personnalité de chacun d’entre vous ?
Where does this innocence soaked in all of your songs come from? Is this a common direction or does it come from your different personalities?

Je ne pense pas que nos chansons soient particulièrement innocentes… Nombre d’entre elles abordent le sexe, les drogues et tout ce qui s’en suit. Mais je ne crie et n’agit pas comme un super macho sur scène, c’est très différent de l’habituelle performance rock’n’roll. Je ne verse pas dans le côté édulcoré de l’indiepop, non pas que ça ne soit pas beau, mais parce que ça n’a aucune relation avec ma vie. Tous ces trucs sur les promenades en vélo, se tenir par la main et les journées printanières… ça me semble juste très préfabriqué et pas vraiment à l’image de ce qu’est la vie. La vie est plus compliquée, les gens veulent coucher les uns avec les autres, tout le monde n’est pas poli et mièvre… Je veux chanter à propos de choses que l’on expérimente et non dépeindre une intenable idylle un peu niaise.

I think our songs aren’t particularly « innocent » – a lot of them have to do with sex, drugs and all that. But I don’t really scream or act super macho on stage, so it’s really removed from the traditional « rock and roll » delivery. I am not into the super saccharine side of indiepop – not because it isn’t beautiful, but because it has no relation to my life. All that stuff about riding bikes, holding hands and spring days – it just seems very contrived and not really how life is. Life is more complicated, people want to sleep with each other, not everyone is painfully polite and twee – I just want to accurately sing about things we experience, not try to paint some untenable twee idyll.

Les saturations constituent le côté sombre de l’innocence… une certaine violence spontanée ?
Do saturations of your sound represent the dark side of innocence? A certain kind of spontanious violence?

La musique qui nous a toujours le plus attiré est cette combinaison de sonorités abrasives et viscérales avec la beauté de la mélodie. Plus tôt tu as mentionné Sonic Youth… difficile de penser à un meilleur exemple de groupe exploitant au mieux des sons très sombres tout en créant une musique sublime. Aussi, n’oublions pas que faire du rock est une bonne chose. Le machisme est un cliché, l’attitude est surfaite, mais l’idée que la musique assure (me) plaît toujours autant. J’aime le puissance, l’immédiateté, la vitalité qui s’en dégage.

The music that has always appealed to us most is a combination of the abrasive, visceral elements of sound with the loveliness of melody. Earlier you mentioned Sonic Youth, and I can’t think of a better example of a band that harnesses darker sounds to create beautiful music. Also, let’s not forget that « rocking » is a good thing. The machismo is cliche, and the posturing is contrived, but the idea that music rocks still appeals (at least to me) on a very basic level. I love the power, the immediacy and vitality of that.

Parlons de votre futur proche. Il y a une grande attente s’agissant de votre second album. C’est stressant ? Cela change-t-il votre façon de concevoir l’écriture d’un morceau ?
Let’ talk about your nearest future. People are really looking forward for your second record. Is it stressfull? Does it change the way you write songs?

On l’attend aussi avec impatience ! Non, le stress n’est jamais dû aux espérances. C’est une situation dont tu ne peux t’échapper et si tu essayes d’y penser, tu risques de sortir un mauvais album. Il est important que les valeurs et les idéaux avec lesquels on a commencé restent consistants. Si l’on reste vrai pour nous même et pour ce que l’on entreprend d’être, je pense que peu importe que les choses soient neuves ou différentes musicalement, ça restera toujours nous-mêmes. Comme pour le premier album, on a pris notre temps et écrit les meilleures chansons possibles. On les a enregistrées avec beaucoup de soin sans que cela en devienne avilissant, ni d’une précision stérile. C’est dur à expliquer, mais quand j’écoute le nouvel album, je trouve qu’il nous ressemble, mais un nous qui n’aurait pu être possible sans l’expérience de l’album précédent et d’être parti en tournée, apprenant un tas de trucs sur la route.

We’re looking forward to it too! No, the stress is never about expectation – that’s a situation you can’t escape and if you try to think about it, you’ll likely make a bad record. It’s most important that the values and ideals that we started with remain consistent – if we stay true to ourselves and what we set out to be, I think however « new » or « different » things may be musically, it will always still remain « us. »Â So just like the first record, we took our time and wrote the best songs we could, and recorded with a lot of care, but not like, soul crushing, sterile precision. It’s hard to explain, but when I hear the new record, it just sounds like us, but an « us » that could have only been possible by having gone through the process of making a record once before and having toured and learned a lot of stuff along the way.

Quelle sera la teneur de Belong (à paraître en mars 2011) : une rupture ? une transition ? une confirmation ?
What will be the intention of this new record? a breaking-off, a transition, a confirmation?

On apprécie ce que l’on est, alors la pensée de soudainement faire quelque chose de totalement différent semble un peu en conflit avec les raisons pour lesquelles on a monté le groupe au départ. Nous ne sommes pas là pour vous montrer que l’on peut jouer tout type de musique ou que nous sommes profondément talentueux et capable de grandes prouesses artistiques. Nous sommes là pour faire la musique qu’on aurait voulu entendre quand on avait dix-sept ans, le genre de musique qui plait aux gens pour qui la musique importe beaucoup. Ca ne définira peut être jamais une génération et ça ne sera sans doute jamais sur la liste des choses les plus importantes de ce siècle. Ça serait cool d’être comme les Ramones, juste quelque chose de cent pour cent YES, qui puisse évoluer ou devenir adapté à la consommation de masse sans que pour les fans cela n’aie aucune importance. En anglais on dit too good to be true (trop beau pour être vrai). J’aime nous voir too true to be good. Je poursuis une idée sans concession de ce que nous voulons être, même si ce n’est pas le truc sophistiqué ou à la mode qui soit.

We like who we are, so the thought of all of a sudden trying to do something totally different seems a bit at odds with why we started the band in the first place. We’re not here to show you that we can play any style of music, or that we are profoundly talented or capable of great artistic statements. We’re here to make the music we’d want to hear when we were 17 – the kind of music that matters to the kinds of people to whom music matters a bit too much. It may never define a generation, it may never be on the century’s most important lists and all that. It’d be cool to be like The Ramones- just something totally 100 percent « yes » that, to the people that are into it, it doesn’t matter if it evolves or becomes suitable for mass consumption. In English, there’s this expression « too good to be true. » But I like to think of us as « too true to be good. » I’m into an uncompromising sense of what we want to do, even if it’s not the trendy or sophisticated thing.

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Après Higher Than the Stars et le 7″ Say No To Love, vous sortez Heart In Your Heartbreak en novembre, un single que l’on retrouvera sur le prochain disque. Vous affectionnez les petits formats ? Que représentent-ils à vos yeux ? Une façon plus immédiate d’égrainer votre musique ?
After Higher Than The Stars and the 7″ Say No To Love, you’re putting out Heart In Your Heartbreak in november, a single that will be on your next album. Do you particuly like those litlle kinds of records? What do they represent to you ? Is it an faster way to put your music out?

Oui et oui. Parce que nous avons ce sentiment très vieux jeu qu’un groupe devrait partir en tournée le plus possible pour diffuser son message, plutôt que de s’appuyer exclusivement sur internet. Il est important pour nous de toujours avoir de nouveaux morceaux pour les gens qui viennent à nos concerts. Nous ne pensons pas que la pop est un acte de génie isolé, sortant un nouvel album une fois tous les quatre ans… Nous devons continuer à travailler, à nous efforcer d’écrire de nouvelles chansons que les gens apprécient. C’est peut-être parce qu’on est Américains, mais on a cette idée que si tu fais quelque chose dans ta vie, il faut que tu le fasses à fond. Les 7 » c’est l’éclate et le fait que notre label ne voit pas d’inconvénient à en sortir un grand nombre, bien qu’il n’en tire pas de profit, c’est vraiment génial.

Yes and yes. Because we have this very old fashioned sense that a band should tour as much as possible to spread its message, rather than relying solely on the Internet, it’s important for us to always have new music available for the people that come to our shows. We don’t have this sense that pop music is this act of isolated genius, being released once every 4 years or whatever – we need to keep working, keep striving to create new songs for people to enjoy. Maybe it’s because we’re American – but there is this sense that, if you do something in life, really do it. 7″ singles are great fun, and the fact that our label doesn’t mind releasing them a lot, even though they make no money, is awesome.

D’ailleurs, pourquoi avoir choisi Slumberland et quelles sont vos relations avec ce label pétri d’histoire (St Christofer, The Black Tambourines, Stereolab…) et d’idéologie indie ? Comment êtes-vous entrés en contact avec eux ? Allez-vous continuer l’aventure ensemble ?
Why did you choose Slumberland and what is your relationship with this historical indie label (St Christopher, The Black Tambourine, Stereolab…)? How did you meet them? Are you going to move on together?

Alors pour être clair, en Europe et au R-U, nos disques sont distribués par l’extraordinaire label indiepop Fortuna Pop qui a distribué dans le passé des albums de chez Slumberland, tel que l’inimitable The Last Match des Aislers Set. Mais Fortuna Pop a aussi lancé certains de mes groupes préférés, comme les Lucksmiths ou les Comet Gain, dont l’album Realistes est sans doute un des plus fins exemples d’indiepop brutalement intelligente, romantique et passionnée. L’idée de base du label est que même si cette musique est communément impopulaire, elle ne devrait pas forcément l’être. C’est une attitude d’opprimé ne reconnaissant pas la défaite et nous sommes heureux d’en faire partie.

Pour ce qui est de notre relation avec Slumberland… Je vous écris à ce moment même de San Francisco, Californie, de l’autre côté de la baie d’Oakland, ville natale du label. C’est un label qu’on aime depuis l’enfance, et comme tu l’as mentionné, son catalogue est impressionnant. Il me semble avoir discuté pour la première fois avec Mike alors que je commandais la rétrospective originale des Black Tambourine en 10 » – ils ont d’ailleurs récemment sorti une version plus épurée en 12 ». Il était vraiment content de voir que quelqu’un commandait ce disque et il m’a laissé un mot très sympa. Je lui ai plus ou moins mentionné qu’ils étaient d’une grande influence sur le nouveau groupe que j’étais en train de monter et il nous a derechef booké avec un autre groupe de Slumberland à New York. Je suis presque sûr qu’il était ivre quand il nous a vu jouer, parce qu’il a vraiment trop aimé notre concert. Mais peu importe… il nous a dit que si jamais il nous prenait l’envie de faire un disque, il adorait s’en charger.

L’idée de sortir un disque chez Slumberland était complètement hallucinante. Le meilleur endroit possible pour notre musique même… Dès lors, on n’a jamais vraiment porté attention aux offres d’autres labels. On a vraiment pris notre temps pour réaliser notre premier album, d’ailleurs personne ne se rend bien compte du temps qu’il faut pour concevoir un premier disque puisque personne n’a connaissance de votre existence. On a vraiment voulu qu’il soit le meilleur possible afin d’être digne de Slumberland tout en leur témoignant notre admiration et notre respect. Lorsque temps était venu pour nous d’enregistrer notre second album et qu’une kyrielle de directeurs artistiques, tous plus ringards que les autres, désirait nous signer sur leurs grands labels, on est resté catégorique sur notre volonté de continuer à travailler avec Slumberland. Ce n’est pas que les majors sont aussi diaboliques que certains se prêtent à le croire, elles débordent en fait de véritables mélomanes, mais nous pensons avoir le meilleur label possible pour le genre de musique que l’on fait. Nous ne sommes pas prêts de le troquer en échange de plus d’argent ou quelque chose d’aussi stupide.

Well, to be clear, in the UK and Europe our records are released by an equally amazing one-man indiepop label called Fortuna Pop. Fortuna Pop has licensed releases from Slumberland in the past, such as the inimitably great Aislers Set The Last Match record. But Fortuna Pop has also released some of my favorite bands ever, like The Lucksmiths and Comet Gain, whose album « Realistes » is perhaps one of the finest examples of brutally intelligent, romantic and unabashedly passionate indiepop ever made. The label is based on the idea that just because this music is always unpopular, doesn’t mean it should be. It’s an underdog attitude that doesn’t concede defeat, and we are happy to be a part of that.

As far as our relationship to Slumberland goes, well, I am writing this as I sit in San Francisco, CA across the bay from Oakland, CA - the home of the label. It’s a label we grew up loving, and as you mentioned, it’s catalog is so impressive. I think i first interacted with Mike when i was ordering the original Black Tambourine 10″ retrospective (they’ve recently released a more flushed out 12″ version). He was really excited that someone was ordering the record and dropped me a really nice note. I sort of mentioned they were a big influence on this new band I was starting and he booked us to support another Slumberland band when they played in New York. I’m pretty sure he was intoxicated when he saw us play, because he liked it way too much. Anyway, he told us if we ever wanted to put out a record, he’d love to do it.

The idea of Slumberland releasing one of our records was very mind blowing. From that point on we didn’t really even entertain any other sorts of label offers, because to us Slumberland was the best possible place for our music. We really took our time to release the first record (no one notices how long it takes to release a first record because they don’t know you exist). We really wanted to make it as good as possible to be worthy of Slumberland and demonstrate our love and respect for the label. When it came time to do our next record and all the cheesy record A+R people wanted to sign us to their bigger labels, we were pretty adamant that we were happy to continue working with Slumberland as our record label. Not that major labels are as evil as people think, they are actually filled with people that love music as well – but we just thought we had the best possible label for the kind of music we played, and we weren’t about to give that up just to get more money or something dumb like that.

Est-ce important pour vous cet esprit indiepop, notamment vis-à-vis de l’industrie musicale ? Se traduit-elle dans l’esthétique musicale et visuelle du groupe ?
Is this indiepop spirit important to you, talking about the record industry? Does it influence the musical and visual aesthetic of the band?

Absolument. Nous demander d’être tête d’affiche du festival Indietracks au Royaume-Uni l’année dernière a été un très grand honneur, car ce festival est réservé aux groupes qui, comme nous, s’intéressent à l’indiepop de façon inconditionnelle et passionnée. On pense notre musique comme étant pop, mais il est indéniable qu’une large part de l’esthétique qui nous est chère passe par l’indiepop, et cette communauté a été la première – et possiblement la seule – à défendre notre musique. Donc oui, s’ils m’attachent au mur et me fusillent pour quelque chose, je l’accepterai pour l’indiepop avec fierté.

Absolutely. It was one of the biggest honors ever to be asked to headline the Indietracks festival in the UK last summer, because that festival is solely for bands like ours, bands that care about indiepop in this fervent, impassioned way. We actually think of our music as « pop » but it’s undeniable that much of the aesthetic that we hold dear is routed in indiepop, and that community was the first (and possibly only) to champion our music. So yeah, if they pin me to the wall and they shoot me for something, I’ll gladly take it for indiepop.

Quel est votre sentiment à propos d’une blogosphère mondiale semblant perturber le mainstream par la gratuité, le DIY intégral et l’immédiateté ?
What do you think about blogs that seem to disturb mainstream proposing lots of free content? DIY and faster access to everything?

Pour nous ça a été magnifique. On ne peut pas nier que si notre musique a été si rapidement écoutée, on le doit avant tout à sa large diffusion sur internet. Même si nous pensons que les tournées sont le meilleur moyen pour un groupe de se faire connaître, quand vous commencez et que vous n’avez pas l’argent pour ça, internet permet à vos idées d’être entendues et soupesées par une frange de la population que vous n’auriez jamais autrement touché. Ceci dit, bien que tout le monde sache que la distribution gratuite de musique fait du tort aux majors, personne ne s’en soucie vraiment. Et même si vous entendez Metallica s’en plaindre, le piratage nuit surtout aux labels indépendants. Les gens devraient comprendre que quand ils omettent d’acheter la musique diffusée par les labels indie, ils mettent en péril leur existence, ainsi que celles des boutiques indie !

En tant que groupe, ça nous est égal si les gens volent notre musique, parce que la plupart du temps, ils finissent par venir nous voir en concert et acheter un vinyle s’ils aiment. S’ils n’aiment pas, je ne voudrais pas qu’ils regrettent leur achat. Mais du point de vue de nos labels, on encourage les gens à supporter Slumberland et Fortuna Pop, parce que ce sont des types biens dans l’industrie du disque. Chacun de ses deux labels est le fruit d’une seule personne, sortant de la musique underground depuis respectivement vingt et quinze ans, et ce sans le faire pour l’argent. Ils le font par amour de la musique, s’intéressant à des groupes que le mainstream ignore. C’est un problème compliqué mais nous ne sommes pas avides. Ça nous est égal que tu télécharges nos trucs !

For us it’s been wonderful. We don’t deny that the ability for our music to be heard so immediately when we started was largely the result of the rapid distribution of it on the Internet. We also believe that touring is the best way for bands to get their music out, but when you’re starting and you have no money to tour at all, the Internet allows your ideas to be heard and evaluated by a large population that otherwise would never get to see you where you live. That being said, while it is common knowledge that the free distribution of music hurts major labels, that is not something that most people care all that much about. However, it also hurts indie labels as well – and while you hear about Metallica complaining about pirating, people should understand that when they fail to buy things from indie labels, they imperil the existence of those labels (as well as indie record stores!).

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Vous êtes de Brooklyn. Mais je n’ai pas assez de doigts pour compter le nombre de groupes qui se créent là-bas chaque minute. Du coup, s’il y avait une scène à laquelle The Pains Of Being Pure At Heart appartient… quelle serait-elle et comment la définiriez-vous ? Vous traînez avec d’autres groupes ?
Your are from Brooklyn, but I don’t have enough fingers to count the huge amount of bands being created every second. So, is there a scene that The Pains of Being Pure at Heart belong to? How would you define it? Do you hang out with other bands?

We don’t care from our perspective if people steal our music, because usually they end up coming to a show and buying the vinyl if they like it – and if they don’t like it, I wouldn’t want anyone to feel upset about purchasing our stuff. But from our labels perspective, we do encourage people to support Slumberland and Fortuna Pop, as they are the good guys in the record business. They are 1 person operations that have been putting out underground music for the last 20 and 15 years respectively and they don’t do it to make money. They do it because they love music and care about bands that more mainstream sources ignore being heard. So yeah, it’s a complicated issue, but we are not greedy and we don’t care if you steal our stuff!

C’est étrange, car nous sommes fans d’autres groupes de Brooklyn, comme Crystal Stilts, Dream Diary, Vivian Girls, The Hairs, The Depreciation Guild, Zaza, Hooray for Earth, My Teenage Stride, The Secret History, German Measles et bien d’autres. Mais, bien que nous possédons une collection d’albums très similaires à celles de ces groupes, il est difficile de penser qu’une seule et unique esthétique les unifie tous. Même si personne en Amérique n’admet jamais faire parti d’une scène, je peux absolument comprendre pourquoi les groupes de Brooklyn sont perçus de cette façon. On est sans aucun doute amis avec beaucoup d’autres groupes. Je dirais qu’il n’y a PAS réellement de concurrence. Les gens ne sont pas du style à proclamer je veux être le meilleur groupe, et s’ils le sont, ça ne se fait jamais au détriment de quiconque. Chacun va aux concerts des autres et tout le monde se supporte mutuellement. C’est très amical et pas spécialement acharné, ce que peu de gens comprennent à propos de Brooklyn et New-York s’ils s’arrêtent à ce qui est dépeint à la télé ou dans les films.

It’s weird, because we are huge fans of the other bands in Brooklyn – bands like Crystal Stilts, Dream Diary, Vivian Girls, The Hairs, Depreciation Guild, Zaza, Hooray for Earth, My Teenage Stride, The Secret History, German Measles, and so many more. But, while we have really similar record collections as a lot of those bands, it’s hard to think that there is a single aesthetic that unifies them all.

That being said, no one in America ever admits to there being a scene, but I can definitely understand how the bands in Brooklyn can be perceived that way. And yeah, we’re definitely friends with a lot of the other bands. I would say that it’s really NOT competitive. People aren’t like « i want to be the biggest band » or, if they are, it’s never at anyone’s expense. People come to each other’s shows and support one another – it’s really friendly and not very cut-throat, which I feel many people might not understand about Brooklyn/NY if they simply see how it is portrayed in tv and movies.

Est-ce facile de conjuguer The Pains Of Being Pure At Heart avec vos différents side-project (The Depreciation Guild…) ?
How do you deal with The Pains of Being Pure at Heart and all your different side projects (The Depreciation Guild…)?

The Depreciation Guild n’est pas un side-project de The Pain Of Being Pure At Heart. C’est un groupe différent qui existait avant nous. Kurt est batteur pour The Pain of Being Pure At Heart, mais il écrivait et performait déjà avec The Depreciation Guild et Chistoph – qui joue de la guitare avec nous pendant la tournée – bien avant que nous ne nous soyons formés. Nous avons donc fait de notre mieux pour laisser du temps aux deux groupes, histoire de tourner et d’enregistrer. C’est d’ailleurs plus dur pour Kurt et Christoph car ils sont littéralement tout le temps en tournée – nous avons démarré la tournée en juillet et ils ne seront pas de retour chez eux avant Décembre. Quant à l’implication d’Alex dans The Hairs, il ne prend pas part à leur tournée. Il voulait juste passer du temps avec Kevin et jouer avec lui  (ex-Knight School, Lil Hospital). Kevin est vraiment cool, je peux complètement comprendre, et si en plus ça permet à plus de personnes d’écouter sa musique qu’on adore tous, alors c’est encore mieux.

The Depreciation Guild is not a side project of The Pains of Being Pure at Heart, but a separate band that existed before The Pains of Being Pure at Heart. Kurt plays drums in The Pains of Being Pure at Heart, but he was writing music and performing as The Depreciation Guild with Christoph (who plays guitar on tour with Pains) long before The Pains even formed. So we’ve done our best to allow for touring and recording time for both bands. It’s hardest on Kurt and Christoph because they are literally on tour all the time (we left for tour in July and they won’t be home again until December). As for Alex’s involvement in The Hairs, well – he doesn’t tour with them, but just wanted to hang out and play music with Kevin (ex-Knight School, Lil Hospital). Kevin is really cool, so I can totally understand that and if it gets more people to listen to Kevin’s music, which we all love, then all the better.

The Pains Of Being Pure At Heart, c’est avant tout un groupe fait pour coucher sur bandes des démos ou pour écumer les salles de concerts ? Quel est votre rapport au live ?
Was The Pains Of Being Pure At Heart an band to put out demos or to go live? What is your relation to the live shows?

On essaye de s’améliorer pour chacun des deux. Je pense que c’est plus cool qu’à nos débuts, on était mauvais en enregistrement ET en live. Mais cela aurait été agaçant si on avait commencé sous une forme complétement aboutie. On est encore en train d’apprendre, au fur et à mesure. Je pense que l’on s’est amélioré dans les deux, mais nous ne serons jamais parfait pour jouer dans les stades. Nous sommes imperfectionnistes ! On travaille très dur et on fait de notre mieux, mais parfois on se rend compte que les trucs qui partent de travers rendent les choses encore meilleures.

We have tried to get better at both. I think it’s cool that when we started we were really bad at recording AND playing live. But it would have been annoying if we just started totally formed. I mean, we’re still learning as we go along. I think we’ve gotten better at both, but we’re not like perfect stadium rock. We’re imperfectionists! We work really hard and try our best, but also realize that the stuff that goes wrong sometimes makes it even better.

Vous jouez à Paris pour la seconde fois après un (court) concert au Batofar. Est-ce une ville qui vous attire ou l’Angleterre et Londres reste pour vous la ville de tous les désirs ?
You play in Paris for the third time. Is Paris a attractive city to you or this all about London and the UK?

On adore Paris – n’est ce pas le cas de tout le monde ? Non pas qu’on veuille réduire une ville au charme de son public, mais tout le monde est tellement cool, élégant et beau à Paris. C’est plutôt intimidant pour nous, les Américains un peu nerd que nous sommes. On adore sortir et faire la fête après les concerts, tout le monde est tellement sympa avec nous, on s’amuse un peu comme des gamins à Paris. Et puis Céline et Vanina, qui programment nos concerts en France, sont les plus cools. J’aimerais leur tirer mon chapeau et les remercier pour nous laisser venir et jouer ici !

We love Paris – doesn’t everyone love Paris? It’s so cool, not to reduce a city to the attractiveness of the audience, but everyone is so cool, smart and awesome looking in Paris – it’s rather intimidating, as we’re nerdy Americans. We love to go out and party after the shows, because people are so nice to us and it’s just like kids in Paris no how to party. Plus Celine and Vanina, who put on our shows in France, are the coolest – I’d like to give them a shout out and thank them for letting us come over and play!

Traduction Vv & Florianne

Audio

The Pains Of Being Pure At Heart – Heart In Your Heartbreak (premier single extrait de Belong à paraître en mars 2011)

Écrit par: Thibault

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