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N’attendez pas des Appletop qu’ils révolutionnent le rock. Ces trois Varois n’en n’ont ni la prétention, ni l’ambition. Quoique. Croisant avec dextérité et urgence leurs multiples influences propres aux fières années quatre-vingt dix, de l’électricité de Sonic Youth aux envolées lapidaires de Sebadoh, Pierre, Olivier et Nicolas confectionnent des instantanés pop à l’efficacité immédiate et résolument taillés pour la scène. Baroudant depuis 2007 aux quatre coins de l’hexagone avec une gouaille sans pareille, ces jeunes gens n’en oublient pas pour autant leur devenir discographique qui devrait, incessamment sous peu, riper du maxi à l’album. Dans l’attente, Hartzine les a rencontrés. Souriants et décontractés, à l’image de leur musique.
Vous venez de Hyères, antre du MIDI festival, vous avez un son et des influences américaines, alliance contre-nature ou marque de fabrique ? En clair, pouvez-vous expliquer la part de rêve et celle de réalité que constitue votre musique ?
Pierre : J’ai du mal à comprendre la question ! Toujours difficile de commenter sa musique. La réalité réside sans doute dans le message positif qu’on essaie de faire passer dans nos chansons. Le rêve, ça doit être le reste !
Olivier : On pourrait dire marque de fabrique ! C’est juste qu’en fait, nos influences américaines sont plus du coté beatnik, un peu folk, et beaucoup indie-rock, que dans l’idée mainstream et MTV que renvoie l’alliance musique / US. C’était ça la question ? ha ha ha !
Nicolas : Dans notre maigre expérience de la musique, et des relations entre membres de groupes (nos anciennes formations respectives ainsi que des connaissances), on s’est rendu compte qu’il était assez difficile de trouver « chaussures à son pied », soit des gens, des amis même devrais-je dire, avec qui on partage vraiment les mêmes influences, avec qui on partage un bon nombre d’opinions sur la musique en général. En tout cas, notre son, qui certes a beaucoup évolué depuis nos débuts, résulte des diverses influences que nous avons n’est pas du tout une alliance contre nature, bien au contraire. Il résulte tout naturellement de ce qu’on écoute et vient de manière assez naturelle : on le travaille mais il n’est pas mûrement réfléchi comme un choix cornélien avec d’autres styles. En somme, notre musique est une part de notre personnalité et ne trahit en rien nos goûts, nos influences.
Dans le terme « marque de fabrique » il y a, à mon sens, un côté assez artificiel de la chose, du produit, comme quelque chose de réfléchi, monté de toutes pièces pour plaire aux gens. Ma part de rêve aurait été de faire ce qu’on fait actuellement, mais dans les années 90, au moment de Pavement, The Smiths et compagnie. Une époque où la musique était en devenir, une époque où les gens se posaient beaucoup moins de questions qu’aujourd’hui, beaucoup plus ouverts à écouter quelque chose de nouveau.
La réalité est que nous sommes en 2010 et qu’il est beaucoup plus difficile de réussir, avec une société moins ouverte, plus pointilleuse… En tout cas, beaucoup moins curieuse sur ce qu’il se passe, avec des phénomènes de mode où chaque année voit son lot de groupes monter en flèche, puis à la mode suivante, redescendre de la même manière qu’ils sont montés… Les gens se focalisent sur ce qui est « à la mode », et ça c’est la réalité la musique… en général.
Vous avez sorti en 2008 deux maxis Don’t tell all of your friends et Firekids. Par ailleurs, j’ai pu lire que c’est un format que vous affectionnez. A quoi doit-on s’attendre pour la suite maintenant que vous êtes soutenus dans votre démarche par le label grenoblois Hell Vice i Vicious ?
Pierre : Hell Vice, c’est un peu un « grand collectif ». Les mecs sont très cool et sont devenus de bon copains. Je suis très content de les avoir rencontrés, pour notre album, il est possible que nous travaillions avec une autre structure. Pas parce qu’on ne les aime plus, bien évidemment, mais parce qu’avoir une distribution nationale c’est important et ça aide à pouvoir tourner.
Olivier : Le prochain album sera au format CD c’est certain, après si nous avons la liberté de sortir encore du vinyle on n’hésitera pas bien entendu. C’est effectivement un format qu’on aime ! On a des amis de la scène hardcore qui pratiquent beaucoup le 45T « split », une collaboration entre deux groupes, c’est à dire un disque avec un ou deux titres d’un groupe par face, ça c’est génial ! Je pense que ça fait un disque cool à écouter au final, et on aime affirmer nos amitiés avec d’autres groupes, le coté collectif ! Donc on le fera si c’est possible!
Nicolas : Oui, nous avons sorti Don’t Tell…. qui est un maxi sept titres en format Cd, puis à la rentrée 2008, Firekids en vinyle car nous aimons beaucoup l’objet. Le maxi est un format que nous apprécions particulièrement pour plusieurs raisons. Pour commencer, les gens achètent peu un album complet d’artistes ou de groupes qu’ils ne connaissent pas. Le maxi, avec moins de titres et moins cher, est une certaine façon de s’ouvrir à un maximum d’oreilles, et donc de se faire connaître. De plus, c’est un format intéressant car il est possible de pouvoir en sortir à une fréquence régulière, de sorte à maintenir au maximum l’actualité du groupe. On ne fait pas un disque pour faire un disque, pour vendre un maximum. On s’investit jusqu’au bout du produit, c’est à dire qu’il y a la musique, certes, mais qu’on aime tout autant travailler sur l’objet, de la pochette au livret. C’est particulièrement important à l’heure où le téléchargement est à son apogée. Il me semble qu’il faut offrir aux gens qui achètent nos disques la possibilité de nous découvrir plus en profondeur. C’est aussi le cas pour le vinyle. C’est un format qui revient un peu sur le devant de la scène, ce qui n’est pas plus mal. On l’a fait vraiment pour l’objet qu’on affectionne avec une pochette faite à la main et les moyens du bord. On essaie de s’investir au mieux pour chaque produit que nous faisons.
En ce qui concerne la suite, nous sommes en train de travailler sur notre premier album, dont la sortie est prévue courant 2010…
Après un grand nombre de dates aux quatre coins de la France et après pas mal de lieux et de villes écumés… quel est votre souvenir le plus marquant ?
Pierre : Le bout de tournée avec nos copains des Saturnians, à l’automne dernier, huge times !
Olivier : Avec les Saturnians assurément ! À 7 dans un van pour une semaine au quatre coin de la France, c’était cool ! Je me souviens, chaque jour on était vraiment excités par l’arrivée dans une nouvelle ville, et il y en avait toujours un ou deux à la fenêtre pour haranguer les gens et déconner sur les coutumes locales de chaque ville ou les brancher sur leurs joueurs de foot, c’était vraiment marrant…
Nicolas : Mon souvenir le plus marquant, c’était lors de notre toute première tournée. Car si on a fait beaucoup de dates où on a enchaîné deux voire trois concerts, cette tournée était la première où nous partions tous les trois, pendant plus d’une semaine avec un concert chaque soir. Le premier soir, c’était à Clermont-Ferrand avec un groupe qui s’appelle les Niandra Lades. Musicalement c’était pas vraiment un bon concert, ni même pour la fréquentation… mais en revanche on a rencontré des gens vraiment cool, avec qui on a accroché direct. Du coup, trois jours après on les a invités pour un concert à Paris. On reste en contact, on joue le plus possible ensemble. Bref, un premier soir riche en rencontres…
L’idée de dates à l’étranger taraude-t-elle le groupe, ou il y a plus urgent pour le moment ?
Pierre : Nous avons déjà joué en Italie et en Suisse, et on y retourne très bientôt ! J’aimerais aller jouer en République Tchèque !
Olivier : L’urgence est partout : France, Italie, Suisse, Allemagne, toute l’Europe, le monde… Appletop, c’est un groupe très volontaire ! Blague à part, dès que nous avons les moyens de jouer, peu importe les conditions, on fonce !
Nicolas : Pour tout dire, elle nous taraude depuis un bon moment… Mais les contacts sont assez durs à l’étranger. Mais on y songe vraiment sérieusement en ce moment. Car avant, il était assez difficile d’aller en Allemagne pour une date isolée. Certes on travaille sur l’album, mais ce qu’on aime vraiment, c’est partir et jouer, rencontrer des gens, et encore jouer… et conduire.
L’esprit d’Appletop c’est le do it yourself ? Si oui, est-il subi ou revendiqué ?
Pierre : Au départ c’était subi, comme n’importe quel groupe qui débute ! Mais aujourd’hui encore, alors qu’on est entouré pour l’enregistrement de notre album et qu’on peut se laisser guider, on veut participer à tout. On aime ça. C’est important, la musique évidemment, mais aussi le son, le choix des amplis, des micros, du visuel… C’est ce qui fait notre identité. Par exemple, même la pochette du sampler promo, que seuls les « pros » auront à été pensée et réalisée par Olivier ; et d’un point de vue artistique c’est remarquable ! Mais bon, je ne peux pas faire trop de compliments, sinon Olivier serait gêné…
Olivier : Le Do It Yourself c’est bien sûr important pour nous, parce que c’est de là qu’on vient et on tient à ne jamais oublier ça. C’est aussi une éthique et une force : on a décidé de faire les choses par nous-mêmes lorsqu’on s’est rendu compte qu’il suffisait de se remuer pour aller jouer partout en France voire en Europe… Aujourd’hui, on a de la chance d’être un peu plus entourés et c’est important pour nous de garder bien plus qu’un simple regard sur ce qui concerne le groupe… et ce sera toujours comme ça je pense !
Nicolas : Ouh malheureux ! Le « do it yourself » est quelque chose de complètement revendiqué… Même maintenant qu’on travaille avec un tour / management, Arsenic et Champagne…
Appletop ? Ça vient d’où ?
Pierre : Ça vient d’un dessin gribouillé comme ça un jour d’ennui… C’était juste une copie involontaire de l’homme à la tête de pomme de Magritte ! Et puis il fallait mettre un nom à ce dessin, apple… head… non… face… nan… apple… top… appletop ! En un seul mot c’est plus cool !
Des projets parallèles à déclarer ?
Olivier : Conquérir le monde, ça arrive bientôt !
Des amis à remercier ?
Pierre : Toulon indie rockers ! Il y a plein de groupes cool ici, et ailleurs, les gens sur la route… On ne cite personne en particulier de peur d’en oublier. Mais ceux qui nous ont croisés de près ou de loin se reconnaîtront…
Écrit par: Thibault
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Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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