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« Ses impacts émotifs semblent résonner sourdement, presque feutrés, presque étouffés ; et c’est cet effet d’amortissement (…) qui prolonge les durées de ces impacts (…) » – Mehdi Belhaj Kacem, eXistenZ
Arca est un monstre mutant, il ne produit que des albums monstrueux (dans tous les sens du terme). Entrañas ne fait pas exception, bien au contraire. Peut-être d’ailleurs qu’on doit envisager Entrañas comme une pièce sonore, une sorte de performance tenue, ou une mixtape d’un nouveau genre. Des gémissements, des bruits étranges, des boîtes à rythme, de la musique concrète, des synthés d’un genre inconnu, du chant en espagnol, des vocaux R’n’B très vocodés perchés, une envolée très mystique de cathédrale et des feux d’artifice, voilà les ingrédients qu’on retrouve dans Entrañas. Après l’introspection et l’extraversion de Xen et de Mutant, nous voilà dans les entrailles, l’intime d’Arca. Dans le bide, tout au centre, dans son second système nerveux. Stridence, vitesse, densité, accélération et décélération, boucle et réitération, Entrañas est une matière très épaisse. Une sortie comme on aime, une sortie qui trouble l’écoute.
Bien sûr on retrouve chez Arca tous les codes habituels de la scène électronique d’aujourd’hui, il en est d’ailleurs sans doute une des grandes figures de proue. Néanmoins, on n’est pas sans se dire qu’Arca fait de la pop music, de la pop bizarre, de la pop qui rape, qui grince mais de la pop quand même. Björk ne s’était définitivement pas trompée en lui confiant les arrangements de son dernier album. Entrañas est ce genre de production sonore qui a ce caractère sensible si rare et si précieux, c’est une pièce bizarre, une écoute bizarre, mais clairement, c’est aussi une pièce qui produit des impacts puissants, des émotions, du sensible, des déplacements dans notre quotidien, pour ne pas dire quelques ruptures des évidences. Un intime mental, voilà donc ce dont il est question, et c’est un chemin qui a l’air tortueux. Un intime mental, c’est figurer par la narration sonore, un état qui se trouve au milieu de la tête. Un état progressif fait d’expériences, d’intensités et de perceptions. C’est aussi produire une durée particulière, une contre-durée. Faire une pièce de troubles, de sentiments différents et de perceptions particulières qui s’entrechoquent, c’est un peu ça, Entrañas, et c’est très réussi. Encore une fois…
À signaler aussi, le beau travail de Jesse Kanda (encore lui) pour l’artwork de l’album.
Arca – Entrañas
Arca – Entrañas (04 juillet 2016)
01. Pérdida
02. Torero
03. Culebra
04. Vicar
05. Cement Garden interlude
06. Baby Doll ft. Mica Levi
07. Lulled
08. Think of ft. Mica Levi & Massacooraman
09. Clocked
10. Pargo
11. Turnt ft. Total Freedom
12. Girasol
13. Fount
14. Sin Rumbo
Écrit par: Aurèle Nourisson
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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