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Grands conflits d’idées et armures s’effondrent à l’écoute d’Automelodi (Wierd Rec). Cette pop synthétique et facile parcourra l’Europe au mois d’octobre prochain et s’arrêtera à Paris… l’occasion de faire parvenir à Xavier quelques questions à propos des attentes placées en cette tournée. Son carnet de route est compilé en quelques morceaux plus bas.
La majeure partie des papiers que j’ai pu lire sur toi convergent autour de questionnements sur la valeur à accorder à ton univers. Ce sont des choses qui retiennent ton attention ?
Je suppose que plusieurs de ces questionnements visent à définir comment Automelodi se positionne dans le spectre des références musicales établies, particulièrement depuis la sortie de l’album sur le label Wierd, qui est perçu comme un des porte-étendards de la résurgence d’un certain genre. C’est un type de questionnement parfois très cartésien… j’ai l’habitude d’y être exposé mais ça n’a jamais vraiment été un souci pour moi car depuis mes débuts, mon approche est essentiellement celle d’un chanteur folk. Dans cette optique, la temporalité et les classifications qui peuvent en découler ne retiennent pas vraiment mon intérêt. En fait je recherche plutôt le contraire.
Mon « univers », comme celui de tout être humain, implique un bagage folklorique et j’ai choisi de m’intéresser de façon très franche et ouverte à certains de ses éléments plutôt qu’à d’autres. Il y a par exemple les sonorités des synthés analogiques, autrefois perçues comme futuristes ou « déshumanisées », qui viennent maintenant s’inscrire dans un folklore en constante évolution. Par conséquent, leur pouvoir sémantique a changé et ces sonorités peuvent maintenant véhiculer quelque chose de plus instable et fragile : quelque chose d’humain… tout en semblant parfois à la limite de l’immatériel. D’ailleurs, en général, autant au niveau des textes que de la musique, cette idée de rechercher une certaine « limite » m’intéresse énormément. Je ne parle pas ici d’explorer les extrêmes, mais plutôt cette zone frontalière, cette région mince et incertaine entre le rêve et l’éveil, entre la douceur et la langueur. C’est cet arrière goût d’anxiété dans ce qui peut ne sembler être qu’une sucrerie « pop »… ou encore, au milieu d’un jardin magnifique, l’ombre du buisson en fleurs sous lequel on retrouve un jour par hasard un oiseau mort.
Dans une de tes interviews tu parlais d’Automelodi comme d’un projet « pop parallèle » voir « pop perpendiculaire » pour désigner à la fois tes moyens de production, de distribution et de rencontre du public. J’imagine qu’il en a été de même pour le montage de cette tournée ?
Oui, à plusieurs niveaux, on peut dire que cette tournée s’élabore dans un circuit « parallèle ». C’est l’aide précieuse d’un collaborateur berlinois, Christian Pommerening, qui permet de structurer le projet mais il y également plusieurs promoteurs indépendants impliqués dans les différentes villes.
De toute évidence il n’y avait pas vraiment de circuit déjà établi pour une tournée d’Automelodi. Cela dit, les invitations sporadiques qui provenaient de contacts à gauche et à droite allaient en augmentant alors nous avons décidé de voir comment nous pouvions relier les différents points. Puis, il y a quelques villes comme Berlin où, entre autres, mes amis Xeno & Oaklander avaient souvent pu jouer auparavant. Dans ces cas, les possibilités étaient déjà très claires.
Il me semble que la question d’une tournée européenne t’agite depuis un petit moment. C’est ta première ? Tu viens seul ou accompagné d’un backing band ? Tu attends quoi de cette tournée ?
Je serai accompagné de Simon Yupiktake, qui a commencé à jouer la guitare et quelques synthés avec Automelodi en début d’année. C’est effectivement la première tournée européenne d’Automelodi. J’ai des amis, notamment à Paris et Berlin, qui évoquent régulièrement cette idée depuis six ou sept ans alors forcément les expectatives sont bien en place d’un côté comme de l’autre. Cela dit, mes attentes sont simples. A priori, c’est un peu comme un rencard qui a plusieurs fois été remis au lendemain : il s’agit de briser enfin la glace, de provoquer une rencontre. C’est un peu ce qui s’est passé en 2009, lorsque nous avons débarqué pour la première fois à New-York à la soirée Wierd sans vraiment savoir ce qui allait se produire.
Peux-tu nous en dire plus sur la mixtape que tu nous a envoyé ? C’est la bande-son de ton voyage à travers l’Europe ?
C’est effectivement une mixtape à dominante européenne, quoique c’est peut-être plus un hasard qu’autre chose. En fait, au rythme auquel vont s’enchaîner certains de nos concerts, la bande-son « par défaut » de notre tournée risquerait de ressembler souvent à « Trans-Europe Express ». J’ai simplement sélectionné les pièces selon mon instinct du moment. Il y a là des trucs que j’écoute sans me lasser depuis des années, comme Serge Blenner ou Metamorphus Nex, dont j’avais acheté les albums chez un petit disquaire de Québec au milieu des années 90, sans trop savoir à quoi m’attendre. Il y a aussi Chrisma, un de mes groupes préférés, particulièrement pour leurs deux premiers albums produits par Vangelis qui ont un son vraiment unique. J’ai ajouté The Modern Art, dont j’ai écouté la cassette Underwater Kites durant tout l’été… évidemment la qualité sonore souffre un peu, vu le médium d’origine, mais c’est un cas où la musique transcende. Vous entendrez aussi une des rares chansons enregistrées par Nathalie Rheims sous le pseudonyme d’Alix, avec des paroles plutôt cinématographiques qui me rappellent un peu les premiers films de Leos Carax. Ensuite… : Roberto Cacciapaglia, dont l’album Sonanze est un pur chef d’œuvre ; Conrad Schnitzer, un autre géant qui vient de nous quitter (R.I.P.) et enfin, sans vouloir m’étendre sur toutes les pièces, je termine sur Lena Platonos, la poétesse grecque. Je ne comprends hélas rien de ce qu’elle raconte mais d’une façon ou d’une autre, avec cette musique, c’est énorme.
1. Serge Blenner – Magazin Frivole
2. Gino Soccio – Remember
3. Chrisma – We R
4. Null & Void – Un sédatif ce soir
5. The Modern Art – Death Wish
6. Stranger Station – Minutes To Silence
7. Alix – Asphalte
8. Roberto Cacciapaglia – Sonanze (3rd movement)
9. Conrad Schnitzler – Auf Dem Schwarzen Kanal
10. Metamorphus Nex – Cry
11. Opera Multi Steel – Je veux être bercée
12. Lena Platonos – Markos
Écrit par: Nicolas
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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