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Par Stéphanie-Lucie Mathern
Est-on en avance ou en retard sur notre temps ? C’est à cette question que Bernard Fevre – et les pionniers de façon générale – a tenté de répondre. En effet, Bernard débute sa carrière à 16 ans dans un groupe appelé Les Vicomtes, puis Les Flâneurs, avec lequel il décrochera des contrats avec Regine et Barclay en faisant du music-hall « pour bouffer ». En 73 les choses sérieuses commencent avec la découverte de Vangelis et l’obsession pour certaines boucles entendues à la radio. Il décidera donc de se créer un « Mister Hyde », double diabolique, ce sera Black Devil Disco Club. Il sortira 4 albums expérimentaux : Suspense, Strange World of B. Fevre, Disco Club, ainsi que Cosmos 2043, qui évoque déjà un lointain proche avec son tube Earth Message.
Influencé par Jean-Michel Jarre, Moroder, mais aussi par une variété transgenre comme celle d’Amanda Lear, ses morceaux sont des pépites de library-music qui ne dépasseront pas les rayons des collectionneurs, alors que c’est aussi puissant que Pierre Henry qui reprendrait le générique d’Intervilles ou Neu ! qui déciderait d’illustrer Tetris. C’est seulement en 98 qu’on s’intéresse à lui grâce aux samples des Chemical Brothers et la réédition d’Aphex Twin. En 2010, il revient avec Circus où il invitera quelques légendes comme Afrika Bambaataa, John Spencer et Nancy Sinatra. Le succès est là . Enfin. Il est adulé par Daft Punk, Justice, Metronomy et continue d’être dragué par une jeunesse en manque de psychédélique avec une compile de remixes de ses hits disco-underground baptisée H. Autant de bandes originales de films qui ne se réaliseront jamais.
Aujourd’hui – le 2 septembre – on célèbre la sortie de sa nouveauté antique : Orbit Ceremony. À l’origine produit en 76/77, Bernard exhume et dépoussière son album perdu. Ça sent le cuir patiné et le futur proche. L’équilibre des sentiments par la boîte à rythmes et le synthé libre-penseur sont toujours là . La Sheila de Spacer et des reprises des Talking Heads aussi. On entend le jazz de Moondog et Zappa, les japonaiseries de Yellow Magic Orchestra, l’Allemagne des autoroutes et des ascenseurs de Krafwerk, l’Afrique d’Éthiopiques et même le Sud de Jean Ferrat.
Bernard Fevre se résume dans les titres de son album de 1 – That is to be à 11 – Testmaker. Musique intemporelle qui dessine une personnalité, celle de la dynamis – chère à Aristote – la puissance enfantine qui n’oublie pas de voir la poésie d’une sonnerie de téléphone, surtout si elle est aussi belle que le neuvième morceau, Out of Dark. En France, aller contre les habitudes peut prendre un peu plus de temps, mais le talent finit par se faire entendre. Orfèvre – sans jeu de mots – du cool, il prouve que le temps n’a pas d’importance.
Bernard Fevre – Orbit Ceremony 77 (2 septembre 2016, Private Records)
01. That Is To Be
02. Foxy Spleen
03. Max Stroke
04. Mestophiles
05. Nebulous Melody
06. Not Be Wary
07. Out Of Dark
08. Paste Merge
09. Raw Beat
10. Space Angle
11. Testmaker
Écrit par: S.L.H.
Bernard Fèvre Black Devil Disco Club Orbit Ceremony 77
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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kukboxx sur 26/08/2016
U’re not ALL 77 in ORBIT!