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Birth of Frequency l’interview

today05/04/2016 48

Arrière-plan
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Alors qu’on avait l’impression que la techno était en train de se tarir, une génération émergente vient mettre un sérieux coup de fouet au genre… Et Birth of Frequency fait partie de ces artistes qu’on suit de près… Protégé de Zadig, membre influent de la structure Construct Re-Form, pilier du Collectif Unforseen Alliance, divin descendant de Sandwell District et James Ruskin… Le producteur français est tout cela à la fois et bien plus encore… Intrigué par cette ambivalence et cette suractivité, c’est tout naturellement que nous avons voulu lui poser nos questions… Et c’est avec une modestie qui force au respect que le musicien hors-pair nous a répondu, nous offrant au passage une mixtape des plus inattendues, mais hautement addictive…

Bonjour Simon, comment la musique s’est imposé à toi ? Qu’est-ce qui t’a motivé à devenir producteur ?

Bonjour Hartzine ! Et bien la musique en  général s’est imposée à moi assez petit, mes parents  écoutaient beaucoup de musique. En ce qui concerne les musiques électroniques, l’élément déclencheur repose sur le fait qu’il y a plusieurs années, j’ai travaillé dans un bar de Rouen dont la programmation était composée à 100% de musiques de ce genre. Chaque week-end, j’en apprenais un peu plus sur cette culture  puis un jour j’ai entendu un DJ jouer Alarm de Jeff Mills…et là ce fut une grosse claque. Quelques semaines plus tard, j’achetais mes Technics et mes premiers disques. En ce qui concerne la production j’ai attendu quelques années et, mon déménagement à Paris pour vraiment mettre le nez dedans. Mes colocataires ne me voyaient pas beaucoup ! Ce passage à la production s’est fait très naturellement. Pour moi c’était la suite logique des choses, j’avais envie de créer mes propres morceaux, de m’exprimer d’une autre façon sans uniquement la musique des autres.

Tu as une place toute particulière au sein de Construct Re-Form, label fondé par Zadig, de plus tu fais partie du collectif Unforeseen Alliance… Que t’apporte Construct Re-Form que tu ne trouverais pas ailleurs ?

C’est la famille ! On est vraiment entre amis. Zadig a instauré cette atmosphère très cool, familiale et de surcroît, nous aussi, nous l’avons véhiculée. Puis on à une totale liberté d’expression chez CRF, toutes les releases sont très différentes les unes des autres. Elles ont chacune un univers très particulier. Ce qui fait la force de ce label, c’est sa diversité.

Tu fais partie d’une jeune génération Techno qui pousse vite et fort, d’ailleurs tu as travaillé avec plusieurs jeunes labels, que ce soit Analogue, Granulart ou encore Nowhere… Qu’est-ce qui fait la force de ta musique à ton avis ? Comment expliques-tu ton succès aussi rapide au sein d’une industrie parfois saturée ?

Je me remets constamment en question. Je ne considère rien comme acquis. Je travaille comme un fou presque chaque jour sur des nouveaux tracks et sur des nouveaux lives. Je sors vraiment tout ce que j’ai dans chacun de mes morceaux. J’estime faire une musique sans concession, avec mes tripes, ce qui doit donner un résultat sincère, je pense qu’elle est là ma force. Cette vision spontanée et intègre m’a aidé à me faire également une petite place dans ce milieu.

Si beaucoup d’artistes techno se réfèrent ou s’influencent du golden age et de la scène de Détroit, ta musique possède un groove plus sec, parfois tendu, plus symptomatique de musiciens british comme James Ruskin notamment… Est-ce un choix délibéré ? Quels artistes t’ont le plus marqué ?

Cette remarque me fait très plaisir. Tu as tapé dans le mille avec cette question ! La techno UK et moi, c’est une grande histoire d’amour. Je suis un énorme fan de James Ruskin, Regis, Steve Bicknell, etc… mais surtout de Surgeon. C’est vraiment ma plus grosse influence. Donc oui, c’est un choix délibéré mais aussi très naturel que ma musique est ce groove assez british. Leurs univers respectifs me passionnent et m’obsèdent littéralement.  Je peux passer des journées entières à les écouter. Les tracks Optic et Reptile Mess de Surgeon par exemple  représentent tout ce que j’aime dans la techno : les années 90, un groove démoniaque, une rythmique ultra minimaliste, ce qui donne un tout très mental. Ces tracks, j’aurais rêvé de les faire ! J’aime à dire que toute cette froideur dans la techno UK donne au final beaucoup de chaleur. Jeff Mills et Robert Hood on eu un impact énorme aussi sur ma musique. J’essaie de trouver la bonne équation entre techno UK et techno Américaine.

Dans un autre univers je suis un gros fan d’Oscar Mulero également, ce mec à un groove bien particulier, hyper chaud, très 90’s je trouve. Sleeparchive et Stanislav Tolkachev m’inspirent énormément. Pour moi, ce sont de véritable génies.

Dans Unforeseen Alliance, vous êtes quatre sur scène. Explique nous comment vous organisez ces lives à huit mains ? Y a-t-il une place bien définie pour chacun de vous ? Un chef d’orchestre ? Quelle place laissez vous à l’improvisation ?

Nous nous réunissons régulièrement pour répéter le live, nous ajustons ou nous remplaçons les morceaux. Antigone et Voiski s’occupent de toute la partie synthés et FX du live, Zadig est aux drums et moi je gère les basses, le déroulement du live et quelques FX via la console. Il n’y a pas vraiment de chef d’orchestre, nous avons chacun nos petits trucs les uns avec les autres pour se dire qu’on change de morceau, que l’on va faire un break, etc… L’improvisation est chez chacun de nous particulièrement chez Zadig, qui écrit toutes les drums en direct et Voiski qui peut facilement changer ses séquences via son séquenceur

Pour revenir à la scène, tu as écumé pas mal de salles et de festivals maintenant. Quel est ton souvenir le plus mémorable ?

Le plus marquant de tous, ce n’est peut être pas très original mais …mon live au Berghain en aout 2015. Incroyable. J’y été déjà allé en tant que client et j’avais pris une énorme claque mais là, y jouer, et en live en plus c’était magique. Juste après Shifted, 9h du mat, les gens étaient à fleur de peau, super chauds et ça ma encore plus motivé. Le live c’est très bien passé, le dancefloor a été très réceptif… Que demander de plus ? Y rejouer!

Tu as décidé de nous offrir un set très différent de ce que tu as l’habitude de jouer, plus ambiant et expé… On ressent une grande sensibilité musicale chez toi. Est-ce un reflet de ce que tu aimes écouter ? Est-ce un moyen pour toi de faire des choses différentes ? Moins dancefloor ?

Oui c’est une musique que j’aime beaucoup écouter, surtout au casque quand je marche ou dans les transports en commun. C’est une musique que je trouve très onirique, un peu irréelle…Le monde est en suspens et j’aime beaucoup ce contraste ; écouter une musique qui me coupe de la réalité et d’être dans ce monde si  réel. C’est un peu difficile à expliquer. On est plus sur le ressenti que sur le concret. D’ailleurs je ne  crois pas vouloir que ces sentiments soient concrets. Les mettre dans « une case » et me dire « ça y est, c’est comme ça ». Ça figerait la chose, ça deviendrait triste et fade.

La mode est aux B2B, aux groupes éphémères, aux projets insolites (Ex : Robert Hood mixant du hip-hop, Jeff mills ou d’autres entourés d’orchestres…). Penses-tu que c’est symptomatique d’une stagnation actuelle dans le milieu de la musique électronique ? Une façon de chercher à renouveler la techno ?

Je trouve ça bien, on découvre de nouvelles choses, de nouveaux artistes que l’on aurait peut-être jamais connu si il n’y avait pas eu cette engouement depuis ces dernières années pour la techno et plus généralement pour les musiques électroniques. Après c’est clair qu’il y a énormément de choses, il y a à boire et à manger, donc on à l’impression que ça stagne mais je ne suis pas sur que ce soit le cas. Certains feront le buzz six mois, un an et on les oubliera, eux et leurs œuvres,  d’autres marqueront l’histoire de cette musique. Mais j’ai l’impression que cette culture avance en tout cas, après effectivement, il y a de plus ou moins de bonnes choses qui se passent  mais ça avance.

De mon point de vue, il ne faut pas essayer de renouveler la musique électronique, je trouve qu’avec ce mot on oublie tout ce qui s’est fait. Un peu comme si on rasait un immeuble pour en construire un tout nouveau. Il faut agrandir cette culture, créer de nouvelles annexes, de nouveaux étages, ouvrir de nouvelles portes, la faire grandir, avancer.

Aimerais-tu participer à ce genre de projets ? Il y a-t-il des artistes en particulier avec qui tu adorerais collaborer ?

Et bien avec Unforeseen Alliance, c’est déjà  un peu le cas ! Pour le moment, je n’ai pas de grande envie de collaboration. Je préfère me concentrer sur mon projet Birth Of Frequency et pourquoi pas un nouvel alias davantage dans  l’esprit Consumed de Plastikman. Et si un jour je collabore, j’aimerai que ce projet ne soit pas techno. Dans mes rêves les plus fous, j’aimerais être le nouveau Mark Bell de Björk.

L’année 2016 est encore jeune… Peux-tu nous parler de tes projets discographiques à venir ?

Alors je vais rester assez flou sur cette question car j’aime bien garder ça « un peu secret ». Cependant, j’ai pas mal de disques en prévision, que se soit sur des labels français, italiens, allemands ou encore espagnols. Ça devrait pas mal bouger dans les prochains mois !

Et enfin Birth Of Frequency, ça représente quoi pour toi ?

Énormément d’ambivalence…

Mixtape

Tracklisting

01 – Alva Noto – Ans
02 – YSC – Unrelease 01
03 – Anders Ilar – Ullusion Of A Summerbreeze
04 – Architectural – Aura
05 – Innigo Kennedy – Narrative
06 – YSC – Unrelease 02
07 – Klaus Schulze – Chromengel
08 – Harold Budd – Children On the Hill
09 – Ben Frost – Forgetting You Is Like Breathing Water
10 – Claro Intelecto – Quiet Life
11 – Ryuichi Sakamoto, Alva Noto & Bryce Dessner – Glass ans Buffalo Warrior Travel
12 – Ryuichi Sakamoto, Alva Noto & Bryce Dessner – Powaqa Rescue
13 – Harold Budd – Wanderer
14 – Low Jack – Q.B Untiteld l
15 – SNTS – Leniency
16 – Stanislav Tolkachev – Walk Along The Bottom
17 – Shifted – Your a Replacement
18 – Skee Mask – Everest
19 – Varg – Ursviken
20 – Anders Ilar – Everlast
21 – Ø (Mika Vainio) – Shells
22 – Hanz Zimmer – Running Out
23 – Tangerine Dream – The Dream Is Always the Same

Écrit par: Akitrash

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