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Si en ce moment le monde entier n’a qu’Arcade Fire à la bouche, il est d’autres Canadiens dont on attendait des nouvelles. Studieuse, la bande de Stephen McBean revient nous hanter à point pour la rentrée avec son troisième album, Wilderness Heart. Alors que la fin du mois d’août se profile désespérément à l’horizon et que le moindre regard par la fenêtre est déjà aussi déprimant que la perspective d’une fête de la Toussaint à Vesoul, le moment est bien choisi pour étrenner ses cahiers encore vides, d’ouvrir une trousse qui fleure bon le plastique et d’affûter sa plume pour se pencher sur la copie de Black Mountain. Le groupe a-t-il, comme il l’avait promis avec son deuxième opus, réussi à déceler In The Future la musique de la nouvelle décennie qui s’annonce ?
Les deux premiers essais avaient été si prometteurs qu’on était loin de se douter que le groupe prendrait le redouté virage FM, même si le titre de The Hair Song aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. Avec Wilderness Heart, Black Mountain dit adieu aux envolées psychédéliques de No Hits et au brillantes parties de sax’ et bouche les trous béants laissés par ses coups de génies passés à grands coups de pièce montée et de crème chantilly. L’album est en effet parsemé de fautes de goûts, de l’intro de Old Fangs, qui sonne comme un Eye Of The Tiger sournois, au solo de Let Spirits Ride, digne du pire du hair metal des années quatre-vingt. Enseveli sous toute cette choucroute, on en vient même à être choqué par l’alliance grossière des voix masculine et féminine qui a perdu toute la subtilité d’antan. Stephen McBean et Amber Webber semblent avoir passé un accord pour ne pas trop se fatiguer à réfléchir pendant l’enregistrement : « Je chante ma phrase, tu chantes la tienne, on chante le refrain ensemble, et basta. » Le résultat est tout sauf élégant, car ces deux-là n’ont pas la chance, comme d’autres de leurs collègues attendus à la rentrée, d’avoir des voix assez différentes l’une de l’autre pour prétendre à détrôner Nancy Sinatra et Lee Hazlewood. Leurs organes sont trop quelconques pour se contenter d’arrangements si simplistes, et pas assez semblables pour se fondre l’un dans l’autre. Ils sauvent néanmoins la mise sur Old Fangs qui, malgré son clavier horriblement épique, reste, avec sa mélodie intelligente, l’un des seuls morceaux de l’album méritant qu’on lui lance une bouée, tout comme Rollercoaster, dernier reliquat de bon goût flottant au milieu des épaves chevelues à paillettes.
Finalement, la grande question reste de savoir si Wilderness Heart n’est qu’une simple erreur de parcours ou une tentative pour Black Mountain de sortir du placard et d’annoncer au grand jour son amour immodéré pour les guitares kitsch. Pour le savoir, rendez-vous le 4 octobre à la Maroquinerie : si Stephen porte une combinaison violette à manches chauve-souris, nous en aurons le coeur net.
Black Mountain – Rollercoaster
Black Mountain – Wilderness Heart (Jagjaguwar, 2010)
1. The Hair Song
2. Old Fangs
3. Radiant Hearts
4. Rollercoaster
5. Let Spirits Ride
6. Buried By The Blue
7. The Way To Gone
8. Wilderness Heart
9. The Space Of Your Mind
10. Sadie
11. Black Mountain
Écrit par: Emeline Ancel-Pirouelle
2010 Black Mountain Jagjaguwar rock US
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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akitrash sur 01/09/2010
Je l’écoute au moment même où je lis ta chronique. Et je découvre avec stupeur que tu as effectivement raison…. O tristesse, O vague à l’âme… 2-3 pépites tout de même… mais c’est un peu juste. Snif!