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Autant le dire tout de suite. Quand on chronique, on s’expose. Et je vois déjà le tollé poindre à la commissure des lèvres de chacun de mes petits camarades noctambules. J’anticipe leurs bouches déformées par l’indignation, le rictus complaisant… ah tu vois, tu vois… Ces amis enfiévrés, qui me suivent et m’entraînent. Qui m’entraînent oui, presque n’importe où, mais assurément jamais à un concert d’Animal Collective. A ces mots, s’embrasent les impatients : rien d’attirant, rien d’obnubilant. Rien. J’enfonce le clou dans la main de Jésus : inécoutable et sérieusement fatiguant. Une nuit, encore une, où je me sens de cette humeur frivole à charger comme je peux la barque de ces post-hippies ahuris, consacrés apôtres de l’expérience. L’Å“il atterré, je prête le flanc en jetant de l’huile sur le feu, celui de mon bûcher, fin prêt, en lâchant tout de go que l’un de mes trucs du moment, c’est de me farcir la petite tribu avinée et délurée, celle des Blastoids. On ne sais pas grand chose de ce trio s’extirpant des tréfonds du Tennessee, malgré un blog des familles, mais ils réhabilitent foutrement à mes oreilles, et ce dans un bordel sonique de grande classe, le trop fumeux psychédélisme torturé, écran de fumée d’un New-York bariolé. Électronique et claviers colorés, batterie furibarde et saillie d’électricité frustre, la pratique de l’art du contre temps est totale au cours de ce premier album éponyme, téléchargeable gracieusement ici (ce lien est disponible sur leur page MySpace), et faisant suite au maxi Megachurch disponible là . Avec une imagerie aussi criarde que dégueulasse et avec cette drôle de manie de se peinturlurer sur scène tout en exhibant des objets à la con (hibou empaillé, machette amérindienne…), Joe, Charlie et Tyler envoient tout valdinguer sur quatorze morceaux anarchiques et joyeusement déstructurés. Des échos de voix enrouées, non loin d’un Beta Band décontaminé, racolent le chaland de la bête collective, quand de brèves incursions aussi violentes que bruitistes réveillent les fantômes de Lightning Bolt. L’album, sorti via la structure Environmental Aesthetics, forme une véritable entité pyramidale ou peu de morceaux se distinguent avec netteté (Morning Lights, Kids and Kandy, Kenny Winker) tant l’orgie tellurique entrecroise et entremêle son stupre halluciné entre chaque plage (Fake Indians, For What it’s Worth, Space Montain). Je regarde au loin la meute qui s’essouffle. Totem et tabou. J’ai presque envie de mettre une plume dans les cheveux et de danser avec les loups.
Blastoids-Blastoids (Self Release, 2010)
01. Morning Light
02. Kids And Candy
03. Fake Indians
04. Cowboy
05. Whonose
06. For What It’s Worth
07. Human Bells
08. Troutdick
09. Mommydaddy
10. Kenny Winker
11. Space Mountain
12. Labrats
13. Witch Condumbs
14. All The Numbers
Écrit par: Thibault
2010 Blastoid rock Self Release US
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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