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Il y a quelques mois, nous avions laissé le trio lillois Cercueil à la Plage du Glazart où nous avions eu la chance de nous entretenir avec eux. Dans une confession consultable ici, ceux-ci nous révélaient être prêts à enregistrer un nouvel album d’ici peu, quelque part dans la région de Bristol en Angleterre. C’est dans le fameux Toybox Studio que sera conçu Erostrate, lieu à forte concentration artistique qui aura vu passer ni plus, ni moins que The Kills, Scout Niblett, PJ Harvey, Munch Munch… Il m’a donc semblé normal qu’à la première écoute, je pensai avoir glissé par erreur mon vieil album de Juju de Siouxsie et de ses Banshees. On connaît le goût immodéré du tiercé pour les ambiances brumeuses et sépulcrales, mais l’écoute de ce nouvel effort laisse à penser que les disques de et de Zola Jesus devaient traîner quelque part en studio.
Et à Boredom’s Magnetic Eyes de nous donner raison. Le chant de Pénélope, auparavant langoureux et gracile, se veut ici sombre et funeste. Embourbés dans une panoplie de scintillements organiques et une orgie de percussions chamaniques, nous sommes en pleine révolution witch house. Et bien que cette association de mots déplaisent à certains, il n’y a pas d’autres termes pour décrire ce climat musical angoissant. After Dark enfonce d’ailleurs un peu plus le clou, alliant synthé-pop brumeuse et altérations expérimentales indus. On dit souvent que le passage au deuxième album est un moment difficile. Pour Cercueil, il s’agira certainement de celui de la consécration. Car comment résister à Subtitle, complainte lunaire, montant crescendo, aussi élégiaque qu’addictive ? Titre souffreteux, aux harmoniques synthétiques éraflées, bercé par des chÅ“urs angéliques avant l’emballement final, concluant en apothéose. Et que dire de Shade Unit, cantate à deux voix dont le gothisme élégant est à rapprocher des derniers Dead Can Dance ? Malgré cet agglomérat ténébreux, le trio clairsème ses mélodies de quelques halos lumineux (Know to None, A Ray Apart) afin de ne pas sombrer dans la suffocation. Le génie étant de se renouveler par n’importe quel moyen, ainsi il suffit parfois d’un clap, d’un riff, d’une nappe… Ca peut paraître con mais ça marche. Chaque morceau possède une identité propre se démarquant des autres dans une continuité cohérente d’une course allant de l’ombre vers la lumière. Ainsi, si l’on est parfois bien heureux de retrouver les stigmates de Shoo Straight Shoot comme sur The Guest, Jumping War et son appel à un tribalisme obscur se fait plus séduisante.
Un album tout en noirceur pour Cercueil qui livre une Å“uvre transpirant la rouille, le macadam et la pollution. Une Å“uvre mature qui doit sa réussite à une véritable alchimie instrumentale, à la fois créative et récréative. Un recueil qui donne envie d’enfiler sa parka et de danser au bord d’un cimetière, sautant à plein pieds dans les flaques d’eau.
Cercueil – Erostrate (Le Son du Maquis, 2011)
1. Boredom’s Magnetic Eyes
2. After Dark
3. Slave Wave
4. Jumping War
5. Subtitle
6. The Guest
7. Shade Unit
8. A Ray Apart
9. Things
10. Know to None
Écrit par: Akitrash
2011 Cerceuil Le son du maquis
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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