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A l’affirmation Punk is not dead, l’album éponyme du trio parisien Cheveu ne pouvait que convaincre par son ambiance foutraque et son caractère rentre-dedans. Un petit bijou de rock’n’roll hirsute, barré et schlinguant la binouze éventée. Un projet fou sonnant comme la rencontre entre Mike Patton et les Garçons Bouchers, ne pouvant qu’impressionner. Une expérience du troisième type qui donnera le la à une chorale d’artistes franchouillards prêts à en découdre, même si l’on trouve parfois à boire et à manger (et Dieu sait que chez Born Bad, on donne plutôt dans la boisson). C’est donc après une attente de presque quatre ans que nos Parigots remettent le couvert pour une suite sobrement intitulée 1000… Oui mais mille quoi ? Cacahuètes ? Carottes ? Bananes ? A vrai dire, on s’en tamponne, puisque la véritable question est : peut-on réitérer un album mille fois ou réitérer mille albums une fois ? Merde c’est pas ça…
Je ne voudrais pas décevoir les fans hardcore du groupe capillaire, mais ce second opus s’entame de façon très lisse sur un Quattro Stagioni qui empeste presque la pop… Attendez, ne partez pas… Fort d’un stage à Tel Aviv chez les commandos du son, Cheveu se fend la raie d’arrangements symphoniques du plus bel effet. Cela reste néanmoins perturbant pour un groupe dont l’image reposait sur un mélange d’hystérie et d’accords déglingués, je vous l’accorde. Mais les choses se dégradent pour notre plaisir le plus sadique sur un Charlie Sheen très grungy dans l’âme. Retour aux affaires ? Sir, yes sir ! Si le répertoire de 1000 ressemble à un puzzle éparpillé, il n’en reflète pas moins les cerveaux schizophrènes de ses auteurs une fois reconstitué. Véritable melting-pot musical (extrême) kickant les clichés comme on pisse sur une fourmilière. Le phrasé hip-hop sur Sensual Drug Abuse, il fallait oser ; le tort aurait été finalement de ne pas essayer. En résulte un track glacial et spasmolytique qui n’est pas sans évoquer un certain El-P. Rien que ça. Mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Nos freaks violentent Vanilla Ice avec paillardise le temps d’un Ice Ice Baby aussi mélodique qu’un générique de jeu GameBoy. Le trio fait table rase sur le passé à grand coup de napalm et instaure sa dictature à renfort de brûlots furieux et frénétiques (The Return Game, La fin au début). Ces ex-bordel-ais ne cherchent aucunement à brouiller les pistes mais poussent à l’extrême leur humour noir quitte à transgresser le garage et le pousser dans le caveau. Un petit côté Suicide peut-être…  Cheveu s’est démerdé pour créer un nouvel OVNI (cette galette s’utilise aussi comme frisbee) référence suintant la sueur, la bonne démerde et les poils de couilles à l’instar du véridique Impossible Is not French, illustration parfaite de l’expression « envoyer du bois ».
Donc si l’immédiateté fait défaut à ce nouvel effort, celui-ci se rattrape sans peine dans sa diversité et sa densité. La production mieux gaulée rehausse les partitions électroniques et polit légèrement le son de nos loufdingos sans en perdre l’aspect brut de décoffrage. Reste que Cheveu est un groupe de scène et que chaque concert est un pur moment de délire. On est donc impatient d’entendre ces nouvelles compositions en live et en glaviots. En attendant, achetez cet album… Parce qu’il le vaut bien.
Cheveu – Sensual Drug Abuse by HARTZINE
Cheveu – 1000 (Born Bad, 2011)
1. Quattro Stagioni
2. Charlie Sheen
3. No Birds
4. Impossible Is Not French
5. Sensual Drug Abuse
6. Ice Ice Baby
7. Push Push In the Bush Bush
8. Like A Deer In the Headlights
9. The Return Game
10. La Fin au début
11. My First Song
12. Bonne Nuit Chéri
Écrit par: Akitrash
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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