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« L’Art, c’est la nature accélérée et Dieu au ralenti ». Une maxime qui à elle seule pourrait bien résumer le parcours de Chloé. Sur des formats peu courus par les musiques de club, la Parisienne a eu tendance à ralentir l’allure. Après un acoquinage rapide à la pratique live, Chloé a récemment sorti son deuxième album One in Other (Kill The Dj). L’occasion était de parler de sens caché, de portes ouvertes et de spontanéité.
Je me rappelle de ta date au Confort Moderne (Poitiers) il y a deux ou trois ans, un de tes premiers lives pour The Waiting Room. Une certaine appréhension était palpable ce soir-là . Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ta découverte de la prestation live ?
Pendant longtemps je n’étais pas attirée par le live particulièrement, en tout cas je n’avais pas envie de faire un live club, le djing me suffit pour ça. Au fur et à mesure est venue cette idée de faire un live au ralenti, en revisitant des morceaux en direct, de façon spontanée et improvisée, c’est une prise de risque mais c’est enrichissant.
Un live techno, c’est différent d’un live rock, on ne peut pas changer la setlist tous les soirs. Quels ont été les facteurs te permettant de faire évoluer tes lives ?
Le live m’a donc permis de proposer au public ma musique que je produisais en studio jusque-là . Ça a fait le lien qui me manquait entre le studio et le djing. Le live m’a permis d’affirmer mon style, de trouver des idées en direct. Mon live est un amas de mes sons d’albums, de remixes, de maxis, de collaborations, et de sons à venir, le tout joué de façon improvisée.
Est-ce que ces éventuelles évolutions ont impacté l’écriture de One In Oher ? Y-a-t’il eu un « après The Waiting Room » ?
Après The Waiting Room, j’ai continué à faire des morceaux, comme si je travaillais sur mon album. C’est comme ça que j’ai commencé à faire One In Other, c’est la continuité de The Waiting Room. Aussi, certaines trames de morceaux de One In Other sont tirées d’idées de mes lives, d’extraits de diverses collaborations. Je me sers de toutes les matières que j’ai pour faire mes productions.
One In Other est plus franc, la rythmique est beaucoup plus appuyée et il y a même des morceaux orientés plus dancefloor et pourtant tout cela reste brumeux, bancal… Penses-tu avoir réussi à trouver le pont entre la piste de danse et la maison ? Le djing a-t-il eu plus d’importance dans ce deuxième opus ?
Pour moi ce disque a été fait plus spontanément, donc il est peut-être plus radical que le premier, en tout cas plus affirmé. The Waiting Room était plus intime, sombre, mais se terminait sur une porte ouverte. Avec One In Other j’ai pris la porte, je suis sortie. Le fait de confronter directement ma propre musique en live m’a permis d’affirmer mon style. Malgré tout, je continue toujours et encore à jouer avec les contrastes (fermé/ouvert, chaos/cosmos, sens apparent/sens caché, etc.). C’est sûrement le point commun entre tout ça (prod, dj, live). Ce sont mes modes d’expression qui me permettent d’accentuer les effets de styles. Le djing continue constamment de me nourrir, tout comme la production qui nourrit mes mixes, je me sers de l’un et l’autre, comme je l’ai toujours fait d’ailleurs.
Quelles étaient les lignes directrices de One In Other ? Qu’est-ce que tu voulais explorer à travers un second album ?
Ce sont les liens entre l’Un et l’Autre, et la façon dont se tissent ces liens qui m’ont donné un point de départ. Je voulais les mots « one » et « other » dans le titre, le rapport entre l’un et l’autre. On dit « l’un dans l’autre », « ni l’un ni l’autre », « l’un après l’autre », etc. Le mot entre les deux aurait pu être n’importe lequel, finalement. Après chacun interprète comme il veut le sens, qui est l’un, qui est l’autre, chacun y trouve sa propre réponse. Le tout dit de façon suggérée.
Ça ne sera une surprise pour personne s’intéressant de près à toi mais en écoutant ton nouvel album, j’ai retrouvé l’éclectisme propre aux compilations (CD et/ou digitales) de Robert Johnson. Peut-être plus qu’ailleurs, il se dégage un son des artistes/des djs gravitant autour de ce lieu. Un mélange subtil de son dur et moelleux, de rythmes lents mais entraînants. Qu’est-ce qu’il se passe là -bas ? Il s’agit réellement d’un lieu de référence pour toi ?
Le Robert Johnson fait partie de ces rares lieux, un peu commme le Pulp, où l’on ressent une réelle liberté d’expression, c’est un petit endroit convivial, le sound system est dément, et le dj joue autant de temps qu’il le souhaite, ça peut durer longtemps, ça permet vraiment d’installer son ambiance. Je n’y ressens aucune contrainte.
A ce titre, peux-tu nous présenter le projet Plein Soleil qui a sorti un maxi chez Robert Johnson ? Où en êtes-vous de ce projet ?
Plein Soleil est un duo électronique qu’on a créé avec Krikor en 2008. On a sorti deux maxis jusque-là (un sur le label Live At Robert Johnson, Casus Belli, un autre sur Resopal, Let’s Sway) et fait quelques remixes (Losoul entre autres). On prévoit d’autres maxis à venir dont un sur Kill The Dj Records.
D’ailleurs tu sors très peu de maxis… Le long format a plus d’importance à tes yeux ? Avec le digital, ce format vaut-il encore la peine d’être exploité ?
J’ai sorti pas mal de maxis avant mon premier album (liste ci-dessous), les albums sont une continuité logique, je continuerai à en faire malgré la crise du disque parce que j’ai toujours besoin de faire de la musique, et d’en écouter. Je n’ai jamais calculé en terme de marketing si c’était bien de sortir un disque ou pas, sinon je n’aurais même pas fait d’albums. A mes débuts je ne me concentrais que sur les maxis, aujourd’hui je me lance dans les projets d’albums, j’ai aussi plus de remixes, et de collaborations, et quand c’est possible des maxis.
* Plein Soleil – Casus Belli (Playhouse, 2009)
* Plein Soleil – Let’s Way (Resopal, 2008)
* Be Kind To Me (Kill The Dj, 2007)
* Suspended (Kill The Dj, 2007)
* Afterblaster avec Alexkid, 2006
* Point Final/Hand In Hand avec Sascha Funke (Bpitch Control, 2006)
* Around (Kill The Dj, 2006)
* What’s The Matter (Karat, 2006)
* Troubles (Karat, 2005)
* Take Care (Crack’n Speed, 2005)
* The Flick Of The Switch (Dialect, 2004)
* The Forgotten EP (Karat, 2004)
* Erosoft (Karat, 2002)
J’ai vu que tu allais soutenir la sortie de One In Other par des dj sets à droite à gauche dans les mois à venir, comptes-tu le défendre également en configuration live ?
Je vais continuer à tourner dans les clubs et festivals en dj, mais je suis aussi en train de préparer un live avec les artistes visuels berlinois Transforma. On présentera le live en exclusivité le 15 mai au festival Les Nuits Sonores à Lyon, et à Paris à l’Alhambra le 17 juin.
Écrit par: Nicolas
Chloé Dj ELECTRO FR Kill the Dj
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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