HZ RADIO hz radio
C’est un jour d’octobre, le soleil flatte mollement la nostalgie des cigales du Midi Festival. J’ai coché cette date d’un grand M, celui d’une maroquinerie assiégée, où Jeremy Jay nous a donné rendez-vous. Son concert à la Villa Noailles de Hyères, comme ses deux disques sortis coup sur coup (a place were could go – octobre 2008 – Slow Dance – février 2009), ont hissé haut le jouvenceau dans l’estime de la petite planète pop cousue dentelle. Du firmament, il redescend bas – le temps d’un concert espérons – étouffé d’une lourdeur inhabituelle, digérant mal la présence d’une seconde guitare (voix trop forte, saturations ferrailleuses). Tandis que la salle se vide avant la fin de ce set éprouvant, d’aucun n’est pourtant persuadé d’avoir fleurté, quelques instants auparavant, avec un monde magique et sensible où l’apesanteur des sens incommode l’idée d’un temps qui passe. Comme revenu d’un rêve éveillé, les lumières de la salle s’éclairent et surprennent, Chris Garneau et son groupe se lèvent, saluant une dernière fois un public médusé. L’homme, aussi timide que sa musique n’est fragile, vient présenter El radio, paru, comme son précédent album, Music for tourist (2007), sur Absolutely Kosher. Et pas grand chose ne prédisposait l’esprit critique à une telle supplique céleste. Sacrifier deux de ses doucereuses comptines sur l’autel d’états d’âme d’un bloc opératoire cathodique (grey’s anatomy) a de quoi effrayer, surtout lorsqu’une publicité, vantant un parfum non moins délicat, enfonce le clou en s’appropriant l’intonation lascive d’Hometown Girls, présent sur El radio. Faisant fi de tout ce tralalala, les disques ne se vendent plus et il faut bien vendre, l’imagination trotte et se laisse joliment embringuer dans quelques merveilles qui la dépassent, à la manière d’Alice, l’illustre ingénue. La voix de Chris Garneau, mutine et inclassable, sublimé d’un confondant piano cristallin, insinue élégamment les arrangements d’une violoncelliste altruiste et d’un batteur beau à voir jouer. Les morceaux défilent et, sans écoute préalable, El radio se pare déjà d’une ineffable fraîcheur pop, accordant, poétiquement, la plus franche des mélancolies à l’enjouement des plus subtils. Précisément là où l’épure ascète de Music for Tourist avait de quoi refroidir. Enregistré aux confins d’une pleine nature américaine, dans le New Hampshire, El radio, comporte quatre parties pour douze morceaux suivant le rythme des saisons et lorsque certains citent non sans raison feu Elliot Smith – pour la voix – et Sufjan Stevens – pour les arrangements – comme influences, lui préfère mentionner Jeff Buckley et Nina Simone. Ce qui n’est finalement qu’évidence tant la tension dramatique, oscillant entre joie et désespoir, habite El radio. La complainte inaugurale The Leaving Song, montée tout en cordes et en intensité, trouve son exact double inversé dès la plage suivante avec Dirty Night Clowns, chanson de cabaret à l’espièglerie magnifiquement orchestrée, tandis que le dépouillé Raw and Awake conclu la partie printanière du disque. L’été fait grâce du premier single No more pirates, rappelant la grandiloquence d’un Sufjan Stevens inspiré, et d’un hymne délicieusement mutin – Fireflies – contrastant de la plus belle des manière avec Hands on a radio, où l’intimité du new-yorkais s’expose avec cette finesse qui caractérisait Elliot Smith. L’automne est la saison la plus triste – Over and oOer – et sans doute la moins attachante – Hometown girl – même si Cats and Kids transpire d’une amertume salée assurément poignante. L’instrumentale Les Lucioles en ré Mineur, clin d’Å“il à ses quelques années passées à Paris lors de son enfance, entame l’hiver d’un malicieux petit air trouvant son échos regretté avec Things she Said et sa langueur crépusculaire. Pirates Reprise, s’octroie un onirisme que Jason Lytle ne dédaignerait aucunement, surtout au moment décisif de clôturer un album délesté d’une année calendaire bien remplie. Mature mais vulnérable, les deux faces d’une pièce des plus précieuses.
Thibault
Nous avons capté le New Yorkais lors de sa dernière descente parisienne, deux titres live spécialement pour nous!
Chris Garneau – Dirty Night Clowns
Chris Garneau – El radio (Naïve, 2009)
01. The Leaving Song
02. Dirty Night Clowns
03. Raw and Awake
04. Hands on the Radio
05. No More Pirates
06. Fireflies
07. Hometown Girls
08. Over and Over
09. The Cats & Kids
10. Les Lucioles en ré Mineur
11. Things She Said
12. Pirates Reprise
13. Black Hawk Waltz (Bonus track)
Écrit par: Thibault
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
Hartzine the indie music webzine since 2007
Commentaires d’articles (0)