HZ RADIO hz radio
Dire que l’on attendait le Black Rebel Motorcycle Club au tournant est le moins que l’on puisse dire. Depuis ses sombres et hypnotiques deux premiers albums et le sublime Howl de 2005, on a attendu que le miracle se reproduise. Désespérément. Mais cela fait quelques années maintenant que l’on se demande où vont Peter Hayes et Robert Turner – apparemment, ils ne le savent pas eux-mêmes. La preuve ? Avec ce sixième album studio, ils tournent en rond en recyclant inlassablement les mêmes formules. Finalement, Beat The Devil’s Tattoo pourrait aussi bien être l’album précédent que le suivant. Le groupe n’y apporte rien de neuf – si ce n’est une nouvelle batteuse, Leah Shapiro, qui remplace l’intenable Nick Jago – et fait montre d’une incroyable capacité à ne pas se renouveler. Le BRMC mord la queue de sa veste en cuir, c’est dit. Et pourtant, on y croyait. Le premier titre – et premier single – de l’album, dévoilé quelques semaines avant sa sortie, laissait presque présager quelque chose d’excitant. Peine perdue : le troisième morceau de l’opus, Bad Blood n’est déjà plus vraiment à la hauteur, et ça ne s’arrange pas par la suite. Mais on doit pourtant l’écrire, cette chronique, alors on ravale sa déception, on respire, on s’accroche et on persévère. A la moitié de l’album, on décroche néanmoins un irrémédiable bâillement accompagné d’un coup d’oeil sur sa montre. « Encore sept titres à écouter ?! Pfff… » Cet album est loin d’être raté, mais les adeptes du groupe sont trop habitués à ces procédés éternellement ressassés pour encore s’en émouvoir. Le BRMC réutilise en effet une énième fois ce qui avait fait le succès de son premier album en 2001 : ambiance saturée à la Jesus and Mary Chain, guitares poussiéreuses, nappes de son étouffantes, batterie crade, voix sombre et torturée… Ce qui nous avait tant emballés à l’époque nous paraît désormais d’une lourdeur et d’un ennui extrêmes tant on a l’impression d’avoir déjà entendu cet album. Quelques titres sortent difficilement du lot, comme Conscience Killer ou War Machine, et on ne peut de toute façon même pas dire qu’il y en ait des vraiment mauvais, mais on ne trouve dans cet amas aucun tube. Et c’est bien ça le problème : après avoir eu le sentiment d’écouter treize fois le même morceau, on a du mal à dire si l’on a aimé ou pas cet album. On voudrait juste oublier son existence et, pitié, pouvoir arrêter de l’écouter avant de sombrer dans un sommeil mortel. Difficile métier que de devoir descendre en public un groupe que l’on adore. Car oui, malgré tout, on a envie de pardonner cet épisode douloureux au Black Rebel Motorcycle Club, de continuer à lui vouer un amour inconditionnel pour ce qu’il a été et d’attendre, les yeux luisants d’espoir, un digne successeur à Howl. D’ici-là , il ne reste plus au groupe que la scène pour tenter de nous convaincre qu’il a encore envie d’emmener son public ailleurs que dans une chevauchée nostalgique, dépourvue de but et interminable.
Black Rebel Motorcycle Club – Sweet Feeling
Black Rebel Motorcycle Club – Beat The Devil’s Tattoo (Cooperative Music, 2010)
1. Beat The Devil’s Tattoo
2. Conscience Killer
3. Bad Blood
4. War Machine
5. Sweet Feeling
6. Evol
7. Mama Taught Me Better
8. River Styx
9. The Toll
10. Aya
11. Shadow’s Keeper
12. Long Way Down
13. Half-State
Écrit par: Emeline Ancel-Pirouelle
2010 Beat The Devil's Tattoo Black Rebel Motorcycle Club Cooperative Music rock
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
Hartzine the indie music webzine since 2007
dpc sur 05/04/2010
Ça me fait mal de l’avouer ― et j’espère que Robert et Co. ne liront pas ce commentaire ―, mais je dois dire que je partage ce point de vue.
[Mais je l’ai quand même acheté en édition limitée trop bath avec pochette en carton parce que flûte à la fin, BRMC quand même.]
Emeline sur 05/04/2010
Robert me dit qu’il est trop vexé et que s’il te voit au Bataclan, il te piétinera la figure avec ses bottes cloutées en python véritable. (Hmm, la mienne aussi, je crois.)
(Oui, Robert lit mes chroniques. Robert est suspendu à mes lèvres.)
Lisouille sur 06/04/2010
C’est dommage !!! J’attendais avec impatience cet album…
Emeline sur 06/04/2010
Oui, c’est du gâchis. Ils méritent des coups de fouet.
dpc sur 06/04/2010
Attends, si je fais bien la synthèse de tout ça, le soir du Bataclan vous allez vous battre à coups de fouet contre bottes cloutées en python véritable ??
Va falloir que je vienne tôt, y aura des photos à faire ma foi.
Emeline sur 06/04/2010
Tout à fait. Même pas peur. Au secours. Maman. N’oublie pas de prendre mon bon profil, quand même, c’est pas une raison.
(Et j’espère que je pourrai prendre des photos aussi. Prions la Sainte Mère des Accréditations, mes frères.)