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L’album Hazed Dream de Psychic Ills est un mouvement oblique. On est tenté d’abord de se laisser prendre par le piège de l’horizontalité. Par la régularité apparente de l’album, qui rappelle une avancée tranquille sur un paysage mental plan. Il y a l’image du bocage qui vient en tête avec ses obstacles franchissables ; ses haies géométriques, dérangeantes. Mais la musique que distille le groupe est bien plus excentrique. Shoegaze expérimental/psychédélisme décalé et exigu/pop obscure mais toujours rampante, jamais évidente : Hazed Dream est une énigme géographique. Pourtant, l’album ne parle pas d’errance de façon difficile. Comme l’annonce Midnight Moon, premier titre superbe et légèrement instable, ce disque tendre est accessible à pied – d’avantage en tout cas que le précédent opus du groupe. Les chansons sont simplement moins longues et moins denses que sur Mirror Eyes, elles se contentent de piétiner dans la plaine brumeuse que dessinent les échos mystérieux de la voix réverbérée. Il n’y a plus comme autrefois ces hauts sommets bizarres, ces pics dentelés et sinistres. Mais la beauté romantique subsiste grâce à l’inclinaison inattendue des chansons ; parce que les plaines, d’apparence horizontales et stables, sont sans cesse substituées par des pentes. Molles et vertigineuses. Du coup, la musique de Psychic Ills n’est pas lisse. Tout au contraire, elle s’enfonce : les guitares marquent de douces dépressions et le synthé module des abîmes capitonnés. C’est une sorte de mix entre différentes sortes de drogues et de noirceur : sur le single Mind Daze, le noir lustré et acide du Velvet Underground rencontre le brun-gris cannabique de Spiritalized. On est très loin des hauteurs new-yorkaises dans lesquelles le groupe s’est retranché pendant ses quatre années d’absence discographique. Peut-être parce que l’épuisement et le spleen sont des états boueux et métaphoriques qui ne supportent pas les vibrations des villes modernes : et si les buildings ne connaissent pas le doute, les marécages le nourrissent au contraire. Ainsi, les origines du disque sont peut-être à rechercher du côté d’un folklore rural, dépassant même les limites de la campagne américaine. Une chanson comme Mexican Wedding, avec ses boucles de guitares western et son harmonica anesthésié, le prouve par exemple somptueusement. Il n’y a en fait plus trop de territoires, de circonscriptions précises ou de lieux connus à rechercher dans le disque. A force de marcher près des immeubles immenses et d’être écrasés par les ombres des murs, par toute cette assurance en béton armé, les membres de Psychic Ills ont construit un ailleurs cosmique ; un urbanisme pastoral et ouvert sur les déséquilibres intimes.
04 Mexican Wedding by sacredbones
Psychic Ills – Hazed Dreams (Sacred Bones, 2011)
1. Midnight Moon
2. Mind Daze
3. Incense Head
4. Mexican Wedding
5. That’s Alright
6. Ring Finger
7. Travelin’ Man
8. Sungaze
9. Dream Repetiton
10. I’ll Follow You Through the Floor
11. Same Old Song
Écrit par: Amelie
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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Francky 01 sur 13/12/2011
Excellente chronique pour un disque qui l’est tout autant.
Perso, c’est mon « COUP DE COEUR » 2011 !!!
Un néo-psychédélisme éthéré et lancinant, blues-rock neurasthénique décharné et dream pop hypnotique….L’album que les Spacemen 3 auraient enregistré si Sonic Boom et Jason Pierce se reformaient. Leur meilleur album…..Le meilleur album 2011 ??? Peut être, au moins un des meilleurs !!!
A + et bravo pour cet excellent site…