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Rarement une première écoute n’accouche d’un avis aussi trempé dans l’acier des certitudes. Leave Home, troisième LP de The Men, paru sur Sacred Bones Records, déroge aux habitudes et envoie furieusement valdinguer l’auditeur d’un enchaînement droite-gauche-crochet, hébété qu’il est, à mi-chemin entre la puissance d’Unsane, la rage de Fugazi et la rigueur propre à  Shellac. Oui, là , entre voix s’égosillant au rythme d’une batterie martiale et basse pantelant dans un épais brouillard de saturations, soit en plein cÅ“ur d’un hardcore, rendu ici avec une énergie bien à eux, et qu’on croyait bel et bien enterré dans quelque caveau de Big Apple. New-York justement, ville d’adoption du quatuor ayant déjà dispensé dans un foutoir hors du commun deux LP - We Are the Men et Immaculada, réédité cette année sur Deranged Records - en plus de divers formats courts, tous peu ou prou téléchargeables sur le blog du groupe. Le signe fort d’une rupture non consommée avec l’underground. Mines patibulaires et physiques atypiques pour un groupe du genre – seul Chris Hansell possède cette carrure réglementaire du bassiste coffré et rasé, les autres donnant l’impression de sortir de quelque rabrouade opiacée en compagnie de Can ou Guru Guru – The Men taille sa route en réhabilitant d’un même mouvement tout un pan de ferraillage made in east coast sous les lauriers d’un indie US quelque peu lassé des sonorités guimauves de leurs contemporains brooklynois.
Leave Home pourtant ne commence pas à proprement parler pied au plancher. If You Leave…, morceau introductif, laisse pressentir le déluge durant la moitié de ses huit bonnes minutes – de parcimonieuses notes de guitares minaudant dans un bruissement de batterie – avant d’en livrer la saveur sur un ton légèrement plus rock alternatif qu’attendu. On pense évasivement à un bon vieux Sebadoh, avant de foncer tête baissé et front découvert dans le vif du sujet. Prêt à prendre des coups. Lotus, morceau instrumental au rythme échevelé, puis Think, épure hardcore sculptée dans un mur de distorsions, brisent la glace avec laquelle on s’entaille de toute part sur L.A.D.O.C.H. et sa bestialité contrariée. Comment ne pas rapporter ce besogneux dégorgement d’une bassine de verre pilé à celui qu’affectionne en symbiose Steve Albini, claquemuré dans son studio new-yorkais ? D’ailleurs, dans ce que l’on peut considérer comme un double EP, ne peut-on dessiner une césure autre que physique ? Car si le poids des références jouent à vau-l’eau sur la première face, embarquant de Black Flag à Sonic Youth sur un même bateau, il se fait nettement moins tenace sur la seconde. The Men délivre alors sans discontinuer une jouissive et impulsive saillie punk carénée d’une électricité invariablement compactée. La marque de fabrique. () puis Bataille se laissent avaler d’une traite, les yeux écarquillés, les pieds martelant la mesure, tandis que Shittin’ With the Shah mature comme il se doit une explosion de saturations dégoulinante de sueur. Night Landing, en guise de conclusion épileptique, transcende les codes du genre et accouche d’un kraut-core à l’incandescence phénoménale, arguant sans peine de la puissance scénique du groupe. Qu’à cela ne tienne, The Men sera de passage à Paris le 7 décembre prochain à l’Espace B. On vous offre des places par ici.
The Men – Leave Home (Sacred Bones, 2011)
Side A
01. If You Leave…
02. Lotus
03. Think
04. L.A.D.O.C.H.
Side B
01. ()
02. Bataille
03. Shittin’ With The Shah
04. Night Landing
Écrit par: Thibault
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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