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19 août. 22h42. Nipton, California. Je suis assise devant le motel, sous la véranda. Cinq clients, le désert, la voie ferrée, et rien. Le bruit très étouffé des conversations, celui des insectes qui gambadent sur le sol, poursuivis par le chat, et parfois, le fracas d’un interminable train de marchandise. Le silence est juste ce qu’il faut d’habité pour pouvoir ne penser à rien. C’est là que j’aurais aimé découvrir le dernier EP de The Rodeo. La voix chaude et rebondie de Dorothée Hannequin se serait parfaitement mariée à ce silence-là . Ses chansons, qui sonnent comme des westerns en carton-pâte, n’auraient pas dépareillé dans cet hôtel dont on se demande, une fois qu’on l’a quitté, s’il a vraiment existé.
Après un premier EP brut et dépouillé (My First EP, sorti en juin 2008), The Rodeo offre un deuxième apéritif à son premier album, prévu pour février 2010. Cette mise en bouche, aux arrangements nettement plus léchés, est pour le moins appétissante. On y redécouvre le timbre à la fois doux et rugueux de Dorothée dans des comptines jolies, mais pas complaisantes. L’EP s’ouvre sur la mélodie parfaitement maitrisée d’On The Radio, dont les chÅ“urs semblent tout droit sortis de la maison hantée de Disneyland. Si on devine en effet les influences américaines de Dorothée (elle cite les Byrds, les Shangri-Las ou Billie Holiday), on sent qu’elle les interprète avec une élégance toute française. Rien qui ne sonne faux, pourtant, car sa voix veloutée sait se faire âpre quand il faut donner à ses compositions toute la profondeur qu’elles méritent. I’ll Catch The Following Train et Here’s The Light sonnent ainsi comme deux petits bijoux folk sans artifices, délicatement ciselés dans le bois de cette guitare qu’elle a trouvé dans le grenier de son oncle quand elle avait quinze ans.
The Rodeo brille donc par son authenticité. Mais s’il y a aussi un art dans lequel il excelle, c’est celui de la reprise. De la discrète citation du The Beautiful People de Marylin Manson à la fin de l’éraillé Cha Cha Cha à la version gracieuse d’Amazing de Kanye West, Dorothée fait preuve d’un second degré pop superbement retenu qu’on ne peut qu’admirer. Un trésor de modestie et de discrétion qui laisse sur sa faim et dont on attend avec impatience la version longue.
The Rodeo – Hotel Utah (Emergence Music, 2009)
1. On The Radio
2. I’ll Catch The Following Train
3. Cha Cha Cha
4. Here’s The Light
5. Amazing (feat. Olympic)
Écrit par: Emeline Ancel-Pirouelle
2009 FOLK FR Hotel Utah The Rodeo
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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