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Vas-y je te laisse la chronique, ce disque m’a autant excité que la découverte des accords majeurs chez Offspring. Moins violent qu’Aki, mais non moins mesquin : un joli coup de latte dans les prémices d’une écoute sérieuse, celle primordiale, débarrassée en théorie de tout a priori. On repassera. A moi donc le troisième disque de Nathan Williams, King Of The Beach (dont la sortie sur Fat Possum vient récemment d’être avancée au 13 juillet), agissant toujours sous le nom de Wavves mais depuis rejoint par Billy Hayes et Stephen Pope, assurant respectivement batterie et basse pour le regretté Jay Reatard qui les jeta comme des malpropres. Exit donc Ryan Ulsh, remercié après la piteuse prestation du duo sous ecstasy et valium lors de l’édition 2009 du Primavera Sound Festival (ahah). Prestation qui valut, non sans ironie, les excuses d’un Nathan déclarant être dépendant à l’alcool. Cherchez l’erreur. Mais au-delà du back-line et des histoires de drogues et de bastons avec Jared des Black Lips (ahah), c’est à un grand ménage de printemps qu’à procédé le troublion : tentant le pari de faire autre chose que sur ses deux albums précédents, Wavves (Woodsist, 2008) et Wavvves (Fat Possum, 2009), tout en sortant des carcans surf-rock et hard-fi dans lesquels le commun des mortels tentait vainement de l’enfermer, le jeune homme de vingt-quatre piges, qui s’était jusque-là toujours autoproduit, s’est entouré pour ce troisième effort d’un producteur, et non des moindres, Dennis Herring (Modest Mouse, Elvis Costello). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la différence est notable : faisant encore évoluer il y a peu ses mélodies dans un remugle de saturations crasses, par le biais notamment de quelques maxis bruts de décoffrage (California Goths, 2009, To The Dregs, 2009) – empruntant les structures pop propres des grands frères, Pavement et consort, pour les noyer de distorsions chères à My Bloody Valentine – Nathan a radicalement tranché dans le lard et choisi une production claire et énergique tout en se gavant effrontément de l’héritage de feu Kurt Cobain.
Au risque d’en décevoir plus d’un, Wavves se soustrait aux structures cornaquées d’électricité sauvage pour bétonner ses riffs devenus aussi compacts et efficaces que ne l’étaient ceux des inoxydables Nirvana. Affranchissant son songwritting et sa voix du brouillard assourdissant mais jubilatoire d’antan (au hasard, So Bored, No Hope Kids, California Goths), Nathan Williams semble ne plus s’intéresser ni aux goths, ni aux exubérances sombres d’une jeunesse californienne scénarisées à la perfection par Larry Clark dans Ken Park, mais bien à l’insouciance qu’on coltine bien plus facilement à cette dernière. Le bien nommé King Of The Beach fait honneur dans toute sa splendeur échevelée à cette nouvelle appétence, quand un bon tiers des morceaux le composant fait étal de cette même soif de vitesse sans ambages, parfois lumineuse (King Of The Beach, Take On The World, Post-Acid), parfois un brin fade (Super Soaker, Idiot). Difficile de ne pas grincer des dents lors de balades guillerettes très teen movie (Green Eyes, Convertible Balloon, Baby Say Goodbye), surtout que l’attention redouble lorsque la musique de Wavves se fait plus alambiquée, moins évidente, où les voix sont salement réverbérées et les synthés triturés (When Will You Come ?, Baseball Cards, Mickey Mouse). En filigrane de cet attrait pour ces morceaux plus lents, c’est toute cette alchimie brumeuse entre électronique et son noise qui semble s’être dissipée d’un coup d’un seul avec les arrivées de Billy Hayes et Stephen Pope. Tels deux pachydermes à chemises à carreaux dans un magasin de joailleries opiacées, les compères envoient du bois, certes, mais dénaturent ce qui constituait l’ADN du son halluciné de Wavves. Regrettable ou pas, c’est comme ça, ce qui n’enlève rien à l’intense plaisir de pousser le volume à fond tout en sautillant comme un con dans son salon. Un disque d’été donc, loin d’être le disque de l’été.
Histoire d’en prendre plein les esgourdes, Wavves jouera le 22 juillet prochain à la Flèche d’Or. On y sera.
Wavves – King of the Beach (Fat Possum / Bella Union, 2010)
01. King Of The Beach
02. Super Soaker
03. Linus Spacehead
04. When Will You Come?
05. Baseball Cards
06. Take On The World
07. Post Acid
08. Idiot
09. Green Eyes
10. Mickey Mouse
11. Convertible Balloon
12. Baby Say Goodbye
Écrit par: Thibault
2010 Wavves Fat Possum rock US
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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