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Beaucoup aimeraient voir en Nika Roza Danilova un poussin à peine sorti de l’œuf. La jeune Américaine d’origine russe n’en est pourtant pas à son premier coup essai. Si Stridulum II marqua certainement un tournant dans la carrière de cette artiste candide, il n’en reste pas moins que Conatus sera déjà son troisième album, si on oublie de compter le split sorti sur Not Not Fun avec LA Vampires, ainsi que ses collaborations aux côtés de Burial Hex, Prefuse 73 ou Former Ghosts. On notera que question carrière, notre chanteuse au physique de pilleuse de parcmètres aura eu du tarin, passant rapidement de l’underground au gratin arty de L.A. Cet ultime recueil passe à la moulinette l’accumulation de nombreuses influences, triturées avec sensibilité et hardiesse autour d’un effort presque définitif pour Nika de se libérer de quelques chaînes, comme le suggère le titre. J’en appelle à vos cours de latin de classe de cinquième.
Pour être totalement franc, la première réaction face à  Conatus est la peur. Si Stridulum II séduisait par son ambiance feutrée, noirâtre et quelque peu ambiguë, ce chant lyrique qui nous avait captivés dès les premières écoutes devint rapidement insupportable, allant jusqu’à écorcher nos tympans. Ce nouvel opus allait-il porter en lui les mêmes stigmates que son prédécesseur ? Visiblement pas : ne se contentant plus de gémir à porte-voix, Nika Roza déplie un éventail d’émotions qui se bousculent à travers le gosier, donnant à son timbre à la Bonnie Tyler un véritable charme empruntant multiples facettes. Et pourtant, si les premiers titres sont d’une beauté mirifique, ils laissent un arrière-goût de re-edit (Swords, Avalanche, Vessel). Il faudra attendre Hikkimori, complainte amoureusement synthétique dégoulinante d’inspiration dark-wave, pour véritablement apprécier les couleurs blafardes de Conatus. Un track qui n’est pas sans rappeler les collaborations de la jeune femme au projet de Freddy Ruppert. Plus inattendue, la mélodie de Seekir s’appuie sur une rythmique dance, mêlée de hululements incantatoires en écho. Une transition radicale pour le moins déconcertante, aussi rondement produite qu’un tube techno slovaque et aussi ennuyeuse qu’un titre francophone concourant à l’Eurovision. Le très witch-haus Ixode fait très vite oublier cet intermède raté, capitalisant sur ce que l’artiste sait finalement faire de mieux. Un crescendo de beats syncopés sur lesquelles la prêtresse attise son flegme gothique, se posant languide, ensorcelant de sa voix vénéneuse, tandis que l’air s’embrume d’une aura de désespoir. Une recette qui fera également des merveilles sur le très dark-indus Shivers. Et pourtant, c’est en se dénudant de ses glorieux artifices que Zola Jesus perfore au plus profond nos carcasses. Capable de mélodies plus minimalistes, comme le prouve le splendide Lick the Palm of the Burning Handshake, à la fois héroïque et désenchanté, mais c’est surtout Skin et sa ritournelle au piano qui marqueront nos esprits – cantabile écorchée dont le dépouillement sacrificiel des instruments appuie l’esthétique funeste et poétique de cette pièce délicatement lacérée.
Dire que cet effort tient de l’orfèvrerie serait quelque peu exagéré. Zola Jesus livre avec Conatus un album bien plus immédiat, homogène et modeste que le précédent. Nika Roza recycle ses inspirations et ses expériences tout au long de onze titres qui, sans tous être mémorables, apportent une touche de sincérité qui n’est pas sans déplaire et invitera l’auditeur à se replonger dans ce florilège de saveurs aigres-douces. L’amateur ne n’y trompera pas.
Zola Jesus – Conatus (Souterrain Transmissions/Sacred Bones, 2011)
01. Swords
02. Avalanche
03. Vessel
04. Hikikomori
05. Ixode
06. Seekir
07. In Your Nature
08. Lick the Palm of the Burning Handshake
09. Shivers
10. Skin
11. Collapse
Écrit par: Akitrash
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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