HZ RADIO hz radio
On a tous un jour connu ce sentiment d’insondable ignorance, cette impression frustrante d’avoir vécu seul au fond des bois alors que ce truc énorme se répandait sur toutes les lèvres (non, il n’est pas question d’herpès)… Bon, alors tout le monde me parlait de ce nouveau groupe qui faisait le buzz sur la toile, (enfin, tout le monde… sauf peut être ma mère, parce qu’elle bloque encore sur Tame Impala), bref, j’ai fini par penser qu’il était temps de mettre fin à cette ignorance honteuse et de voir ce que Cloud Nothings avait à offrir. D’abord, le fameux ‘groupe dont tout le monde parle’ s’avère n’être en fait que le fruit d’une personne, un jeune freluquet de 19 ans, Dylan Baldi, qui, un peu geek, enregistrait en 2009 ses chansons sur cassette dans le garage de ses parents à Cleveland. Turning On est donc une compilation finalement signée chez Carpark Records qui regroupe tous les morceaux composés ces derniers mois pour lesquels il aura lui même enregistré chaque instrument un à un. Sceptiques ?
Je vous l’accorde, c’est difficile à croire, mais le bidouillage fonctionne à merveille, et c’est même foutrement entraînant ! A la première écoute, le son lo-fi aurait pu en refroidir plus d’un, agacé par la déferlante actuelle de groupes surfant sur la vague 60’s avec plus ou moins de talent. Mais Turning On est un album qui mérite qu’on s’y arrête à deux fois, tout spécialement pour les adeptes du son old school et grinçant des Wavves, Best Coast, Beach Fossils et autres compères du genre.
Parce que Cloud Nothings sait composer des morceaux étonnamment accrocheurs, et que l’air de rien, le gamin a plus d’un riff endiablé dans son sac pour faire tourner les têtes et remuer les hanches (mais ça, il n’y a que maman qui ne veuille pas l’admettre). Un peu comme un chanteur punk qui planerait sous acides, Baldi balance un son paradoxalement énervé, dépenaillé, mais à la fois incroyablement nonchalant. L’album s’ouvre sur l’emblématique Can’t Stay Awake, où Baldi, lancé sur le rythme effaré d’une guitare saccadée, chante son impossibilité à … rester éveillé (quand je vous parlais d’acides…) ! Real Thing respecte le même rythme soutenu, le riff est syncopé et ce jusqu’au refrain qui, plus calme, réinsuffle l’énergie nécessaire à la suite du morceau, lequel instaure une atmosphère étrange, presque parano, assez addictive. Hey Cool Kid, titre central qui tourne sur le net depuis un moment déjà pour les connaisseurs, se révèle être absolument brillant. Le riff est simple et entêtant, la voix se fait plus posée, à aucun moment la guitare ne s’emporte, oooooh Dylan, you’re such a cool kid ! Dans un registre un peu différent on pourra s’étonner de trouver Strummin, l’ovni bluesy de l’album, au beat lent mais pas désagréable, quoi qu’un peu brouillon à mon humble avis. Le silence soudain, à la deuxième minute, introduisant un riff nettoyé de son effet lo-fi sur lequel le gamin s’égosille, a plutôt tendance à nous rappeler qu’il est finalement tout juste tombé du nid. Un faux pas qu’on lui pardonne, sans rancune ! Car très vite il se rattrape en concluant l’album sur Another Man, qui ne fait que confirmer son style et son habilité à créer du son indie pop une pointe vintage, et pourtant si moderne ! Ceci étant dit, j’adorerais maintenant vous parler de ses talents de songwriter, du message dont il imprègne chaque titre, mais la vérité, c’est que distinguer ne serait-ce qu’un mot sur deux de ce qu’il baragouine est en soi un exploit. Mais entre nous, qu’il admire les poneys, ou qu’il dénonce le système, peu importe, pourvu que ça marche !
Aux dernières nouvelles, le ‘groupe’ serait actuellement en studio, enregistrant son premier LP. Il est alors légitime de se demander ce qu’il en adviendra… Sortir Baldi du garage familial ne risque-t’il pas de ruiner son style ? Affaire à suivre…
Cloud Nothing – Turning On (Carpark, 2010)
1. Can’t Stay Awake
2. Old Street
3. You Are Opening
4. Turning On
5. Hey Cool Kid
6. Water Turns Back
7. Whaddya Wanna Know
8. Real Thing
Écrit par: Florianne
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
Hartzine the indie music webzine since 2007
Commentaires d’articles (0)