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Conquering Animal Sound l’interview

today29/11/2011 56

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À bas la folk mièvre trempée au whisky et vive Conquering Animal Sound, une entité musicale hybride unique, mi-homme, mi-femme, aux accents électroniques et organiques à la fois. Leur premier album, Kammerspiel, sorti en février dernier chez Gizeh Records, est un petit bijou de pop électronique, intime et troublant, mué par la force de références pointues et de lignes de basses profondes. Les vocalises d’Anneke, aériennes mais puissantes, se prêtent parfaitement au jeu de cette pop étrange, dans la lignée de Grimes et Fever Ray.

Tout juste rentrés d’une tournée triomphale en Europe, j’ai rencontré et assailli les nouveaux héros de la pop électronique écossaise de mes questions imbéciles, et James et Anneke se sont gentiment prêtés au jeu. Au cours de cet épique entretien, lisez tout des trépidations de la vie en tournée et de sa gastronomie parfois aléatoire, des joies de l’hibernation en Écosse et de la préparation du nouvel album, des bizarreries pop et de la techno minimale et découvrez une sélection des groupes les plus intéréssants au pays des brebis bourrées…

Comment s’est passée votre première tournée en Europe ? Quels en furent les meilleurs moments forts et les moins bons (découvertes culinaires et musicales comprises) ?
You seemed to have had a lot of fun during your European tour… Any tour/food/musical highlights?

James : C’était génial ! On en est plutôt content. Le concert donné à Paris fait partie pour moi des moments forts de la tournée : dans une maison, avec notre hôte pour la soirée, le sympathique Oliver Peel, mais aussi les concerts donnés à Gent, Strasbourg, Hambourg et Santiago de Compostela. De très bons moments, avec un excellent public. Ça me surprend toujours un peu que des gens viennent nous voir tout en étant aussi loin de chez nous.

Anneke : Quasiment tous les concerts ont été des moments forts ! Mais, tout spécialement Hanovre (la bouffe était incroyablement bonne, et les promoteurs vraiment sympas), Hambourg, Santiago, et j’ai aussi beaucoup aimé Berlin.

James : Quant au meilleur repas de la tournée, c’est facile… Les promoteurs de Santiago en Espagne nous ont emmenés dans un bar à tapas juste avant le concert, et à la fin du dîner, je n’avais qu’une envie, c’était d’aller me coucher, mais il fallait monter sur scène… On se souvient aussi très bien du repas le plus mauvais : on avait joué dans un bar minuscule à Brême et le promoteur nous avait préparé des spaghetti avec son pesto fait maison, mais il n’y en avait vraiment pas assez pour cinq, alors on a fini par se faire un plat de pâtes sèches… Je n’avais jamais rien mangé d’aussi dénué de valeurs nutritionnelles depuis lontemps.

Anneke : Cette fois-ci, on a tourné avec notre ami (et ingénieur du son) Sam, qui s’est révélé être une source inépuisable de divertissements en tous genres. Après un concert, il demandait systématiquement : « Où sont les chocolats ?« . S’en suivirent plusieurs incidents au milieu de la nuit en voiture, à la recherche de friandises. Manger devient vraiment important quand on est loin de chez soi pendant un certain temps. C’était devenu un peu n’importe quoi à la fin : je prenais deux petits déjeuners, plusieurs déjeuners…

James : En termes de découvertes musicales, le promoteur à Strasbourg passait un album de Van Pelt [ndlr : ex Miracle-Fortress] quand on est arrivés. Je l’ai acheté depuis et j’aime beaucoup.

Anneke : J’ai dû écouter pas mal d’indie écossais (bêêêuuurk !) dans la voiture car mon iPod ne marchait plus, et j’ai découvert des choses, en quelque sorte… Le problème avec Sam, c’est qu’il n’écoute pas assez de techno !

James: The tour was great – it was our first European tour, and we’re very happy with how it went. Personal highlights for me were in Paris – a house show hosted by the lovely Oliver Peel – Ghent, Strasbourg, Hamburg and Santiago De Compostela. All great shows with brilliant audiences. I’m still surprised by us going so far from home and having people come along to see us.

Anneke: Most of the shows were highlights! But really special ones include: Hanover (the food was also incredible and the promoters were such nice people), Hamburg, Santiago and I really enjoyed being in Berlin.

James: Best food is easy: the promoters in Santiago in Spain took us out for tapas just before the show, andafter the meal, I just wanted to go to go for a nap, but we still had the show to do! Worst food is also very easy – we played in a small bar in Bremen, and the promoter fed us spaghetti with his homemade pesto, but there was so little pesto to go around 5 people that we were just eating spaghetti on it’s own.. I’ve not eaten a meal so devoid of nutrition in a long time.

Anneke: This time we toured with our friend (and sound engineer) Sam, whom was a reliable source of good times. We would play a show, and after he would say ‘wheres the chocolate?’. There were some incidents of driving around at night in search of sweet treats.Food becomes this really significant and important thing when your away from home for a reasonable period of time. It got a bit ridiculous by the end -i started eating two breakfasts, several lunches…

James: On musical discoveries, the promoter in Strasbourg was playing an album by the Van Pelt when we were there, which I have since got a copy of, and I’m really enjoying listening to that.

Anneke: I had to listen toquite a lot of Scottish Indie music in the car (bleeeuugh) as my ipod stopped working so that proved an education of sorts. The only problem with Sam is he doesn’t like techno enough!

Quels sont vos projets du moment ? Qu’en est-il du nouvel album ?
What are you both up to now? New album?

James : Il nous reste trois concerts ce mois-ci en Grande-Bretagne, avec nos potes de Gizeh Records, Sleepingdog et FareWell Poetry (qui vient de Paris). Après ça, on va faire une pause en ce qui concerne le live et on va commencer à enregistrer les nouveaux morceaux. On a joué pas mal de nouveaux morceaux pendant la tournée, et on a pas mal de choses sur lesquelles commencer à bosser. En ce qui concerne le nouvel album et une date de sortie, on en est vraiment encore qu’au tout début. Avec un peu de chance, la sortie se fera pour l’été ou l’automne 2012 !

Anneke : En effet, on en est toujours à l’écriture, donc rien n’est officiel. On va hiberner un peu et beaucoup enregistrer. L’hiver écossais est parfait pour ça.
Je travaille aussi sur quelques projets musicaux de quartier à Glasgow sur lesquels je m’amuse beaucoup. Par exemple, je vais participer à un spectacle de danse dans un centre pour jeunes délinquants dans quelques semaines…

James: We have three shows this month in the UK with our Gizeh Records labelmates Sleepingdog and FareWell Poetry (who come from Paris). After this, we’re going to take a break from live performing and record all the new material that we have – we played a lot of new songs on tour, so we have plenty to start record. As for a title, or release date, we’re still in the early stages of something coming together. Hopefully we will have something out in the summer/autumn next year!

Anneke: Yes we’re still writing so nothing is official yet. We’re going to do some winter hibernating and record a lot – winter in Scotland is good for this.
I am working on some community music projects in Glasgow too, which are a blast. Going to a dance performance in a young offenders institute in a few weeks…

Kammerspiel est un album à l’atmosphère très intime, mais les nouveaux morceaux semblent un peu plus conflictuels (Ultimate Heat Death of the Universe, par exemple). Quels seront les thèmes du prochain album?
Kammerspiel was very intimate, the new songs seems a bit more confrontational (Ultimate Heat Death of the Universe for instance). What are the themes about for the new songs/album musically and lyrically?

James : Musicalement, je pense que les morceaux sont en train de devenir un peu plus sombres, un peu plus pesants. Je ne sais pas vraiment d’où cela vient, mais quand on a commencé à composer ensemble, pas mal de choses étaient en gammes majeures. Par la suite, notre premier album était un mélange de thèmes plus ou moins légers, tandis que les nouveaux morceaux sont beaucoup plus sombres.
Cela reflète probablement, et plus que jamais, la musique qu’on écoute nous-mêmes : il n’y a rien de franchement très joyeux dans ma collection d’albums.

Il y aura aussi plus de sonorités électroniques dans le nouvel album, et moins d’instruments acoustiques comme la harpe et les orgues du premier album.

Anneke : J’ai commencé à réfléchir de plus en plus en terme de rythme (dans mon chant et avec les instruments) cette année. De mon côté, j’ai toujours voulu produire quelque chose de plus rapide, moins fade et plus direct. Je travaille différemment avec ma voix, en explorant d’autres gammes. Je ne conçois pas vraiment la musique en termes de gammes mineures/majeures, mais je vois où James veut en venir. Les nouveaux morceaux sont plus riches, moins plaintifs. Les thèmes abordés ont changé : le précédent album évoquait les choses au premier plan, désormais, je veux parler de phénomènes plus étendus. Je me sens plus forte et j’éprouve moins le besoin de me cacher ces temps-ci.


James: Musically, I think the songs are becoming darker, a little more tense. I’m not sure what that is borne of, but when we started writing together, a lot of stuff was in a major key. Then with our album there was more of a mix of light and dark themes, and now with the newsongs, we seem to be writing a lot of tenser, darker music. That probably reflects what our own listening habits more than before there’s not much outright happy music in my record collection.. There is more electronic experimentation with the sounds on the new record, with less emphasis on acoustic instruments like the harp or organs that were heard on the first record.

Anneke: I have been thinking a lot more about rhythm (in my voice and in instrumentation) over the past year. For me, I always knew I wanted to create something faster, less washy and more direct. I have been using my voice differently, exploring my dynamic range. I don’t really think about things in terms of major/minor, but I know what Jamie is getting at.The new songs are richer, less whiny I think,[ in some ways less positive but in others more so.] There has been a shift in subject matter too. The last album looked at things from close up, with this one the view has changed: I am trying to be more inclusive and discuss larger forces and more widespread phenomena. I feel stronger and less like hiding these days.

L’influence de la musique techno minimaliste (et de Stephan Bodzin, notamment) et le côté DIY plutôt « organique » et intime rendent Conquering Animal Sound vraiment unique. Comment pensez-vous que cette influence se traduit au travers de votre musique ?
I feel that the minimal electronic influences (such as Stephan Bodzin‘s) almost paradoxically added to the intimate DIY rather « organic » aspect of your music, makes Conquering Animal Sound stand out…. How do you think this translates in your music?

James : On restera toujours fans de Stephan Bodzin. Son album Liebe Ist est vraiment sous-estimé. Sa musique nous inspire, en terme de rythmique. J’aime beaucoup les séquences de beats répétitifs. Mais, comme tu l’as remarqué, notre musique est un mélange de sons plus organiques qu’électroniques. J’aimerais continuer à développer ces thèmes, tout en restant ouvert à d’éventuels changements…

Anneke : Je pense qu’il y a eu un changement dans la façon où les gens créent et jouent sur scène. Il y a eu pas mal d’artistes qui ont mélangé le synthétique avec l’organique de façon très naturelle. Il ne s’agit plus d’un seul homme penché sur son ordinateur, secouant la tête de haut en bas et mixant à l’aide de deux ou trois filtres. Désormais, il y a des femmes et des instruments ! Ce que je veux dire, c’est que l’on reste assez loin de nos influences musicales, mais on utilise quelques techniques souvent associées à la techno minimale.


James: We will always love Stephan Bodzin – his album
Liebe Ist.. is an underrated gem. His music inspires us rhythmically, I really love repetitive kick drum patterns, for example. As you say though, our music is a blend of more organic sounds than pure electronic music, and I’d like to continue to develop those themes in our music, while being open to changing things as well..

Anneke: I think there has been a shift in the way people make and perform electronic music over the past few decades. There are a great deal of artists who blend the synthesised with the organic in a very natural way. Its not so much about a man hunched over a computer, moving his head up and down really quickly, fiddling with a few filters anymore. There are women and instruments too! What I mean to say is, we are a few steps away from our influences but i think that we make use of some musical devices often associated with minimal music.

Votre reprise de Kate Bush est vraiment excellente. À part Kate Bush, qu’est-ce que l’on peut trouver d’autre sur vos platines en ce moment ?

Your Kate Bush cover is an amazing track. What do you actually listen to these days?

James : Merci ! C’était une idée d’Anneke, c’est elle qui est vraiment fan de Kate Bush… Cette reprise a été enregistrée à l’occasion d’un podcast de reprises de morceaux des années 80, pour le blog Cokemachineglow. Je ne savais pas que Wild Nothing avait déjà repris cette chanson, dans tous les cas, je crois qu’on est parvenus à en faire quelque chose de différent. En ce moment, j’écoute Prurient, Rustie, Zomby et Araabmuzik. J’ai aussi découvert Margaret Dygas, une productrice polono-américaine de techno. Sa musique est beaucoup plus enjouée et dynamique que pas mal de techno que j’ai écoutée récemment. Pendant la tournée, sur la route, Neil Young fut le seul artiste sur lequel on a tous pu se mettre d’accord. On a dû l’écouter tous les jours…

Anneke : Pas mal d’électro, surtout par des femmes. Je pense que les femmes qui font de l’électro apportent plus de finesse. Et aussi un peu de pop barrée : Laurel Halo, Stellar Om Source, Daphne Oram, le dernier EP de Inga Copeland que j’aime beaucoup.

James: Thanks! Anneke must take credit for that, she’s the big Kate Bush fan of the two of us.. That cover came about as a result of the blog Cokemachineglow, who asked us to contribute a track to an 80s covers podcast. I hadn’t realised that the band Wild Nothing had recently covered the same song for one of their releases, but I think we put a different spin on it in any case. At the moment, I’m really enjoying new albums from Prurient, Rustie, Zomby and Araabmuzik. I also discovered Margaret Dygas, a Polish-American techno producer, who is great – her stuff is a more playful and dynamic than a lot of the techno I’ve been
listening to recently. On tour, one of the few things that Anneke, Sam our driver and I all agreed on listening to was Neil Young, I think he was on nearly every day..

Anneke: Electronic things mostly – especially things made by women, i think women work with electronic sounds with superior softness! Freakish sounding pop music. Recent listening includes: Laurel Halo, Stellar Om Source, Daphne Oram, Inga Copeland. I really like the EP Inga just released.

Pourriez-vous nous recommander quelques nouveaux groupes écossais ?
Any local(-ish?) Scottish acts that you think deserve more attention/you would like to recommend for Hartzine?

James : Fox Gut Daata, qu’on admire depuis longtemps. Il a commencé à faire de la musique avec son frère sous le nom de Cru Servers, que je vous recommande également, ainsi que d’autres groupes géniaux comme Grnr, Ben Butler & Mousepad, Withered Hand et j’attend avec impatience l’album de Rob St John.

Anneke : Oui, Fox Gut Daata est génial. Il travaille de manière complètement cinglée, réalisant une dizaine de versions différentes pour chaque morceau produit. Il vaut vraiment la peine que l’on s’attarde sur lui. J’ai vu BBMP lors du festival Music is the Music Language à Glasgow il y a quelques semaines de ça, et il était vraiment super, plein d’énergie, positif, et attachant.


James: Fox Gut Daata, who we’ve long admired, has started making music with his brother as Cru Servers, both of whom I’d recommend checking out. Other awesome stuff is Grnr, Ben Butler & Mousepad, Withered Hand and I’m also looking forward to hearing the Rob St John album.

Anneke: Yes, Fox Gut Daata, hes amazing – the way he works is so bonkers,I love it – he seems to have like 8 versions of every track he makes, well worth listening. I saw BBMP at a festival my friend Emily put on in Glasgow a few weeks ago called Music is the Music Language, he was great, really energetic, positive and engaging.

Comment voyez-vous Conquering Animal Sound évoluer dans cinq ans ?

How would you like Conquering Animal Sound to evolve/where do you see yourselves in 5 years time?

James : Tant que l’on continue à faire de la musique ensemble, et que l’on réalise et continue dans notre lancée toutes les opportunités qu’on a eu la chance d’avoir cette année, je serai heureux. Sonar peut-être ?

Anneke : Ça serait aussi génial de pouvoir un jour gagner notre vie grâce à notre musique et aussi de faire une tournée au Japon…

James: As long as we keep making music together, and continue to build on the great opportunities that we’ve had this year, I’ll be happy. Maybe headlining Sonar?

Anneke: It would also be really great to one day be able to support ourselves financially from making music and I want to tour in Japan…

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Écrit par: Simone Apocalypse

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