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A l’aube d’une nouvelle saison de l’émission de télé-réalité la plus populaire de France au sens pas noble du tout du terme, permettons nous une petite séquence « People ». Le saviez-vous : Brandon Welchez, un des deux membres fondateurs de Crocodiles est marié avec Dee Dee Penny, leader des Dum Dum Girls, celles-là mêmes auteurs d’une des plus grandes escroqueries musicales de l’année dernière, le bien nommé Only In Dreams tant l’écoute de cet album apparaît en réalité comme une grande succession de pompages ratés dont Coming Down, salut irrévérencieux au sublimissime Fade Into You de Mazzy Star, est très certainement la pire incarnation. Le partage étant un lien fondamental du mariage, il semblerait malheureusement qu’elle soit parvenue à insuffler les mêmes élans négatifs au sein même de la dernière production de Crocodiles.
Et pourtant, d’entrée de jeu, le duo de San Diego nous met l’eau à la bouche nous livrant en guise d’apéritif un Endless Flowers, titre éponyme de ce nouvel opus, tout en maîtrise et austérité et surtout Sunday (Psychic Conversation #9), premier single et petite pépite noisy-pop fraîche comme une rencontre entre les Boo Radleys et 18 Wheeler. Deux morceaux dévoilés d’ailleurs avant la sortie prévue de l’album chez Fat Possum le 05 juin… Comme pour cacher la pauvreté des efforts à venir. A l’écoute de Sleep Forever, précédent LP, nous avions compris que nous étions en présence d’un groupe de milieu de tableau mais nous nous en accommodions plutôt bien tant l’immédiateté et le côté incandescent des compositions suffisaient à notre enthousiasme. Certes, nous sentions poindre une petite évolution par rapport à  Summer Of Hate, premier essai du groupe, avec l’apparition de nappes de claviers vintage mais sans que cela n’altère l’immédiateté du propos. Mais voilà , à trop vouloir jouer dans la cour des grands, on finit par friser la relégation.
Car Crocodiles, au travers de cet album, pêche là où The Horrors avec Skying était parvenu à effectuer un coup de maître l’année dernière : assumer et mettre en exergue ses influences, étonner, raviver sans tomber dans la copie ou au pire dans le ridicule. Qu’il explore la piste du Glam-Rock (My Surfing Lucifer) ne parvenant au final qu’à singer Suede période Coming Up (exercice relevé d’ailleurs avec brio par The Horrors et son Monica Gems pour le coup vraiment endiablé) ou qu’il s’aventure dans des effets de style incongrus comme cette pseudo introduction bruitiste sur ce même morceau dont la caricature est renforcée par l’utilisation de la langue de Goethe, difficile de porter attention à ces compositions non seulement dénuées d’originalité mais de surcroît « sonnant comme mais en moins bien évidemment ». C’est Welcome Trouble (sic !!!) qui en est la plus parfaite illustration, tentant l’alliance du classicisme version Rolling Stones et du revival Brit-Pop, le résultat sonnant comme du Shed Seven mais période Let It Ride, après l’apogée du mouvement donc, à côté de la plaque en somme… Mais le comble du grotesque est quand même atteint avec No Black Clouds for Dee Dee (on y revient…), ritournelle Sébastiennesque sur laquelle vous pourrez aisément faire tourner les serviettes lors du prochain mariage d’un de vos (indé-)fectibles amis ou embrasser votre grand-tante au beau milieu de la farandole à l’occasion d’une réunion de famille. Décevant, frustrant même. Car lorsque le ton se veut plus direct et binaire comme sur Electric Death Song ou Dark Alleys, on retrouve en partie ce souffle décoiffant et cette morgue dénuée de fioritures qui leur sied au final le mieux. Comme un aveu de faiblesse, l’album s’achève sur You Are Unforgiven (pas si évident que ça qu’on y parvienne…) et ses cloches semblant sonner le glas de nos espérances vis-à -vis de ce groupe.
Crocodiles avait toutes les cartes en main pour marquer 2012 de son empreinte par le biais d’un EP empli de fraîcheur et de délectation immédiate que l’on aurait assurément pris plaisir à introduire régulièrement dans le lecteur cd de la voiture les jours de grand soleil. Au lieu de cela, il nous livre un album poussif qui risque au final de noyer les quelques réussites qu’il recèle dans l’oubli. « A vouloir plaire à tous les coups on finit un jour par avoir l’air chiqué chiqué », clamait notre chanteur moustachu favori. Dans le cas présent, on verserait presque une larme pour ces Crocodiles aux fleurs si artificielles.
Crocodiles – Endless Flowers (Fat Possum, 2012)
1.Endless Flowers
2.Sunday (Psychic Conversation #9)
3.No Black Clouds for Dee Dee
4.Electric Death Song
5.Hung Up On a Flower
6.My Surfing Lucifer
7.Dark Alleys
8.Bubblegum Trash
9.Welcome Trouble
10.You Are Forgiven
Écrit par: Eric
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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