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Death in June – Nada Plus!

today07/10/2011 1161

Arrière-plan
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Dans la continuité de la célébration du trentenaire de Death in June, New European Recordings vient de ressortir l’ultra-culte Nada! (1985) dans un coffret de trois disques agrémenté d’enregistrements additionnels d’époque, de lives et de nouvelles versions plutôt dispensables. Quoi qu’il en soit, Nada Plus! contient l’album à la fois le plus expérimental et le plus abouti du groupe : assez pour faire tomber les masques et les casques à pointe…

Une fois passée la surprise suscitée par l’objet en lui-même, où bonus exhaustifs, artwork malheureusement révisé au détriment de la superbe pochette d’origine, DVD, et même clé USB qui accompagne la version vinyle ont de quoi rivaliser avec le minimalisme spontané d’un U2, on se replonge avec délice dans l’album incontournable du groupe fondateur du mouvement dark folk, dont on retrouve ici la quintessence même comme ses dérives. On fera tout de même l’impasse sur les versions retravaillées, dont l’intégrale de la compilation 93 Dead Sunwheels sortie en 1993 (merdique), supportée ici par une nouvelle flopée de réenregistrements (archi-merdiques).

Indéniablement fourre-tout et incohérent de bout en bout, à l’image de sa réédition, Nada! incarne pourtant l’apogée créative de Death in June. A l’époque, le groupe ne repose déjà plus que sur les épaules du duo Douglas Pearce et Patrick Leagas, Tony Wakeford s’en étant allé former Sol Invictus. Cependant, la présence de David Tibet de Current 93 n’est sans doute pas étrangère à la formidable beauté de l’opus. Celui-ci apporte au duo la force incantatoire de son chant et la poésie épique de quelques compositions comme sur Fields of Rape, qui met face à face via ce double-sens la violence de l’homme à travers le viol et la beauté naturelle de la fertilité à travers la métaphore du champ de colza. Ce morceau est l’une des illustrations de ce tournant que l’on qualifiera de dark folk, Death in June laissant derrière eux les années cold wave pour s’abandonner à des ballades épiques et martiales en parfaite symbiose que nul autre n’arrivera jamais à mener aussi bien. Accords simples et aériens aux accents parfois hispanisants, gravité du chant, paroles hymniques, percussions lointaines comme l’on sonne un glas font l’essence de cet opus fondateur.

Pourtant, Nada! est également le témoin des dérives expérimentales du groupe qui s’élève par à-coups de cette torpeur onirique, pas forcément de façon judicieuse mais avec une réussite toute aussi grande. The Calling (Mk II), véritable tube électro dark, avec sa boîte-à-rythme précuite (merci Roland) façon EBM et son chant glacé d’écho continue de faire le bonheur des (bonnes) soirées goth et batcave. Toujours plus accessibles, certains morceaux sonnent ostentatoirement plus pop, là encore ourlés de beats simplistes qui font tout de même dodeliner du pied. She Said Destroy, malgré son chant toujours aussi grave, est plutôt entraînant avec ses refrains encadrés de scintillements impromptus. Juste à sa suite, Carousel est une réminiscence new wave bien agréable. A côté de cela, on trouve ça et là des pistes hybrides non-identifiées comme le martial et geignard Rain of Despair, la berceuse synthétique Crush my Love, le chialant Last Farewell, et le gênant C’est un Rêve (« Où est Klaus Barbie ? Il est dans le coeur »). Bon, noir le cÅ“ur, mais certains apprécieront…

Car s’il reste une certaine répugnance à s’esbaudir de toute galette de Death in June, c’est bien l’abondance outrancière de références über-nazies que Douglas Pearce n’a cessé de coller au derrière de son groupe, sans jamais clairement justifier sa position, là où d’autres en ont usé avec plus de subtilité et de jugeote. Pas étonnant donc que les premiers rangs des concerts (certains d’ailleurs annulés en Allemagne, tout comme l’album The Brown Book où Pearce reprend un chant nazi y a été retiré des bacs) fassent le bonheur des lacets blancs comme un crâne d’oeuf. On a le public qu’on mérite. Problème : il n’y a pas vraiment d’alternative à un groupe comme Death in June. On se procurera donc cette réédition avec la jouissance coupable d’un historien du bon goût.

Audio

Death in June – Behind The Rose (Fields Of Rape)

Tracklist

Death in June – Nada Plus! (2011)

CD1
01. The Honour Of Silence
02. The Calling (Mk II)
03. Leper Lord
04. Rain Of Despair
05. Foretold
06. Behind The Rose (Fields Of Rape)
07. She Said Destroy
08. Carousel
09. C’est Un Rêve
10. Crush My Love

CD2
01. The Torture Garden
02. Last Farewell
03. Doubt To Nothing
04. Fields Of Rape
05. C’est Un Rêve
06. She Said Destroy
07. The Calling
08. Leper Lord (Unreleased Version)
09. Doubt To Nothing (Unreleased Version)
10. Fields Of Rape (Unreleased Version)
11. He Said Destroy (Unreleased Version)

Écrit par: Ottavia Pellemoine

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