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Desire l’interview

today25/09/2010 73

Arrière-plan
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8332_257450065197_249426295197_8706763_1707281_nOn avait déjà parlé de Desire Records sur Hartzine à l’occasion de la sortie de l’EP de la nouvelle hype EBM //Tense//. Suivant une ligne artistique sans équivalent en France, il nous paraissaît intéressant de nous attarder sur ce label géré par Jérôme Mestre, ancien du shop Rough Trade à Bastille (entre autres). Commerce 2.0 et nuance de ton au programme de cet entretien qui ne fait que confirmer tout le bien que l’on pensait de cette structure.

Tu as un parcours conséquent dans le monde de la musique : patron du shop Rough Trade parisien à 25 ans, responsable de Chronowax et Artefact, puis maintenant affilié à la radio collaborative virtuelle Official FM (ex Fairtilizer). Tu n’a jamais été réellement déconnecté de la musique indé. J’ai donc envie de te demander dans un premier temps : aimes-tu toujours autant la musique ?

Jérôme : Oui ! Je trouve que la crise du disque n’est pas une crise de la création musicale. Tous les jours de nouveaux groupes débarquent et proposent des choses enthousiasmantes. Je crois d’ailleurs que je n’ai jamais autant acheté de disques que ces deux dernières années.

A la vue de ton parcours, on observe que tu t’es progressivement éloigné de la sphère réelle du business musical. Quel est ton regard sur les nouveaux modes de « consommation » de la musique (liés au 2.0, dont le streaming) ?

En fait, tant que les disques se vendaient bien, le boulot chez un distributeur était assez excitant. Mais depuis 4/5 ans ce n’est plus marrant du tout. Par contre je pense que le métier de disquaire a un avenir devant lui : les Fnac et autres Virgin ne proposent plus rien d’intéressant et laissent donc le champ libre à une nouvelle génération de magasins de disques.
En ce qui concerne les nouveaux modes de consommation de la musique, je ne peux être qu’enthousiaste. Même si la rémunération des titres en streaming est quasi-nulle, c’est une véritable opportunité pour les artistes ou labels de faire découvrir leur musique. Le streaming est une alternative aux radios FM que nous avons connues jusqu’à peu.

On voit que la vente d’albums n’est plus la priorité des acteurs virtuels de la musique, ou du moins que cela n’est plus exprimé ainsi ; quelle est donc la finalité de cette exploitation virtuelle de la musique ?

Tout simplement se faire connaître et entretenir une relation directe avec ses « fans ». Et ensuite pourquoi pas vendre sa musique ou faire du merchandising en direct.

15762_311398870197_249426295197_9590962_724029_nQuelle est la place de « l’underground » là-dedans?

Ce sont généralement les groupes « underground » qui sont les plus actifs sur les réseaux sociaux et qui testent en premier les nouvelles solutions technologiques.

Ton parcours doit être riche en rencontres. Quand on pense à Rough Trade, on pense notamment à Ivan Smagghe et Arnaud Rebotini. Est-ce que cette époque a réellement modelé vos esprits et votre exigence ?

Bien sûr. C’était en plus une époque où, pour la première fois depuis le début des années 80 et des groupes comme Metal Urbain ou Stinky Toys voire plus tard avec la vague minimal/cold, que la scène française avait une crédibilité internationale avec l’avènement de la scène électronique. Donc on avait cette connexion directe avec l’Angleterre et les Etats-Unis avec ce qu’on recevait et aussi une relation privilégiée avec les artistes locaux. Je ne peux pas répondre pour Arnaud et Ivan mais c’est clair que je ne serais pas là où j’en suis sans l’aventure Rough Trade.

Est-ce que tu te retrouves dans ce qu’ils font actuellement ?

J’aime beaucoup ce que fait Arnaud ces temps-ci. J’aimerais travailler avec lui pour un projet sur Desire. Il faut que je trouve un concept intéressant à lui proposer.
Je suis moins en contact avec Ivan mais j’écoute régulièrement les mixes qu’on retrouve à droite ou à gauche sur le net. J’aime beaucoup le côté radical et sans compromis de ses mixes. Je connais moins son travail de production. Je lui ai demandé de participer à une compilation de reprises de Cabaret Voltaire et il a accepté.

Recentrons-nous sur Desire Records. Quelle est donc l’idée derrière ce label ? Est ce de l’artefact 2.0 ?

En fait c’est plus une opportunité qui m’a incité à démarrer Desire il y a un an. Un ami qui dirige le distributeur Module m’a proposé de signer des groupes plus pop pour son label in-house et au cours de la la discussion le projet a évolué vers la création d’un label avec une identité propre. En plus je venais d’arrêter de booker des groupes pour la Flèche d’Or et j’avais eu pas mal de bons contacts avec certains. Et c’est  vrai que l’idée d’un label me taraudait toujours. On peut voir la continuité avec Artefact dans une envie d’éclectisme et l’envie de signer des disques par envie et non par calcul.

Peux-tu nous présenter rapidement chaque artiste de ton catalogue ?

Ma première sortie était le premier album de Project:KOMAKINO, un groupe anglais de post-punk inspiré par Joy Division bien sûr mais aussi The Sound ou The Chameleons. Ensuite il y a eu Kasms, un quartet devenu trio il y a peu qui joue une musique elle aussi largement influencée par le post-punk des années 80 mais avec une touche plus agressive et débridée.
J’ai ensuite sorti un EP de //TENSE//, le projet solo d’un jeune Texan. C’est nettement plus électronique mais toujours avec un format chanson. Son album vient de sortir en vinyle et sera disponible en CD courant septembre.
Aussi disponible depuis quelques jours, le premier album de The Present Moment, le projet solo d’un Californien. Il évolue entre ambiances gothiques et électro-pop racée.
Autre album de la rentrée, Nord d’Ike Yard, groupe post-punk électronique mythique qui vient de se reformer après vingt-cinq ans.
Demontré est un jeune quartet anglais produit par James Aparicio de DiscError Recordings. Ils jouent un rock atmosphérique et sombre qui n’est pas sans rappeler The Cure.
J’ai entamé une série de 7″ avec un deux titres de Loom 11, le projet solo d’Elon Katz, membre du groupe électro-pop de Chicago White Car. Le son est plus intense, sombre et rugueux.
La seconde sortie de cette série sera l’oeuvre de Der Ventilator, un groupe espagnol, lui aussi produit par James Aparicio. Leur musique est à rapprocher de Liars et HTRK.
Viendront ensuite le premier album de Joie Noire, entre krautrock et post-disco, un split 7″ partagé par deux groupes électro-dark-pop de Portland, Soft Metals et Jewels Of The Nile, un EP du groupe électro-grunge new-yorkais GHXST, un 7″ des Italiens Too Young To Love, un 7″ par le groupe indie anglais Televised Crimewave, un 7″ par les néo-gothiques américains de Blessure Grave et un par les Canadiens de Cosmetics.

Quelles références (musicales, picturales…) as-tu en tête au moment des choix artistiques ? Dark, no black : c’est ta ligne de conduite ? Quelle est la nuance ?

En fait c’est plus un jeu sur les mots qu’autre chose. Mais c’est vrai que dans dark (sombre) il y a des nuances qu’on peut retrouver dans les différents groupes du label. Black est plus uniforme peut-être.
Je n’ai pas vraiment de ligne de conduite pour les choix artistiques en fait. J’ai toujours préféré les groupes sombres et difficiles que les trucs pop sautillants. Même si j’aime bien des trucs plus formatés, il doit toujours y avoir une fêlure pour que j’accroche vraiment, que ce soit en musique, en cinéma ou autre.

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Tu dois inaugurer prochainement une série de singles vinyles en tirage limité. Un bon moyen de travailler sur l’objet en tant que tel ?

Oui mais pas uniquement. C’est aussi un bon moyen de commencer à travailler avec un groupe avant de s’engager sur un format long. Ça me permet aussi de sortir des disques avec des groupes déjà signés ou en passe de l’être comme Soft Metals. Et l’approche artistique est différente sur un single. On ne peut pas se permettre d’inclure un titre qui pourrait trouver sa place sur un long format mais qui dans un format court ne serait pas à sa place. L’approche est totalement différente d’un album où on peut jouer plus sur des ambiances.

A-t-on une chance de voir des plateaux Desire Records tourner en France ? Est-ce que le booking te paraît être une activité incontournable car complémentaire du reste pour les labels « underground » ?

J’aimerais bien mais pour l’instant rien n’est vraiment prévu. Demontré, Televised Crimewave et Project:KOMAKINO doivent venir en France avant la fin de l’année et Ike Yard en 2011. Le booking est un véritable métier et je n’ai pas vraiment le temps ni l’envie de m’en occuper pour le moment. Peut-être plus tard.

Je te laisse le mot de la fin pour nous détailler l’actualité et les sorties à venir de Desire…

Pour ce qui est de l’actualité, plusieurs albums sont sur le point de sortir. Il y a le premier album de //TENSE// en CD, LP et digital. Une sortie cassette est prévue avec pas mal de remixes. Nord, le nouvel album de Ike Yard est prévu également en septembre en CD et digital. Le vinyle est prévu pour plus tard. The High Road, le premier album de The Present Moment, est sorti en édition très limitée en cassette et CD-R. Il sortira également en digital.
Sinon est prévu pour septembre un EP de Demontré (CD, 12 », cassette et digital). Un EP de remixes de Project:KOMAKINO est aussi prévu pour la rentrée ainsi qu’un nouvel EP de //TENSE//. Sur le front des singles, le premier 7″ de Loom 11 est sorti. A venir un Televised Crimewave, un double 7″ de Der Ventilator, un split Soft Metals / Jewels Of The Nile, un 7″ de Cosmetics avec l’aide d’un producteur parisien, un de Too Young To Love et enfin un de Blessure Grave.
Pour 2011 j’ai un EP prévu avec GHXST et un de Relics. J’aimerais aussi finaliser la sortie du nouvel album de You Animals et un projet de BO. Il faut aussi que j’avance sur ce projet de reprises de Cabaret Voltaire…

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Écrit par: Nicolas

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