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Cinq ans après Dumb Luck, Aimlessness, le nouvel opus du prolifique Jimmy Tamborello (Dntel, Figurine, James Figurine et The Postal Service) pourrait bien paraître – à tort – un peu anachronique, débarqué sans prévenir au beau milieu de l’ère du « maximalisme digital » (expression certes un peu pompeuse, reprise notamment par le toujours très pertinent critique Simon Reynolds), où plus que jamais, more is more. Que reste-t-il donc ici de l’électro dépouillée de Dumb Luck (2007) et Life Is Full of Possibilities (2001) ?
Waitingfortherest II fait office d’introduction gracieuse dans l’univers complexe de collages sonores désormais typique de Dntel. On se glisse sans résistance dans une forêt de sons, organiques et électroniques à la fois. Presque magique. Jitters (‘gesticuler nerveusement’, en anglais) est un morceau entraînant, incorporant rythmes dub-step, craquements de disque vinyle, et synthés aériens. On se demande alors si avec Aimlessness, Dntel ne se serait pas lancé à la re-conquête de l’analogue, et ce encore plus à l’écoute du dernier morceau, Paper Landscape, effrontément bâti autour d’une mélodie de synthé composée par le groupe Popol Vuh, une figure phare du Krautrock allemand des années 70, moins connue que les Can et autres Neu !, mais plus fidèle aux origines psychédéliques du mouvement.
Sur Still, Tamborello est rejoint par un autre talentueux collègue de Los Angeles, Will Wiesenfeld (Baths, Geotics), qui prête sa voix à ce récit mélancolique (‘I found you might like to come home’, ‘All these years not knowing where you are’), entre loops divers et basslines qui empruntent discrètement à la dance, la house. My Orphaned Son est une autrement douloureuse complainte, annoncée à coups de sons industriels violents et de quelques violons : ‘I miss you’, y chante Tamborello.
Ramona Gonzalez (Nite Jewel) fait également une apparition notable sur Santa Ana Winds, qui évolue peu à peu en dance lo-fi, portée par une basse et batterie puissantes.
Largement inspiré par une étendue de genres électroniques, de l’analogue ambiant et psychédélique des années 70 à la house, au dubstep et la rave des années 80-90, Dntel sentimentalise l’électro de sa jeunesse : Aimlessness est introspectif tout autant que rétro. Mais, au-delà des mélodies délicates et lo-fi, on trouve la violence de sons coupés, arrachés de leur écrin originel et assemblés dans une apparente précipitation – un peu comme dans un tableau sonore post-moderne – décriant ainsi une angoisse profonde : ‘aimlessness’ signifie bien ‘être sans but’, après tout.
Pour mettre fin au début d’angoisse existentielle qui devrait maintenant vous submerger et finir ainsi cette chronique sur une note plus gaie, je ne pourrais vous recommander que CECI, qu’on saura apprécier à sa juste valeur, pour la photo ‘collector’ d’un tout jeune Jimmy un peu mal à l’aise, tout autant que pour les premières compositions complètement démentes et la sélection très 90’s du génie de la glitch music.
Dntel – Aimlessness (Pampa Records, 2012)
01. Waitingfortherest II
02. Jitters
03. Still
04. My Orphaned Son
05. Bright Night
06. Retracer
07. Puma
08. Santa Ana Winds
09. Trudge
10. Jitters (Geotic Mix)
11. Doc (Dntel Mix)
12. Paper Landscape
Écrit par: Simone Apocalypse
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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