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On attendait beaucoup du premier album de Dominant Legs, notamment depuis la sortie de leur réjouissant EP Young At Love And Life l’année dernière. A travers ce premier – court – effort, Ryan Linch (guitariste des excellents Girls) et Hannah Hunt démontraient avec assurance leur talent pour construire des chansons pop dansantes, nerveuses, funky, et résolument tournées vers ce que les eighties avaient produit de mieux dans le genre. C’est donc presque à contrecoeur qu’on écrit cette chronique, étant globalement déçu de ce passage en long format. Car au grand jeu des références, on peut parfois perdre quelques plumes : à travers diverses interviews, le groupe avait en effet gratifié son monde d’un name dropping plutôt alléchant, dont Orange Juice était une des têtes de gondoles. Mais si aujourd’hui, Edwyn Collins et sa bande sont une référence et une influence pour des wagons entiers de formations indie pop, c’est parce qu’ils avaient su à l’époque opérer la synthèse parfaite entre des goûts, des styles, qui à l’époque, semblaient ne pouvoir cohabiter une seconde. Pourquoi choisir entre rock et funk, entre disco et punk, lorsque des cerveaux assez dérangés pour ça sont capables de tout faire s’entrechoquer et sonner résolument avant-gardistes ? On ressent forcément cette ambition louable à l’écoute d’Invitation, mais malheureusement, le contrat n’est que trop partiellement rempli.
Durant les premières secondes de l’introductif Take A Bow, on se dit pourtant, à l’écoute des guitares funky, qu’on tient un premier tube… vite alourdi par une surproduction qui, à notre grand dam, rend le titre passablement indigeste. Ou comment une certaine opulence peut plomber une chanson bien pensée. Et ça n’est malheureusement pas le titre suivant, Where We Trip The Light, qui suffit à rattraper le coup, malgré une ambiance africano-tropicale évoquant les travaux de Vampire Weekend. C’est donc Already Know That It’s Nice, sans doute une des plus belles réussites de l’album, qui vient nous rappeler tout le talent du groupe, avec son refrain à chanter sous la douche et sa fausse nonchalance. On gardera aussi 2 New Thoughts About You, véritable tube potentiel, sauvé par un son pour le coup beaucoup plus actuel. Pour continuer dans le positif, peu après, notre attention sera aussi retenue par Make Time For The Boy, qui ferait curieusement presque penser à une version orchestrée de la prêcheuse Caravan Of Love des Housemartins.
A part ça ? Trop de titres qui au mieux indiffèrent, au pire sonnent passablement poussiéreux, avec des claviers rappelant malheureusement plus souvent les méfaits de Wet Wet Wet que les faits d’armes de Prefab Sprout. Le chant de Linch, dont le timbre et la classe collent parfaitement avec les aspirations du duo, ravit pourtant, et l’énergie positive déployée tout au long du disque est louable, mais ici bien souvent vaine.
A presque trop verser dans l’hommage, les Dominant Legs, peu aidés par une production bien pompière à notre goût, ont perdu ce qu’on avait tant aimé dans leur premier EP : la fraîcheur.
Au final, quelques titres sur cet album, donc, qui nous font dire que le duo a du talent à revendre, et beaucoup d’autres qu’on préfèrera simplement oublier. Les oreilles un peu embuées par la réelle sympathie que nous inspire le groupe, on regardera donc le verre à moitié plein, en concluant qu’Invitation n’est qu’une demi réussite.
Dominant Legs – Invitation (Lefse Records, 2011)
1. Take A Bow
2. Where We Trip The Light
3. Already Know That It’s Nice
4. Darling Girls
5. Hoop Of Love
6. Lady Is Sleek And So Petite
7. 2 New Thoughts About U
8. The One That You’re With
9. Calm Down
10. Make Time For The Boy
11. She Can Boss Me Around
12. Loving Now
Écrit par: S.L.H.
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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