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Lorsqu’on a reçu le mail de l’association Dôme, on a tout de suite réservé notre week-end. On parie que vous allez faire de même ? Pour commencer, voici leur présentation qui devrait vous en boucher une…
« Samedi 29 juin, à partir de 20 heures et jusque dans la nuit, la Haute-Vallée de Maraize, près de Gap, résonnera au son de six improvisations. Dans ce complexe au milieu de la vallée, trois trompes géantes, une basse, une médium et une aigüe, font face à une falaise circulaire de plus de 120 hectares. Elles amplifient l’écho naturel du lieu et créent dans toute la vallée un effet de résonance inouï.
Nos artistes, au terme d’une résidence d’une semaine, se laisseront aller à l’expérience de l’improvisation libre, tentant de faire vibrer le système acoustique unique du lieu par une approche
personnelle et audacieuse. Venant d’horizons musicaux différents, ils vous plongeront dans une trame musicale progressive de six heures, travaillant sur les textures sonores, la narration, l’instant.
Au cœur d’un espace sauvage, nous tenterons de faire respirer la musique en dehors du milieu urbain. Vous serez libre de vous déplacer pour trouver le point d’écoute correspondant à votre ressenti des improvisations, dans un espace naturel ouvert baigné par le son, entre la roche et le ciel étoilé. L’événement se prolongera jusque dans la nuit, vous invitant à dormir sur place, en plein air.
Le lendemain, nous vous proposons de profiter avec nous de cet environnement unique en passant vos disques préférés sur le système des trompes, ou simplement en vous indiquant les meilleurs coins de randonnée et de baignade des environs.«
Insiden, qui jouera lors de cette soirée, a découvert ce lieu et ses possibilités acoustiques lors d’une résidence en juin 2012 à la ferme-gîte du Faï qui entretient les trompes. Depuis, les quatre membres d’Insiden ont fondé l’association Dôme afin d’organiser cet évènement unique et quasi sans précédent. En lisant leur manifeste, on est tombé amoureux de ces gens alors que le projet faisait déjà vibrer la corde sensible de la rédaction… On a contacté Camille, la présidente de l’association, afin d’en savoir plus sur cette ferme et son association perchées à plus de 1000 mètres d’altitude qui accueilleront les « petits malins » qui s’y rendront le 29 juin prochain.
On sent une réelle envie d’aller vers l’autre dans votre projet… En partageant des expériences inédites qui se vivraient comme un voyage intérieur, vous souhaitez créer un véritable échange avec votre public, une prise de conscience… C’est comme ça que vous concevez la musique live, comme un moyen d’introspection et d’ouverture en même temps ?
C’est cool que vous ayez apprécié notre manifeste, c’est un très bon ami philosophe (Rambert), qui l’a écrit pour nous.
Il est vrai que nous ne voyons pas Dôme comme un simple collectif d’événementiel. Nous avons une réelle envie de proposer autre chose au public, qui tiendrait davantage de l’expérience musicale. Nous sortons nous-mêmes beaucoup, et nous sommes un peu lassés de ces formats fixes de soirées dans des salles, où on vient pour une heure et demie de musique en restant dans une stature passive.
Avec notre asso, on cherche à bousculer l’auditeur, à le faire sortir des formats conventionnels pour le confronter à une expérience inattendue. Pour Échos, la première chose c’est qu’on est en pleine nature, le son nous englobe grâce à ce système acoustique unique, et puis l’événement s’étend sur six heures d’improvisations. On pense qu’en faisant en sorte que le public perde ses repères, on peut créer chez lui une prise de conscience, et lui faire vivre une expérience forte et unique. En cela on peut parler d’introspection. D’ailleurs, chez Dôme, les plus grosses claques qu’on ait prises en live, c’est dans des salles comme le 102 (à Grenoble), où les artistes questionnent sans cesse les codes et les limites du live.
Aller vers les autres, c’est également central pour nous. On voudrait que n’importe qui puisse ressentir la curiosité de venir à nos événements, et pas seulement les initiés aux musiques « expérimentales ». On pense que beaucoup de gens aujourd’hui sont capables de faire cette critique de la musique comme objet de consommation, et cherchent à vivre des expériences acoustiques différentes.
Votre associtation Dôme est toute jeune. Avez vous déjà organisé d’autres évènements avant Échos ?
Échos, c’est le tout premier projet sur lequel on travaille ensemble. On bosse dessus depuis novembre dernier, et on a créé l’asso en février pour avoir un cadre légal. C’est un défi pour nous puisqu’on a dû tout penser, organiser et financer à cinq. Heureusement, pas mal de potes nous aident bénévolement sur le projet (Romain Knezevic nous a fait le site Internet, Samy Tichadou s’occupe de la vidéo, Boris Boyadjian travaille sur le packaging des K7 infinies, et tout un tas d’autres potes font tourner l’info).
On a organisé avant Échos un événement de soutien le 19 mai dernier au siège de l’association à Villeurbanne. On a appelé ça La Maison Drone. L’idée, c’était de sonoriser toute une maison en divisant le spectre par étage. Les garçons (membres d’Insiden et membres de l’asso) ont créé un drone sur mesure pour l’occasion. Les basses étaient dans la cave, les médiums au rez-de-chaussée et les aigus au premier. En deuxième partie d’aprèm, des musiciens ont improvisé en question/réponse avec le drone émanant de la maison. Le principe est toujours de faire participer le public, puisque le drone évolue suivant l’endroit où on se trouve dans la maison. Le public n’est donc plus simple spectateur mais partie intégrante de l’œuvre musicale.
Mais à part La Maison Drone, on n’a aucun événement à notre actif. On a donc tout à prouver avec Échos.
Quelle a été votre première impression quand vous avez découvert cet endroit unique, et comment s’est passé votre résidence à la ferme ?
Ce sont les garçons de l’asso qui ont découvert la Ferme du Faï en juin dernier. Ils ont eu la possibilité de faire une semaine de résidence là -bas pour préparer un live d’Insiden, leur groupe de drone improvisé, à la Gaîté Lyrique. C’est seulement une fois sur place qu’ils ont remarqué le système acoustique. Quand ils ont vu les trompes, ils sont devenus fous, ils ont couru partout et ont demandé à tester le son, même si les trompes étaient en réparation. Ils se sont dit direct : « Il faut faire un événement d’impro là -dedans ! ». Pour un groupe de drone improvisé, c’est difficile de trouver des formats d’événements qui collent avec leur musique. L’ambient/drone, c’est une musique qui prend du temps. Brian Eno compare l’ambient à un parfum, un état qui se diffuse dans un espace. Il faut que l’auditeur puisse déambuler et ait le temps de se laisser imprégner par le son. En cela le système de la Ferme du Faï est parfait. On est dans une conception totalement différente du temps et de l’espace.
Durant sa résidence en juin, Insiden a donc testé le système une ou deux fois, et ils étaient tellement emballés qu’ils ont eu la possibilité de revenir faire un concert sur les trompes en août, dans le cadre d’un festival à la ferme. Un mois après, ils sont donc retournés là -bas et se sont entraînés uniquement sur les trompes. Ils ont fait leur concert sur le toit d’un bâtiment au centre de la ferme, et en gardent un souvenir particulièrement intense.
Quand les trompes ont-elles été installées ? Y a-t-il eu d’autres évènements de ce type auparavant ?
Le dispositif a été pensé et construit au début des années 90. C’est assez marrant puisque l’idée est venue d’un groupe d’acousticiens qui se baladaient dans le coin et qui ont été surpris par l’écho naturel de la falaise. Du coup, ils se sont dit : « Si on amplifiait cet écho ? ». Au début, ils ont juste fait ça avec plein de baffles standards orientées vers la falaise, puis leur idée de créer un système dédié a fait son chemin. Les trompes médium et aiguë, en bois, sont apparues en 1994, puis la grosse trompe basse très impressionnante en béton voilé a été construite en 1997. Aujourd’hui, l’association Village des Jeunes qui tient la Ferme et qui nous accueille pour Échos aimerait avoir plus de moyens pour pouvoir construire d’autres trompes.
Depuis qu’on communique sur Échos, il y a quelques personnes à qui on en a parlé qui nous ont dit qu’ils connaissaient le lieu et avaient entendu parler d’autres événements qui avaient eu lieu là -bas. En 2009, il y a eu notamment l’École des Beaux-Arts de Grenoble qui a fait une résidence débouchant sur une série d’installations sonores dédiées au système acoustique. Dans tous les cas, on n’a entendu parler que d’événements ponctuels non réitérés. Nous, on aimerait que la ferme ait davantage de renommée dans les différents milieux musicaux qui recherchent des systèmes sonores particuliers. Et puis, on espère que notre asso pourra remettre ça tous les ans !
Avez-vous testé le sytème durant votre résidence et quelles sont les différences avec un système de sonorisation traditionnelle pour l’auditeur ?
Oui, Insiden a pu tester les trompes. C’est d’ailleurs le seul groupe de la programmation d’Échos qui aura déjà entendu le son de ce système acoustique.
La différence majeure, c’est que le son est diffusé par la falaise, qui fonctionne comme une chambre d’écho naturelle géante. Tout l’environnement entre en résonnance avec le son envoyé par les trompes. C’est en cela que c’est très différent d’une sonorisation de salle, où les enceintes seules diffusent le son, et où on cherche au contraire à avoir le moins de résonnance possible dans la pièce. Ici, le son se propage depuis les trompes à un volume très fort, et se diffuse ensuite en ricochant sur la falaise dans les 120 hectares de la chambre d’écho. C’est très déstabilisant, très intense. Même si le son peut être fort, il ne fatigue pas l’auditeur parce qu’il est 100% « naturel ». C’est pour cela qu’on s’est permis de faire une programmation de six heures.
Est-il conseiller de rester à une place ou de se déplacer entre les trompes ?
Il est fortement conseillé de se déplacer sur tout le terrain. Le son varie énormément selon l’endroit où on se positionne. Si on reste proche des trompes, on entend la source et l’écho. Si on s’en éloigne, on n’entend plus que l’écho avec plus ou moins de ricochets, plus ou moins de basses… Les gens pourront aussi aller voir les artistes en train d’improviser, qui seront sur une scène à l’extérieur.
On mettra en place des lumières sur le terrain pour notifier au public les points d’écoute qui nous semblent intéressants, mais le plus important c’est que les gens s’approprient l’espace, qu’ils ressentent qu’ils sont à l’intérieur de l’œuvre et partie intégrante de celle-ci. Le terrain est très grand et sans aucune barrière, le public aura donc une très grande liberté d’action.
Comment les artistes vont-ils appréhender ce système de sonorisation ?
Comme on l’a dit, ce sera la première fois qu’ils entendront les trompes. Ils auront donc une semaine de résidence pour se familiariser avec l’acoustique. Comme tous nos artistes font de l’improvisation, ils ont l’habitude de devoir s’adapter à l’environnement. Ici, le système modifie considérablement la texture et le temps musical, c’est pourquoi la résidence est indispensable.
Cela dit, même s’ils auront eu chacun du temps en amont sur les trompes, le 29 juin ils proposeront tous une improvisation totalement inédite, qui sera la résultante de leur travail in situ. Chacun appréhendera ce temps de résidence à sa façon, certains feront des impros, certains testeront juste la sonorité des trompes. Saåad a choisi de faire du field recording de l’environnement de la Ferme, pour s’en resservir de base pour sa performance.
Comment avez-vous pensé la programmation et l’ordre de passage ?
On a voulu réunir différents milieux musicaux qui ne se connaissent pas forcément, mais qui partagent certaines valeurs. Insiden et Saåad sont influencés par des artistes comme Brian Eno ou Tim Hecker et viennent davantage du milieu de la musique électronique. Yann Gourdon, Cascade, Tamagawa et Antez sont plus portés par le milieu de la musique improvisée émanant de lieux comme le Grrrnd Zero à Lyon ou le 102 à Grenoble. C’est toujours difficile de classifier les artistes mais disons qu’ils rassemblent des influences diverses provenant des musiques acoustique/électroacoustique/
Quelles sont vos principales craintes qui pourraient menacer la réussite de ce week-end ?
Le temps est le facteur le plus aléatoire et le plus flippant. Cela dit, on s’est dit que même sous la tente, avec une pluie battante, la soirée sera incroyable. Dans tous les cas, le vent et la météo jouent sur le son des trompes. C’est très excitant puisqu’on ne sait pas à l’avance comment elles vont sonner ce jour-là . Ça fait partie de l’événement qu’on veut être une expérience forte et sans filet de sécurité.
Avez-vous d’autres projets à l’horizon ?
Maintenant que la machine est lancée, on croule sous les idées ! Échos est une sorte de premier jet qui nous permet de tester notre capacité à organiser des événements, c’est aussi un gros défi personnel, notamment pour le financement, mais les difficultés ne nous ont absolument pas freinés. On a plein d’idées en tête, notamment la création de K7 infinies, qu’on a commencé à réaliser et qu’on vend dans les tarifs de soutien à notre association sur le site Internet. On voudrait à terme créer un label exclusivement dédié à ce format infini, qu’on trouve très intéressant. Il y a également d’autres lieux qui titillent notre curiosité par leur acoustique (notamment des églises). On espère pouvoir proposer de nouvelles soirées innovantes très vite.
En même temps on ne se met pas la pression. On avance au gré de nos idées et de nos envies. On fait avant tout les choses parce qu’elles nous paraissent légitimes et que ce sont des projets qui nous tiennent à cœur.
Echos 2013
Samedi 29 et Dimanche 30 juin
Le Saix, Hautes-Alpes
L’association a mis en place une page spéciale dédiée au covoiturage,mais n’hésitez pas à nous laisser des commentaires si vous cherchez à vous y rendre. Toutes les informations ainsi que les réservations sont sur le site Échos 2013.
Écrit par: David
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
Hartzine the indie music webzine since 2007
Maïlle Maïlle sur 18/06/2014
Bonjour, je n’arrive pas à trouver de covoiturage. J’ai laissé un article sur leur site de covoiturage, mais pas de réponses pour l’instant. Connaissez vous des personnes qui partent de Lyon à partir de 17h le samedi ? car je travaille avant. …