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Le nom de cet album a de quoi intriguer : l’association d’un groupe de céréales largement utilisées en Afrique (à moins que ce ne soit le code générique pour les aéroports de Milan) et d’une planète naine violemment boutée hors du système solaire (à moins que ce ne soit le Dieu des Enfers chez les Romains) est en effet inédite. Mais pour qui connaît un peu le parcours d’Èl G, brillant musicien touche-à -tout installé à Bruxelles, il y a là une certaine logique. Moitié du duo Opéra Mort et membre du trio Reines d’Angleterre avec le célèbre Ghedalia Thazartès, l’homme aime brouiller les pistes, de somptueuses errances folk acides (l’album Tout Ploie sur Kraak) en tours de force schizophrènes et fantastiquement créatifs (l’album Capitaine Présent 5 sur Nashazphone) jusqu’aux expérimentations électroniques tangentielles que nous tentons de décrypter sur Mil Pluton.
Empilant les couches sonores, Èl G construit d’étonnants morceaux-météorites sur la base de réflexes percussifs, de répétitions, de mille voix hallucinatoires croisant les trajectoires imprévisibles de ces étranges objets de l’imaginaire qui semblent filer, chacun à leur rythme, dans un coin de cosmos. Puisant subtilement dans la nuit des temps des musiques électroniques, croisant à l’occasion musique concrète et coups de chaud technoïdes de night-clubs perdus dans la campagne froide de l’univers, Mil Pluton installe chez l’auditeur une indicible sensation de flottement stellaire qu’aucune parade stratosphérique dopée à la taurine ne pourra jamais égaler. On rejoint directement cette masse innommable de corps en perdition dans le grand vide galactique jusqu’à échouer avec Pol Culte sur cette bonne vieille planète Mars sous l’objectif interloqué d’un robot Curiosity en manque de découvertes. Déchet humain ou entité extraterrestre, la question n’est plus là .
Four Acts Amazon, pièce maîtresse mijotée dans un grand saladier en forme de poubelle de la NASA avec l’aide de quelques pointures comme Bill Kouligas (boss du label PAN), TG Gondard et Tomutonttu achève de nous couler dans une voie lactée totalement psychotonique, sorte d’inévitable rivière du non-retour. Les lasers claquent mais sont vite suivis d’échos de sirènes perdues dans une jungle urbaine terrienne qui semble soudain tellement improbable. On croît même reconnaître le droïde C-3PO en train d’essayer de se rebrancher. Des incantations l’auront vite éloigné, immédiatement suivies par un foutraque mélange de rythmiques proto-industrielles, bourdonnements synthétiques et déclamations dans des langues non-identifiées, tantôt enjouées et suraiguës, tantôt calmes et posées. Au final, avec ce disque magistral, Èl G construit rien de moins qu’un nouveau langage, aux frontières de notre imaginaire, titillant l’inconnu avec la fièvre des grands explorateurs.
Écrit par: Max Dembo
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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