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Conglomérat des undergrounds, Serendip maintient toujours un haut niveau d’agitation, cette fois-ci avec France Chébran (Born Bad), une compilation de « boogie français » qui réunit des pépites croustillantes des early 80s, plus « funk potache » que « jeunes gens modernes ». Mais c’est surtout leur festival qu’on annonce ici et qui recouvrira les 4 coins de la ville du 17 octobre au 1er novembre avec une série de soirées dont la moitié des line-ups nous est tout à fait obscure. Si l’on devait relever une poignée de concerts, on parlerait du praticien électro nippon NHK Koyxen qui maltraite la dance music depuis un moment (le 27 octobre), ou de KK Null, artiste de l’extreme noise/indus également japonais (le 28) ou encore de l’héroïne oubliée de la synth-pop Henriette Coulovrat (1er novembre). Pour le reste, il faut s’y frotter au hasard, et on saluera aussi la diversité des lieux où se produit le Serendip cette année, des Terrasses Kreyol aux Caves Lechapelais jusqu’à Treize, ce lieux d’art indépendant de la rue Saint Moret transformée en mini-salle de concerts depuis un bon moment.
L’année passée, David écrivait que Le festival Serendip.lab est à la scène DIY ce que l’Étrange Festival est au cinéma underground. Tu vois la chose ainsi ?
Pas vraiment, c’est super l’Étrange Festival mais je ne crois pas que ce soit vraiment la même intention. On ne cherche pas a être étrange ou en marge, mais on s’intéresse à des formes d’art souvent sous-évaluées, tout style et générations confondus, à l’appropriation de la technique par les artistes (au lieu par exemple d’une simple fascination comme souvent dans l’art numérique), on serait plus proche de feu le festival Octopus.
Qu’est ce qui t’a motivé à te lancer dans l’aventure en 2010 ?
Avec François Sarhan, un super compositeur de musique contemporaine, on voulait faire une structure éditoriale et évènementielle, pour qu’elles s’alimentent mutuellement. Donc on a commencé a réfléchir a un label, et au festival…
La connexion avec ton label du même nom est-elle toujours aussi forte que les années précédentes ?
Toujours, on sort encore cette année un petite compilation pour l’occasion avec des morceaux des artistes du festival. Cette année il y a Serge Valla de Cha Cha Guitri (qu’on avait réédité l’an dernier avec bornBad), les autres années il y avait Philippe Laurent, Hypnobeat solo puis duo, Atom Cristal, Art & Technique, qui sont des pionniers de la musique électronique, et qu’on a réédités donc la démarche de diffusion est similaire que ce soit en live avec les concert ou en disque…
Une édition du festival – l’avant-dernière il me semble – était centrée sur le DIY. Tu continues à thématiser les éditions ou tu préfères le faire par soirée ?
Chaque année il y a une soirée plus autour de pratiques audio vidéo, du cinéma expérimental ou cinéma bis (et on ne veut pas faire de clivage entre ces catégories) mais sinon à part pour certaines expos les années passées (instrument DIY par Claude Ribouillault par exemple) on ne thématise pas, on aime l’aléatoire, le mélange de styles, et toutes les éditions sont sur le DIY mais avec des artistes, techniques, ateliers différents. Pour les ateliers cela va du circuit bending, à la réalisation de sténopés DIY, sérigraphie, graver un vinyle avec une aiguille, et cette année le live coding… Que ce soit des maîtres de musiques mécaniques comme Pierre Bastien la première année et Pierre Charial l’an dernier (Pierre Berthet il y a deux ans), Dee Nasty, Philippe Laurent, ou Bruno Spoerri ont tous une approche différente et se servent encore une fois contrairement à l’art numérique et musiques hi tech, de la technique comme moyen et non en fin.
Le festival est aussi l’occasion de jeter les bases d’une cartographie underground de la musique à Paris. Comment choisis-tu l’ensemble des lieux squattés pour l’occasion et quelles relations entretiens-tu avec eux ?
C’est très compliqué en particulier à Paris de trouver des lieux convivial, où les consommations sont pas trop chères, etc. Donc parfois on préfère gérer nous-même et louer par exemple les caves Lechapelais. Cette année on fait l’ouverture chez Treize, rue Moret, et un lieu comme celui ci est assez rare, les gens là -bas sont réellement impliqués, contrairement à la plupart des autres salles. Je trouve en général que les rapports sont bien plus sains dans des salles « associatives » plutôt que des institutions, des lieux commerciaux ou des squats, après ce sont néanmoins des lieux dynamique culturellement et on veut aussi montrer cette effervescence souterraine. Malheureusement les rapports avec les squats (sauf la Gare XP où là aussi il y a un engagement réel et une vision) sont souvent pires qu’avec des salles classique, ils n’ont aucune éthique ou engagement et finalement ne pensent qu’à faire un bar pour récolter le plus d’argent égoïstement… Et ça me gêne vraiment quand leur bénéfice se fait sur le dos des artistes qui acceptent de ne pas être payés et chers et soutiennent notre activité et de l’organisation qui est bénévole. Disons en règle générale les squats c’est devenu des clubs undergrounds où les gars ont tous les bénéfices sans aucun inconvénient, ils ne gèrent rien, pensent surtout à l’argent et vont te faire des discours soi-disant engagés (vite fait) genre « nous on est un squat on est rebelles, égalitaires, etc. »… Bref une grosse arnaque. Mais on ne s’en rend pas forcément compte de l’extérieur du fonctionnement interne de ces lieux et c’est vrai que c’est déjà plus décontracté et abordable qu’un club, donc plus sympa, mais ils ont compris qu’ils avaient une carte à jouer en créant des faux clubs berlinois undergrounds éphémères, ou en rackettant des artistes pour qu’ils aient un atelier. Donc c’est des expériences assez décevantes et des structures plus modestes et associatives sont finalement les plus honnêtes et efficaces.
Le festival repose sur le bénévolat. Est-ce facile de fédérer autour d’un tel projet, que ce soit vis-à -vis des artistes ou du staf ?
Les artistes que nous invitons sont comme nous des passionnés et donc comprennent très bien les enjeux, qu’ils aient 80 ou 20 ans.
Quelles sont les soirées immanquables à tes yeux ?
Toutes, mais j’ai hâte de voir en particulier Bruno Spoerri.
Samedi 17 octobre – Treize – Vernissage, Atelier & Concerts – 14h-22h30 – Prix libre (Fb)
Stands : Rue des Gardes, Spielzeug Muzak, Da! Heard It, BRK, Vortex, Gestrococlub, Vaatican Records, Arrache-Toi Un Oeil, Darling Dada…
Exposition de Ludovic Boulard Le Fur
Atelier Live Coding avec Supercollider animé par Exoterrism.
DJ Vaatican Records (Angoulême / Gestrococlub / Electro Deviant DIY)
Exoterrism (Belgique / TTT / Live Coding Core)
Rature (Lyon / S.K. Records / Rap Experimental)
Omar Bongo alias C_C & Somaticae (Paris, Lyon / TTT, In Paradisum / Techno Tribale Indus)
6.R.M.E. (Rennes / TTT / Hip Hop Industriel)
Samedi 17 oct – Caves Lechapelais – Soirée d’Ouverture – 00h-06h – 7 euros (Fb)
DJ Die Soon (Japon / Small but Hard, TTT / Horror Hiphop)
DJ Lolo Tuerie (Tours / Radio Minus / Mix Bizarreries Discoïdes)
Headcleaner (Angleterre / Rephlex Records / Techno Acid Modulaire)
Ripit (Belgique / TTT, Telsa Tape, Ångström, Zhark / Noise Indus Modulaire)
Thirtytwobit. (France / Chip’n’damned / Chiptune Breakcore)
Vicnet (France / Da! Heard It, Mazout / TR606 vs TB303 vs SH101)
Dimanche 19 octobre – Treize – Exposition – 13h-19h – Prix libre
Exposition de Ludovic Boulard Lefur
Mercredi 21 oct – Le Cirque Electrique – Projection & Performances Audio-Vidéo – 20h-1h – 6 euros (Fb)
Botborg (Allemagne, Australie / Half Theory / Synesthésie Extrême)
Folla van Tes alias Serge Valla & Philippe Fontes (St Etienne / ex-Cha Cha Guitri / Modulations de fréquences audio-vidéos)
Projection d’Ogroff alias Mad Mutilator (1983 / NG Mount / Chef d’œuvre du cinéma bis, premier slasher français)
Samedi 24 oct – La Jarry – Concerts – 23h-6h – 7 euros (Fb)
Fourmi (Paris / Vagina Dentata / Space Exotica Synthpop)
Cachette à Branlette alias Unas (Brest / Poussière d’Epoque / Synth Wave)
Riposte (Paris / Vagina Dentata / Mix Cosmic to Techno)
Fah (Pays-Bas / 030303, Central Processing Unit, Occult Research / IDM Acid Lord)
Synapscape (Allemagne / Ant-zen / Rhythm Indus Kings)
Mardi 27 oct – Le Petit Bain – Rencontre & Concerts – 20h-01h – 9-12 euros (Fb)
Bruno Spoerri (Suisse / Finders Keepers / Maître Jazz, Improvisation & Électronique)
NHK Koyxen (Japon / Skam, PAN, Diagonal, Wordsound, Raster Noton / Techno Hip Hop Experimental)
Mercredi 28 oct – Le Cirque Electrique – Concerts – 20h-1h – 7 euros (Fb)
KK Null (Japon / Touch, Neurot Rec / Japanoise Sensei)
Zeni Geva (Japon / Neurot rec, Alternative Tentacles / Maîtres Hardcore Prog)
Froe Char (France – Italie / Spielzeug Muzak, Medical Records / Synth wave)
Samedi 31 oct – Terrasses Kreyol – Soirée de Cloture – 23h-6h – 7 euros (Fb)
DJ Julien Lebrun (Paris / Hot Casa Records / Mix Afro Disco)
Les Neiges Noires de Laponie (Bordeaux / Angstprod / Glitchcore)
MNLTH alias Photodementia (Royaume-Uni / Rephlex, Central Processing Unit, Wémé / Braindance,IDM)
Nit (Paris / Monster K7, Mazout / Funky Tropical Bleep)
Syndrome WPW (Suisse / Ego Twister / Synthpunk)
Wizæroid (Paris / Tête chercheuse, mix vinyles jubilatoire)
Écrit par: Thomas Corlin
2015 Festival Serendip Lab Paris
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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