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Vous avez été près de cinq cent à gaiement vous ensabler pour notre concert de rentrée à La Plage de Glazart avec les funambules de Night Riders et Syracuse au menu. On espère vous voir tout aussi jouasses et nombreux aux futurs événements que l’on a concoctés bien sagement avant de décamper l’été venu. Programme, présentation et écoute.
ΚΕΜΑΛ [BERCEUSE HEROIQUE / GB]
Boss du label Berceuse Héroïque, le Londonien d’adoption est aussi imprévisible que son label capable de sauter du coq à l’âne, de la techno la plus bruitiste à la disco la plus pétée en passant par des chants traditionnels grecs remixés par Vatican Shadow et Pete Swanson. Qui vivra verra. Surtout ce soir-là .
EKMAN [BERCEUSE HEROIQUE / DE]
La musique dégoisée par Ekman (interview) fait froid dans le dos tout autant qu’elle obnubile, entre excitation horrifique et fascination morbide, s’adjugeant une aura placée sous le signe de Carpenter. Encore trois formats courts permettent de cerner, si ce n’est la personnalité, la musique de celui qui imprime sa techno polaire selon les prismes dégénérescents de la musique industrielle, Throbbing Gristle en tête : un 12″ sur Gooiland Elektro – subdivision d’Enfant Terrible – et deux 12″ sur Berceuse Héroïque dont il eut l’honneur d’ouvrir en avril 2013 le catalogue avec la diatribe house-techno Reform – comprenant un remix du Norvégien DJ Sotofett – suivi en février 2014 par le vénéneux Acid7 rebooté en face B par le Vereker de L.I.E.S. et The Trilogy Tapes.
KOEHLER [BERCEUSE HEROIQUE / SW]
Nouveau venu sur Berceuse Héroïque avec le maxi Dynasty, l’également Londonien d’adoption aux allures de Sébastien Tellier a auparavant mitraillé sa techno sur Skudge White Label, tout en contribuant aux R-Zone series. BH n’a pas de meilleure description quant à sa musique ultra-physique : « Fuck Lo-Fi Jungle »
TSANTZA [SVN SNS RCRDS / FR]
Tsantza, duo encore inconnu. Plus pour longtemps pour les sorciers de l’analogique, en cavale de Night Riders, puisqu’une cassette est annoncée en octobre sur Svn Sns Rcrds.
THE SPACE LADY [NIGHTSCHOOL RECORDS, US]
« Par où commencer, donc, avec cette Dame ? D’abord dire qu’il n’y a aucune raison de vous en vouloir si vous n’avez jamais entendu parler d’elle. A l’instar de Moondog, The Space Lady a commencé sa carrière dans les rues de San Francisco à un moment indéterminé des années 70, l’a interrompue à un moment indéterminé des années 90 et à l’exception des bonnes gens et des badauds de la Bay Area, très peu de mélomanes ont eu l’occasion de l’entendre chanter.
En fait, les chansons de The Space Lady sont devenues plus ou moins légendaires chez le grand public indie via le volume 2 de Songs In The Key Of Z, compilation historique d’Irwin Chusid consacrée « au monde étrange de l’outsider music » où elle s’illustrait aux côtés des Shaggs, de B.J. Snowden ou de Jandek. A part ça, les seuls fragments de musiques enregistrés par la Dame qu’on pouvait entendre étaient soit lacunaires, soit auto-édités en CD-R à des tirages dérisoires (mais apparemment toujours disponibles via CD Baby). Ce qui n’a pas empêché des méta-outsiders comme John Maus de se répandre en éloges sur son usage cosmique de l’accordéon ou du Casio et de la playlister à gogo (cf. ce mix). Car derrière les volutes de synthé cheap et le petit casque d’Astérix sur la tête, toute la magie de The Space Lady tient à sa voix terrienne et gracieuse, à mi-chemin d’une Grace Slick groggy et d’Alison Statton des Young Marble Giants. » Olivier Lamm – The Drone
MICRO CHEVAL [SVN SNS RCRDS, FR]
La Parisienne Laurène Exposito susurre d’étonnantes comptines synth-pop à l’oreille de son Micro Cheval. Étonnantes, parce qu’à la fois bancales et charnelles, fragiles et lumineuses, passéistes et futuristes. C’est d’ailleurs en ces termes – charriant la stabilité et la gravité – que la principale intéressée décrit son projet, citant parmi ses influences majeures Solid Space – duo anglais méconnu auteur en 1982 d’un unique et épuisé LP, Space Museum. La dernière cassette EP, parue sur le label francilien Svn Sns Rcrds en septembre 2013, figure à merveille cette emprise mélancolique des ondes rétro-stellaires par l’imagerie eigthies. Avec quelque chose en plus : un timbre de voix plus que singulier.
« Lorsque je signe des groupes étrangers, je les encourage fortement à chanter dans leur propre langue, revendiquer leur culture, et éviter l’écueil des étrangers qui chantent en anglais ». Ce sont les mots, en 2009, de l’Américain Pieter Schoolwerth, fin connaisseur des moindres recoins de la minimal wave internationale et soutien majeur de son renouveau grâce à son label-pivot Wierd Records à New York. Il ne parle pas français et ne peut donc savourer l’un des aspects les plus croustillants du projet montréalais Automelodi dont il a sorti le premier album, mais on aimerait bien lui dire qu’il a été particulièrement gâté sur ce coup-là (…)
Il est utile de restituer le tandem Automelodi dans ce contexte, tant son approche romantique et décomplexée du folklore francophone et français est un de ses plus grands atouts. Le tour de force inattendu de sa tête pensante Arnaud Lazlaud (nom de scène Xavier Paradis, histoire d’afficher la couleur) est bien de parvenir à faire de la Nouvelle Vague française au XXIème siècle en étant québécois et en faisant une synth-pop toutes voiles dehors dans une langue délibérément maniérée, le tout sans perde la face. Ce patrimoine artistique hexagonal, il l’avait déjà revendiqué à l’occasion d’un exquis single avec la moitié chantante de Xeno & Oaklander en 2012, Rien à Paris, qui convoquait joyeusement Jacques Rivette en face A et Françoise Hardy en face B, le genre de références qui sonneraient immanquablement chics et pompeuses de la part d’un Français.
C’est pourtant avec une absence totale de complexe que la langue française et son univers sont abordés et magnifiés chez Automelodi, comme le confirme ce deuxième album hautement enjôleur. Ces Surlendemains Acides, ce sont Les Nuits de la Pleine Lune d’Éric Rohmer sur des claviers analogiques en 2013 à Montréal – le titre Fables et Proverbes sonne d’ailleurs comme un clin d’œil à la série des Comédies et Proverbes du défunt réalisateur. Chez Xavier Paradis (et non Dolan, pourtant on n’est pas si loin du compte), on y va sans scrupule : frange basse et chemise cintrée, pop chamarrée et air détaché, on s’alanguit sur son vague-à -l’âme après des nuits agitées (Métropole Sous la Pluie), on déchiffre son mal-être en formes géométriques (À la Date Verticale, et surtout Aléas, Dernières Chances, tube pour danser sous les néons cet automne) et bien sûr, on n’oublie pas que les formes de son corps ne veulent rien dire pour moi (les frôlements érotiques de La Cigale, avec clin d’œil à la Fontaine Pour le Plaisir). On s’autorise aussi des intonations affectées à outrance, des formules ampoulées au bord de la complaisance, et des « r » scandaleusement exagérés qui donnent un relief indécent à des mots tels que « corps » ou « cœur », autant d’éléments que l’on assimilerait ici à de mauvais gimmicks de variété française.
Sur le papier, tout cela pourrait sembler en effet rédhibitoire, et c’est là qu’Automelodi fait fort. D’abord, l’opération s’appuie sur une écriture pop de grande noblesse, et une production tendre et succulente en contraste avec les raideurs pour lesquelles les autres artistes de la néo-minimale wave sont le plus souvent appréciés. Mais Paradis gagne surtout en latitude par le sérieux, l’innocence et la légèreté avec lesquels il nous confie sa fantaisie et son désarroi, là où de nombreux Français n’auraient pu se priver d’un certain second degré voire d’une distance sarcastique. Le Montréalais se joue du registre mathématico-sentimental d’un Moderne ou d’un Performance, frôle parfois le Tranxen 200, mais ne tombe jamais dans le ridicule. Tout au contraire, Surlendemain Acides est un petit chef-d’œuvre de lyrisme assumé, d’humour enlevé et de pop synthétique distinguée auquel on a envie de s’attacher. Comme le dit si bien Xavier Paradis lors d’une de ses poses les plus solennelles, « merci pour l’insolence ». Thomas Corlin – Hartzine
BITCHIN BAJAS [DRAG CITY / US]
Bitchin Bajas est le projet solo de Cooper Crain, aujourd’hui plus connu en tant que membre du groupe Cave, formation motorik issue de Chicago. Derrière ses machines, Crain crée des paysages et des mondes sonores aux tonalités organiques, un peu à l’image de Cluster ou d’Edgard Froese. Rejoint en live par Dan, de Majhong, et illustré par les créations vidéos d’Olivia Wyatt et Water Wrackets, Bitchin Bajas présentera un nouvel album, double et éponyme, paru le 28 août sur Drag City et faisant suite à l’excellentissime Bitchitronics sorti en fin d’année 2013.
EGYPTOLOGY [CLAPPING MUSIC / FR]
Les deux musiciens parisiens étaient déjà connus pour leurs explorations post-électronica (Olamm) ou avant-pop (Domotic) au sein de la communauté musicale née à la fin des années 90 avec les labels Active Supension et Clapping Music. Les deux laborantins ont cette fois mis en commun leur amour du bruit blanc et des synthétiseurs vintage, tout en associant leurs différences : mélodies gracieuses cultivées en savants alambics et « utilisation extensive d’échos à bandes 60’s et de réverb’ à ressort » pour le producteur « à l’ancienne » Stéphane, grande culture disco, house, techno et IDM pour Olivier, qui s’exprime largement à travers les « polyphoniques grassouillets de la première moitié des 80’s », un sens aigu du détail sonore, et l’envie de faire lentement décoller la piste de danse, et tout le bateau à sa suite.
HENRYSPENNCER [BOOKMAKERS RECORDS / FR]
En février 2013 paraissait le second long format d’Henryspenncer, révélant en six morceaux la palette d’émotions susceptibles de naître de la guitare d’Henryspenncer, invitant à ce voyage introspectif, immobile et infini, celui où la psyché s’échappe par les soupiraux de paupières mi-closes, flottant entre intimité blême et géographie cosmique. Alternant drone suspendu aux aspérités temporelles, psychédélisme ouaté, folk méandreux et brouillards de saturations concassés de rythmiques lourdes, Saturn est le fruit de deux années d’écriture pour Valentin Féron, co-fondateur du label Bookmakers Records, et d’un méticuleux travail d’enregistrement au studio Holy Mountain de Londres. Il sera pour la première fois joué live à Paris.
PEAKING LIGHTS [DOMINO – WEIRD WORLD / USA]
Plus les albums se succèdent et plus le duo Peaking Lights formé par Indra Dunis et Aaron Coyes change de ton : les assertions hypno-pop prennent lentement mais sûrement l’aval sur les digressions expérimentales du couple. Du très lo-fi Imaginary Falcons paru sur Night Peoples en 2009 au sensuel Lucifer dégoisé par Weird World et Mexican Summer en 2012, en passant par l’inégalable 936 sorti sur Not Not Fun records, les Peaking Lights tracent leur route et affinent leurs idées. Cosmo Logic, prévu pour le 6 octobre prochain, constitue une étape fondamentale avec le saut assumé vers une esthétique pop totale.
JAAKKO EINO KALEVI [DOMINO – WEIRD WORLD / FIN]
Résidant à Helsinki, Jaakko Eino Kalevi a sorti son premier EP, Dreamzone, le 2 décembre 2013 via Weird World. Multi-instrumentiste et autodidacte, le bonhomme a ainsi jeté les bases d’un univers pop psyché mâtiné de résonances funk et de bribes folk.
UNIT MOEBIUS [BUNKER RECORDS / NL]
Le célèbre collectif hollandais né à l’orée des nineties revient en France pour une date unique afin de prêcher une techno aux beats froids et aux relents acides, une marque de fabrique qui leur a souvent valu d’être comparés à leur cousin de la scène de Détroit, Underground Resistance. Nappée d’une aura fantomatique, la musique d’Unit Moebius fait le grand écart entre fétichisme électronique et rigueur martiale avec pour leitmotiv le brisement des stéréotypes au profit du plaisir du groove.
HELENA HAUFF [PANZEKREUZ, WRECK DISCS / GER]
Passionnée par la scène techno hollandaise et les sons bruts des nineties, la jeune Hambourgeoise Helena Hauff s’initie rapidement aux rudiments des machines analogiques et façonne un univers musical brutal qu’illustre Return To Disorder, un premier LP sans concession démontrant l’obsession de l’artiste pour des mélodies rugueuses et sans concession – fascination qu’elle dévoile autour de sets sauvages, croisant électro-punk survolté et classicisme ghetto-tech.
HYPNOBEAT [MONOCHROME TAPES, DARK ENTRIES, SERENDIP / GER]
Si la dernière sortie discographique d’Hypnobeat remonte à 1986, il n’aura fallu qu’un vague vent de nostalgie pour les mélodies minimal-synth un brin vintage pour pousser James Dean Brown à reprendre les manettes de son projet phare, et lui donner un sacré coup jeune. Accompagné d’Helena Hauff, remplaçant au pied levé un Pietro Insipido ayant raccroché les gants, le duo marie allègrement proto-techno et avant-gardisme radical à l’aide d’un set-up de machines analogiques à faire pleurer n’importe quel artiste : une TR-707, trois TR-808 et deux TB-303.
CLEMENT MEYER [GET THE CURSE, ODD FREQUENCIES / FR]
Figure essentielle de l’underground parisien, Clément Meyer fomente au sein du collectif/label Get The Curse des innovations soniques à l’attention des clubbers du monde entier. Tête chercheuse parmi les têtes chercheuses, fer de lance d’un renouveau club en France comme ailleurs, Clement Meyer, patron du label Get The Curse, a notamment signé Low Jack et Tomas More. Mais avant d’être un dénicheur, le Frenchy est producteur, DJ et remixeur. Après plusieurs EP parus depuis 2009, il sort un nouveau maxi, Modern Primitivism, où ce bidouilleur techno passionné de machines s’en donne à cœur joie !
Écrit par: hartzine
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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