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Deuxième album seulement pour les Parisiens de Frustration malgré dix années d’existence, ça donne une idée de l’état d’esprit du groupe : Frustration n’est pas un gagne-pain, et surtout pas une obligation. D’où peut-être cette urgence et cette intensité se dégageant de leurs morceaux, qui les préservent de toute critique visant à les faire passer pour de simples revivalists, restés coincés et vautrés en 1984 sur un matelas de disques de The Fall et Joy Division. C’est en effet de post-punk dont on parle ici, à grands renforts de guitares estampillées Manchester, de synthés antiques et de batterie martiale. Seulement, à la différence de wagons entiers de groupes en toc se contentant de verser dans l’hommage, le quintette français, lui, a digéré depuis longtemps ses influences, et n’en est plus au stade de se demander si sa musique sera bien accueillie par les thuriféraires de la sainte-chapelle mancunienne. Non, Frustration serait plutôt dans l’idée de continuer simplement le boulot, et décoche avec Uncivilized 12 titres comme autant de coups de pelle dans la gueule, mais infligés avec une classe indéniable. Car contrairement à ce qu’annonce le titre de l’album, civilisés, les membres de Frustration le sont. Ils donnent simplement raison à Freud qui expliquait que l’état civilisé, à l’origine de nombreuses frustrations, pouvait souvent conduire à de sérieux accès de violence. Sur cet album, les cinq Parisiens se font leur propre thérapie, à base de chansons directes et tranchantes, mais pas barbares pour autant : il y a indéniablement du travail, et un sacré niveau d’exigence. La production, assurée par les gredins de Blackmail, n’y est sans doute pas étrangère. Mais l’essentiel, ce sont bien ces chansons à l’efficacité redoutable, qui tantôt nous donnent envie de conquérir la piste de danse – les tubes It’s Gonna Be The Same ou I Can’t Forget You, la synthétique et implacable Dying City – tantôt nous poussent à casser du mobilier urbain, voire domestique, et en plus avec Premeditation. Sur One of Them, on envisagera même de se faire une petite balade nocturne dans un entrepôt désaffecté de Düsseldorf, alors même que l’introductive Worries nous avait déjà quand même bien mis les chocottes, le chant sombre et habité de Fabrice Gilbert aidant. Avec Uncivilized, le groupe risque bien de faire de sacrés dégâts et de s’affranchir de toute concurrence dans l’hexagone, voire au-delà . Espérons donc seulement que leur popularité grandissante ne les affranchisse pas non plus de leurs instincts destructeurs.
Frustration – Unicivilized (Born Bad Records, 2013)
1. Worries
2. Assassination
3. Around
4. It’s Gonna Be the Same
5. Uncivilized
6. Angle Grinder
7. Believe Me or Not
8. Dying City
9. We Miss You
10. Premeditation
11. I Can’t Forget You
12. One of Them?
Écrit par: S.L.H.
# Born Bad records Frustration
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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