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Gaël Faure l’interview

today16/05/2018 1363

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Auteur, compositeur et interprête, Gaël Faure sait tout faire. Autour de quelques bières, l’enfant que l’Ardèche continue d’inspirer, m’a raconté l’engagement derrière l’album de son grand retour, son Regain. C’est en plein coeur du onzième arrondissement de Paris que Gaël Faure m’a ouvert le sien.

Qu’as tu retenu de l’expérience Nouvelle Star ?

Je pars de l’opposé du parcours exemplaire. Quand je suis sorti de la Nouvelle Star, j’avais dix huit ans. Je connaissais vraiment rien à la musique, beaucoup moins qu’aujourd’hui. C’était ma toute première copine qui m’avait inscrit. Je te laisse imaginer le flou dans lequel j’étais. J’étais le candidat le plus vierge du monde, mes parents n’avaient pas la télé, je venais du fin fond de l’Ardèche. C’était parfait pour l’émission. À dix huit ans, j’ai refusé les albums préfabriqués de la Nouvelle Star. Je ne connaissais rien à la musique mais à l’écoute de ce qu’on me proposait, c’était viscéralement pas possible. Il fallait que ça aille vite et je n’étais pas prêt. Je ne savais pas où j’allais mais je refusais de prendre la direction que l’on me proposait. J’ai quand même profité du statut de star éphémère pour chanter un peu mais j’ai su que tout n’allait pas être simple par la suite. Je me suis toujours débrouillé pour faire des concerts quand les gens me demandait. Quand je suis monté sur Paris, j’habitais dans le sixième et j’ai croisé un chien mieux habillé que moi. C’est là que j’ai compris le décalage avec la vie que j’avais connue. Je sais pas pourquoi mais ça m’a marqué.

Comment réagis-tu lorsque l’on te colle l’étiquette du chanteur de variété ?

Se justifier de ses choix en France, c’est épuisant. Quand on me dit que je fais de la variété, à chaque fois j’essaye d’accepter cette remarque et je réponds sereinement que je ne trouve pas. Dans ma tête, j’ai une image très old school de la variété. Je pense à des artistes comme Obispo, dans la pure tradition française. Mais en même temps, je me dis que c’était une autre époque, on ne peut pas comparer des artistes qui ont vingt et trente ans d’écart. On est dans une époque de progrès technologique. À l’époque d’Obispo, ils ont forcément fait avec ce qu’ils avaient.

Avais-tu des craintes avant la sortie de Regain ?

Avec ce dernier album, j’avais envie de décodifier la « variété ». Après quelques concerts en France et le début de mon intermittence, j’ai quitté la France. J’ai vécu quatre ans à Bruxelles et à chaque fois que j’allais en soirée ou à des concerts c’était dément. Les soirées musicales étaient décomplexifiées. Les artistes essayaient des choses sur l’instant et jamais personne ne disait : « C’est de la variété ou de la pop ». Ca m’a fait beaucoup de bien de connaitre cette atmosphère, et c’est ce que j’ai essayé de mettre dans cette album. Puis dans l’idée de progrès, on oppose souvent l’homme à la machine mais j’ai voulu la dompter cette machine pour cohabiter avec elle. Il y a de ça aussi sur ce nouvel album.

Qu’est-ce qui t’a inspiré pour ce nouvel album ?

J’arrive tout juste à me décoller cette image de candidat de télé-crochet, douze ans plus tard. (c’est pas vrai, ndlr)

Paradoxalement, j’ai jamais eu m’impression de galérer. J’ai jamais totalement arrêté les concerts quand j’étais en France. Même à Bruxelles, je collais mes petites affiches dans la rue, et le plus fou c’est que les gens étaient curieux. J’avais besoin de digérer ma vie, mes expériences en France et ça m’a inspiré. J’avais envie d’un départ plus sain, un regain, une renaissance. J’ai fait de vraies belles rencontres. J’aime les gens et ils ont été réceptifs à ça. D’Alain Souchon à Dominique A, que de belles âmes. J’ai ouvert mon esprit pour cet album. J’ai contacté une asso’ et je me suis intéressé à leur travail, j’ai participé au festival du Chant Des Colibris, c’était super inspirant. J’aime m’entourer d’artistes dont je soutiens le travail. Ce pantalon que je porte aujourd’hui a été conçu par une amie qui recycle de vieilles toiles de tentes. Encore une histoire de renaissance.

Comment s’est déroulée la composition de l’album ?

Musicalement, l’album a été composé par ma personne dans son entièreté. Pour ce qui est des textes, j’ai voulu donner de ma personne. Regain est un album beaucoup plus personnel que son prédécesseur. J’aime l’idée d’échanger avec les gens, j’aime confronter différents points de vue et allier les forces. J’ai voulu travailler avec des artistes authentiques tels que Ours et Pierre Souchon qui m’ont aidé à écrire deux belles chansons (Caractère, Il y a Quelque Chose sur La Lune). J’ai aussi écrit avec mon voisin de palier, Rye Chet, une chanson qui s’appelle Siffler. Il y a eu sur le disque le hasard d’un texte écrit sur un piano en l’espace de cinq minutes. Cette chanson s’appelle Traverser l’Hiver.

Si l’on ne devait retenir qu’une chanson pour caractériser l’album ?

Une chanson en particulier ? Courbes et Lacets a une pulse assez souple mais intense qui met en relief un son aquatique, presque élastique. C’est une chanson que j’ai écrite (ainsi que deux autres) avec le très talentueux Bastien Lallement.

Que peut te souhaiter la France pour la suite ?

Pour l’avenir, je suis confiant, il se dessinera tout seul. Je ferais en sorte qu’il ne s’éloigne pas trop. Dans un futur proche, j’aimerais vivre une belle tournée, pleine de saveurs, de belles énergies, de puissance, d’amour et de joie.

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Écrit par: Laura Guillemin

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