HZ RADIO hz radio
Ça faisait deux mois, que mes oreilles n’étaient pas tombées sur un album à distribuer des calottes et il a fallu que ça tombe sur un type de la constellation NON. En plus, c’est déjà son deuxième coup du genre. GAIKA, on en avait parlé rapidement dans les plaisirs coupables de l’année dernière et plus récemment pour présenter Bohdy Knows At 90; Machine un album qui sort d’on ne sait où, d’un Soundcloud ou d’ailleurs, un titre dans la compilation de NON et là Security, deuxième album, deuxième baffe. GAIKA définit sa musique comme ça : « Expanding and exploding the ideas of what contemporary black British music is. » Une musique british black contemporaine, genre ok.
Pas de tartinade politique sur les nécessaires questions de racisation ou de post-colonial studies, il me semble que la description se suffit dans un monde où la tyrannie du normé se fait de plus en plus présente et où le fascisme délétère de la société de consommation enjoint quotidiennement à adopter tel ou tel comportement jusque que dans notre plus intime. Décoloniser tout disent des slogans sur certaines banderoles en ce moment, effectivement, il serait temps.
Bon alors concrètement on est où dans cet album? On dirait la croisée des chemins entre musique électronique monstrueuse, dancehall, hip-hop, grime, trip hop et musique expé. Ça n’est pas sans faire penser à une sorte de croisement queer et bizarre entre les dernières productions de Roots Manuva et Skepta. Ça donne un album plutôt obscur, pas dans la grisaille mais dans la bizarrerie. Sans doute que ça pourrait correspondre à un concept de « queerness » mais une sorte de « queerness » plongée dans une dystopie futuriste.
Encore une fois, il s’agit d’un album comme un manifeste, un album qui se propose d’explorer une sorte de sensible, celui d’une peur omniprésente de la mort, une peur qui conduirait à un sentiment d’insécurité et de paralysie, à une sorte de repli et de retrait du sensible, justement. Tout retour au sensible est à saluer, ça pourrait presque faire un programme politique. Imaginez un peu ça, la constellation NON aux commandes d’un retour du sensible, de l’intempestif et du manifeste queer. Ça aurait une certaine gueule. En tout cas Security confirme allègrement tout le bien qu’on pensait de GAIKA et on a déjà très hâte du troisième opus.
La politique du sensible contre la tyrannie du normé qui se masque dans des questions de libération, voilà qui encore une fois fait mouche. L’élan devient vital comme diraient certains et GAIKA en est plutôt plein.
GAIKA – Security (Mixpak, 16 avril 2016)
01. Security (feat. Fallacy And Gretz)
02. GKZ
03. Buta (feat. Serocee And Miss Red)
04. PMVD (feat. Mista Silva)
05. Knuckleduster (feat. Trigga)
06. Keith Richards
07. World Star (feat Bipolar Sunshine)
08. Last Dance At The Baby Grand (feat. August+Us)
09. In Between
10. White Picket Fences (feat. 6Cib)
Écrit par: Aurèle Nourisson
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
Hartzine the indie music webzine since 2007
Commentaires d’articles (0)