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Artiste ou non, il est toujours une partie de soi mieux racontée, mieux déclinée ailleurs. Une scène filmée, un passage écrit, une mélodie qui nous ressemble. Cela peut entraîner une émotion forte, nous procurer un sentiment satisfaisant de connivence mais aussi nous déstabiliser. C’est en approfondissant l’œuvre d’Elliott Smith que Nick Talbot a mis en doute son engagement, sa carrière et son art comme il nous l’avait livré il y a plus d’un an (lire). À la suite du divin Flashlight Seasons qui est, à mon sens, l’une des merveilles de la dernière décennie, Gravenhurst a fourni trois albums et un EP d’une qualité exceptionnelle même si ses virages post-rock ou noisy n’ont pas été appréciés de tous. Son avant‑dernier LP, The Western Lands, album pourtant infiniment riche qui mérite des visites régulières, a donc marqué l’ouverture de cette parenthèse dubitative surlignée par l’angoisse de la page blanche. Cette remise en question nécessaire a donné naissance à The Ghost In Daylight. Si, comme moi, vous êtes tombés amoureux de l’artiste en 2004 dès les premières notes de Tunnels qui ouvrait Flashlight Seasons, vous serez sensibles à la plupart des morceaux de ce dernier disque. Comme sur ledit album de référence, les arrangements se voient ici majoritairement dépouillés à l’image d’In Miniature, The Ghost Of Saint Paul étrenné l’année dernière lors d’une tournée acoustique, des perles Three Fires, Fitzrovia ou The Foundry. Tous ces titres sont réussis évidemment et nous replongent dans un délicieux passé. Alors que Nick nous avouait sans hésitation, lors de l’interview de 2010, se sentir davantage guitariste que chanteur, il est à nouveau difficile de ne pas tomber en pâmoison devant cette voix vulnérable divine sur laquelle la réussite repose en grande partie même si son instrument fétiche et les sons en général sont utilisés ici encore avec intelligence. Mais attribuer à ce recueil uniquement une ambition nostalgique serait sous‑estimer The Ghost In Daylight ainsi que les grandes qualités d’auteur‑compositeur et d’arrangeur de Nick Talbot. Il ne faut d’ailleurs pas plus que l’entrée en matière cyclique de Circadian pour que l’enchantement opère directement. Il est amplifié par la splendeur redondante du single The Prize, un Gravenhurst grand cru, tiré délicieusement en longueur et qui échappe avec douce insolence à la hype actuelle. Gravenhurst aime les belles ritournelles et le prouve avec quelques tours de Carousel et surtout avec l’OVNI Islands, pièce longue et envoûtante dédiée à la regrettée Trish Keenan, qui montre définitivement que Nick est en parfaite mutation et n’est absolument pas dans une passe contemplative de son vécu glorieux.
Whether one is an artist or not, there is always a part of oneself that is better described or translated somewhere else. A filmed scene, a written passage or a melody that resembles us. Although this can lead to a strong emotion and a satisfactory feeling of complicity, it can also destabilize us. By listening deeper to Elliott Smith’s work, Nick Talbot called into question his commitment, his career and his art, as he told us more than a year ago (interview). Following the divine Flashlight Seasons, that in my opinion is one of the wonders of the past decade, Gravenhurst released three albums and an EP of exquisite quality, even if its post rock or noisy moods have not always been appreciated by all. The last LP, The Western Lands, infinitely full of riches and definitely worth regular visits, opened a doubtful parenthesis highlighted by the white page syndrome. This necessary questioning led to The Ghost In Daylight. If, like I did, you fell in love with the artist in 2004 from the first notes of Flashlight Seasons’ opening track Tunnels, you will appreciate most of the songs of this last record. As on the said reference album, the arrangements are largely sober like on In Miniature, The Ghost Of Saint Paul that was introduced to us last year during an acoustic tour, and the marvelous Three Fires, Fitzrovia and The Foundry. All titles are obviously highly successful and get us into a delightful past. While Nick confessed without hesitation to feeling more like a guitarist than a singer, it is hard not to swoon at this divine and fragile voice on which his success largely depends, even if his favourite instrument and all The Ghost In Daylight sonorities are once more sensibly used. But attributing only a nostalgic purpose to this album would seriously underestimate its value as well as Nick Talbot’s great qualities as a songwriter and arranger. The magic happens as soon as the cyclic introduction of Circadian fills the room with delightful sounds. This feeling is amplified by the redundant splendour of the single The Prize, a Gravenhurst Grand Cru, a beautifully long-drawn-out song that proudly swims against the current. Gravenhurst proves his love for sound loops with a few Carousel turns and especially with the UFO Islands, a long and haunting piece dedicated to the late Trish Keenan, which shows that Nick is going through a perfect phase of change and is definitely not contemplating his glorious past.
Gravenhurst – The Ghost In Daylight (Warp, 2012)
1. Circadian
2. The Prize
3. Fitzrovia
4. In Miniature
5. (Carousel Interlude)
6. Islands
7. The Foundry
8. Peacock
9. The Ghost Of Saint Paul
10. Three Fires
Écrit par: Calogero
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
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