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Guided by Voices – Let’s Go Eat the Factory

today28/01/2012 47

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Quels sont les points communs entre Paul Scholes, Robbie Keane et Robet Pollard ? Des noms en carton pour des trombines pas très glamour ayant, de leur savoureuse emprunte houblonnée, marqué les années quatre-vingt-dix… Oui, mais encore… Des retours au bercail tonitruant en ce début d’année 2012, après une brève mais regrettée absence ? Voilà, bien vu. Qu’il s’agisse du red devil de rouquin, du villains d’Irlandais, ou de l’ancien instituteur de Dayton aux presque mille morceaux dans la besace, la donne est invariable : regagner ses pénates se meut en véritable cure de jouvence dont les bienfaits emportent une large et immodérée adhésion. Et si scorer d’entrée contre Bolton ou Wolverhampton ne relève pas non plus de l’exploit pour ces légendes discrètes du football british, quoi de plus revigorant que d’entendre s’ébrouer, sur le récent Let’s Go Eat the Factory (Fire Records), les reformés Guided by Voices dans leur line-up originel. Celui d’avant 1996. Revigorant, parce qu’une palanquée de retours et resucées – aussi bien sur les rectangles verts que dans les salles de concerts – finit par plomber le moral, quand bien même la carrière solitaire de Robert Pollard est aussi pléthorique qu’inégale. Et si l’enthousiasme des retrouvailles a ses conséquences – leur tournée en mai étant annulée… du fait de l’enregistrement d’un nouvel album dans la foulée, Class Clown Spots A UFO – et ses permanences – Let’s Go Eat the Factory faisant état d’un vingtaine de morceaux dépassant très rarement les deux minutes – la logorrhée pollardienne retrouve ses fastes d’antan, nichée à mi-chemin entre ébauches dépenaillées et sommets stylistiques, lumineusement atteints par le passé sur Bee Thousand (Scat, 1994) et Under the Bushes, Under the Stars (Matador, 1996).

Avec seize albums et une trentaine d’EP ou singles, Guided by Voices avoine presque sans relâche depuis 1986 sa verve lo-fi, et ce dans le creuset d’un songwriting déroutant, concassant la moindre mélodie au marteau-pilon de l’urgence. Le plus souvent saisies à brûle-pourpoint via un quatre-pistes éculé, Robert Pollard et son groupe polymorphe dégoisent un déluge de compositions pétries d’influences post-punk, garage ou psychédéliques, esquissant par là-même – à la manière d’un Jad Fair (lire) tout aussi boulimique – les oripeaux d’un mythe qu’ils s’interdiront toujours d’incarner. Spontanéité et immédiateté président ici les destinées d’un indie rock débarrassé d’idoles, où, comme il en retourne pour Yo La Tengo, le charisme ploie sous une authenticité sans fard. Let’s Go Eat the Factory, s’il tire un trait entre deux époques, ne déroge pas à la règle et expose – malgré un soin tout particulier apporté à la cohérence de l’album, les morceaux coulant à merveille d’une plage à l’autre – cette perpétuelle tension entre émulation et frustration, la profusion insinuant l’éparpillement quand la célérité créé la privation. Seulement émaillé de quelques délébiles arguties – trempées d’eau de rose (Who Invented the Sun, Old Bones) ou vautrées dans le gras (Imperial Racehorsing) – l’album recèle de ce que GBV a toujours su faire de mieux, entre comètes crépitantes de distorsion (Laundry and Lasers, God Loves Us, Either Nelson), constellations fugaces mais mémorables (The Head, My Europa, Chocolate Boy), et pluies d’étoiles au timbre mélancolique (Doughnut for a Snowman, Hang Mr. Kite). Et si Waves ou We Won’t Apologize for the Human Race indiquent par leurs arrangements châtiés que les nineties procèdent d’un autre siècle, Let’s Go Eat the Factory s’intime tel véritable exutoire pour l’adepte doublé d’un réel supplice pour le novice. A moins pour ce dernier de remonter le temps. Un temps où Cantona était roi et Paul Scholes l’un de ses condisciples mancuniens.

Audio

01. The Head
02. Doughnut For A Snowman

Tracklisting

Guided By Voices – Let’s Go Eat The Factory (Fire Records, janvier 2012)

01. Laundry And Lasers
02. The Head
03. Doughnut For A Snowman
04. Spiderfighter
05. Hang Mr. Kite
06. God Loves Us
07. The Unsinkable Fats Domino
08. Who Invented The Sun
09. The Big Hat And Toy Show
10. Imperial Racehorsing
11. How I Met My Mother
12. Wave
13. My Europa
14. Chocolate Boy
15. The Things That Never Need
16. Either Nelson
17. Cyclone Utilities (Remember Your Birthday)
18. Old Bones
19. Go Rolling Home
20. The Room Taking Shape
21. We Won’t Apologize For The Human Race

Écrit par: Thibault

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