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Il faut se rendre à l’évidence : les réseaux sociaux sont devenus aujourd’hui aussi indispensables qu’haïssables. La vrai (r)évolution d’Internet se trouve assurément au cœur de ces lieux de partage qui ont fait évoluer notre soif de connaissance et de découverte de la recherche personnelle et intimiste à l’échange sans limite avec autrui. Pour ne parler que du quatrième Art, utilisés de manière constructive et intelligente dans ce domaine artistique, ils sont les vecteurs les plus rapides et pragmatiques nous permettant d’alimenter notre boulimie constante en matière de musique. Mais force est de constater qu’ils ont également favorisé l’émergence de la critique « facile », celle qui ne se nourrit de rien sinon d’un simple ressentiment, cette fameuse aptitude à juger une œuvre au gré de ses humeurs et de son égo décidant de sacrifier toute forme d’objectivité et de recul sur l’Autel de l’immédiateté. Ah, ces fameux défenseurs du « bon goût »… cette notion derrière laquelle ces esthètes de lard se réfugient afin de tout légitimer… et donc par adéquation ne rien argumenter.
La découverte de l’album inaugural et éponyme des Canadiens de Wish sorti sur l’excellent label Hand Drawn Dracula permettrait sans aucun doute d’assouvir les pulsions de ces chroniqueurs en gerbe. En effet, ici, point de simulacre tant les références à Deerhunter sont clairement assumées, l’inspiration de ce premier essai oscillant en majeure partie entre les mélodies envoûtantes de Microcastle et l’aridité de Monomania. Cependant, ami hater qui confond trop souvent cynisme et trait d’esprit, ne te hâte pas trop vite de crier au pompage merdique après avoir écouté distraitement les deux premiers morceaux de ce disque aussi rafraîchissant qu’enthousiasmant. Car en effet, si le groupe de Bradford Cox avait eu le génie de raviver les fantômes de Neu!, allant contre toutes tendances et aspirations du moment, la formation de Toronto, quant à elle, possède le talent suffisant pour rendre hommage à son glorieux modèle sans pour autant tomber dans la surenchère ou la pâle copie.
Photos © Scarlett Rose
Si l’introductif The Days, immense clin d’œil à  Cover Me Slowly, morceau d’ouverture de Microcastle, plante rapidement le décor, la suite démontre cependant que Wish possède bien d’autres arguments à mettre en valeur. Tout d’abord la faculté d’écrire des morceaux au format plus traditionnel pouvant légitimement s’octroyer le titre de tubes potentiels, en témoignent Nothing To Say ou encore All The Time avec leurs airs de classiques à l’attachante indolence sous couvert d’imparables mélodies… du Yuck en mieux, en somme. Et quand il s’agit de varier les plaisirs avec intelligence et à -propos, ce sont d’autres invités de marque qui s’invitent à la table de ce festin sonore. Slacker qui l’air de rien revisite le versant contemporain de la discographie de Sonic Youth, moins bruitiste et plus mélodique, tel qu’il avait éclaté au grand jour au travers de Rather Ripped avant que Waiting On aux aspirations sensorielles aussi douces que suaves contrebalancées par des breaks agressifs et un final d’une rare intensité nous ramène à Deerhunter. Autres réussites de cet essai qui joue donc la carte de la rupture dans la continuité, Unknows, aux fines touches psychédéliques, porté par une basse sous tension qui lorgnerait presque du côté de Spacemen 3, Retro Grade, n’hésitant pas à réduire quelque peu la vitesse afin de nous embarquer dans une lancinante et obsédante virée nocturne, ou encore l’énorme instrumental Frances In Space, course effrénée de pas moins de cinq minutes dont on sort difficilement indemne. Au final, trente-sept minutes de pure délectation sonore par l’entremise de compositions d’une efficacité redoutable alliant classicisme et audace, que demander de plus ?
Après la claque reçue l’année dernière avec Beliefs, Hand Drawn Dracula enfonce ainsi de fort belle manière le clou par l’intermédiaire de Wish. Il serait particulièrement dommageable que cette formation n’accède pas à un peu plus de reconnaissance. Puisse cette humble chronique faire en sorte d’attirer l’attention de quelques curieux, non pas dépositaires de la bien pensée moralisatrice et réactionnaire mais d’une certaine forme d’ouverture d’esprit constructive, susceptibles de relayer l’intérêt qu’indéniablement cette formation mérite qu’on lui porte. En toute logique, c’est bien évidemment tout le mal qu’on lui souhaite.
Wish – Wish (Hand Drawn Dracula, 2014)
1. The Days
2. Nothing To Say
3. Slacker
4. Retro Grade
5. Frances In Space
6. All The Time
7. Waiting On
8. Unknows
9. Only Wondering
Écrit par: Eric
Deerhunter Hand Drawn Dracula Wish
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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